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4.3.3. El Pueblo de los Muertos


Ce village funéraire est un groupe de Chullpas accrochés à une vertigineuse falaise, non loin de Lamud, dans la vallée du Río Utcubamba.

Le lieu a été malheureusement fort
dégradé par les aléas du temps et par les huaqueros (- les pilleurs de tombes - qui n'ont pas épargné ce site), depuis son abandon, il y a près de 500 ans minimum. Cependant, les restes donnent une bonne idée de ce que pouvait être le site à l'origine et permet de se rendre compte de l'environnement démesuré dans lequel il s'insérait et quels moyen les Chachapoyas utilisaient pour installer leurs défunts dans les lieux les plus improbables.
La vallée de l'Utcubamba à sa confluence avec le Río Conche. On surplombe de près de 1100 mètres le fond de celle-ci. Au fond, à 9 km, coule l'une des plus hautes chutes du monde, la Catarata Gocta avec ses 771 mètres.
[Page réalisée le 5 Novembre 2011 et ajoutée le 13 Novembre 2011]
L'accès au site se fait par le haut le plateau, par un étroit sentier qui descend, puis longe le flanc de coteau en culminant de sept-cents à huit-cents mètres le fond de la vallée.
L'arrivée au village des morts. Le chemin se distingue à peine. Le village est littéralement accroché à la falaise.
El pueblo del Muertos dans son écrin.
Chullpas accrochées à la falaise.
Vestige de mur où l'on peut remarquer sa composition.
Reste d'une chullpa. On note l'existence de deux niches ainsi que, semble-t-il, d'un ancien passage muré (mais le fait qu'il soit enduit à l'intérieur indique qu'il devait y en avoir une seconde).
Restes de chullpas éventrées et corniche à demi écroulées.
Chullpas les mieux conservées et corniches. Pour y accéder, il faut marcher sur ces corniches qui ont plus de 500 ans d'âge (et en prime, il faut grimper le petit muret. Dessous : plus de 50 mètres en à pic, et la rivière qui coule à 700 mètres plus bas ! . Personnes sujettes au vertige, s'abstenir !).
Chullpas accrochées à la falaise.
Les chullpas sont de plans semi-circulaires, accolées à la paroi rocheuse et rappellent la forme des habitats chachapoyas, traditionnellement circulaires. La ressemblance ne s'arrête pas là puisque la plupart ont des fenêtres, comme si on aurait voulu reconstituer des maisons... Un village... Le village des morts.
Ces chullpas abritaient probablement des personnes hautes placées (dans tous les sens du terme !).

Elles ont été réalisées sur une
terrasse naturelle, de faible profondeur, qui a été, d'une part, creusée et, d'autre part, agrandie sur l'extérieur par une structure en porte à faux réalisée de simples pierres, système ingénieux et "osé", qui a permis aux Chachapoyas de s'étendre dans le vide.

Par ailleurs, les matériaux extraits de la paroi ont servi à construire les porte-à-faux ainsi que les chullpas, ce qui a permis de parer au problème de transport des matériaux.

L'accès au site se faisait sans aucun doute par l'une des extrémités de la corniche, qui se prolonge de part et d'autres du site (chemin actuel ?), même si cela a dû demandé quelques aménagements.
Les chullpas ont été réalisées en pierre qui ont été taillées quasi parrallélépipédiquement.
Une
boue argileuse ocrée sert de liant.
C'est à base de cette même boue qu'un
enduit a été réalisé pour recouvrir les murs. On note la présence de petites pierres dans celui-ci.
Les corniches ont été réalisées de la même manière : les pierres sont parallélépipédiques et une sorte de boue argileuse ocré lie le tout en comblant les vides, stabilisant le tout. Cela a dû être un véritable défi et non sans danger pour monter ces corniches, à plusieurs centaines de mètres de hauteur, dans le vide, pour gagner un mètre de large, sur le vide.

Malheureusement, certaines corniches se sont
effondrées, ainsi que des pans de chullpas (surtout à l'extrémité Nord, où il ne reste plus que quelques pans - voir photos ci-dessus). Cependant, les dégâts de l'ensemble restent à relativiser au vu des plus de 500 années d'abandon, du passage de pillards, d'un assemblage sans mortier et d'une région soumise à de puissantes secousses sismiques, ce qui témoigne du savoir-faire et de l'ingéniosité des Chachapoyas.

Aujourd'hui le parcours est assez
acrobatique, et vertigineux, le tout à 700 mètres au-dessus du fond de la vallée et à plus de 50 mètres en à-pic.
Chullpas avec chemin les longeant.
Chullpas avec chemin les longeant.
Intérieur d'une chullpas (le chemin est juste derrière le muret).
Symbole assimilé au serpent. On note, à droite, la présence de deux fenêtres.
Croix grecque.
La chullpa avec le chemin devant.
Une autre chullpa, avec un mortier.
Un mortier.
Deux atres mortiers, de différentes tailles.
Ossements.
Les emplacement des purunmachus dans la falaise.
L'environnement immédiat des purunmachus.
Les purunmachus au sein du rocher.
Dans certaines chullpas, des signes ont été réalisés.

On peut noter le plus répandu qui est le
zig-zag. Il serait la représentation du serpent, son culte étant pratiqué dans la région, à l'époque. Sa mue évoquerait le renouvellement de la vie, ce qui pourrait expliquer sa présence ici, la mort n'étant qu'une étape de la vie, pour plusieurs cultures andines (d'où la nécessité de garder le corps intact et de faire des offrandes).

On note d'autres symboles, comme la
croix grecque, qui est mal connue (peut-être une relation avec le monde guerrier, lui-même lié à la protection des cultures).
A l'intérieur étaient jadis disposés la momie, ainsi que diverses offrandes qu'avait besoin le défunt pour son autre vie. Malheureusement, tout a été pillé depuis des siècles, a été volé, le reste, soumis aux intempéries et ayant été dispersé, a disparu.

Cependant, il reste quelques
mortiers en pierre (pièces trop lourdes à emporter et qui ne devait pas posséder une assez grande valeur marchande, pour les huaqueros). On trouve aussi ci-et-là, quelques ossements.
Plus loin, sur la même falaise, et visible du village du village des morts, ont été réalisés des purunmachus (sarcophages anthropomorphes réalisés en boue argileuse), toujours sur des terrasses, sans doute retravaillées par les Chachapoyas.
Ces dernières offrent un surplomb rocheux, protégeant les sarcophages des intempéries.

Ceux-ci semblent avoir été épargnés par les pilleurs de tombes, le lieu étant particulièrement difficile d'accès.
Pour y accéder, les Chachapoyas ont dû s'aider des corniches naturelles qui prolongent ces terrasses.