___________________________________________________________________________________________

© 2004-2011 www.troglos.com
- EECCA::H - Exploration et Etude des Cavités Creusées ou Aménagées par l'Homme -


Tous droits réservés.
L'ensemble du site ainsi que son contenu (textes, photographies, images, documents, schémas, etc.) sont soumis aux droits d'auteur.
Toute reproduction, représentation, ou diffusion totale ou partielle sont strictement interdites sans autorisation écrite de l'auteur.
- Les sarcophages (purunmachus) de Carajía, Chipuric, Petuen, Guan, Ucaso, Karaya, Etc. :

Ces sarcophages anthropomorphes sont situés à une cinquantaine de kilomètres au Nord-Est de Chachapoyas.
Dans les environs de Carajía, ce sont pas moins de 250 sarcophages anthropomorphes réalisés en boue séchée qui ont été découverts à flanc de montagne.
Ceux-ci sont placés debout, mesurent jusqu'à 2m50 de hauteur et sont regroupés en petits groupes et logés dans des anfractuosités.


-
El pueblo de los Muertos :

C'est un village funéraire composé de chullpas semi-circulaires accrochées à une vertigineuse falaise du Río Utcubamba, au Nord-Ouest de Cajamarca.


Ces deux derniers sites sont développés dans les deux pages suivantes.

Bien d'autres sites existent, par ailleurs, il existe aussi des grottes, souvent tout autant difficile d'accès, qui ont été aménagées et utilisées comme lieux de sépultures.
4.3.1. Les sépultures Chachapoyas

Chachapoyas

"Chachapoyas" désigne à la fois une province du département Amazonas, au Pérou, la capitale de ce même département, une civilisation et la langue de cette population, aujourd'hui disparue.

Les Chachapoyas se sont développés dans le
Nord du Pérou, sur le versant Est des Andes, dans une zone enserrée entre les ríos Marañón et Huallaga, à cheval sur les régions d'Amazonas, de La Libertad et de San Martín. La ville Chachapoyas, l'une des premières villes fondée par les Espagnoles sur le continent, est la ville la plus importante située sur ce territoire.

Cette civilisation a existé
de 700 après J.-C ,environ, à 1470, date de la première conquête Inca. Cependant, les Chachapoyas se soumirent très difficilement aux Incas, ce qui fait que leur culture se prolongea, fondue dans les apports incas.

La culture Chachapoyas est assez diversifiée : elle est en réalité formée d'une multitude de cultures/populations avec des caractéristiques qui leur sont propres, dont les ressemblances font que les spécialistes regroupent au sein de la civilisation Chachapoyas.

"On définit généralement par « chachapoya », [...] un ensemble de populations, organisées en curacazgos, qui partageaient de nombreux traits culturels dans leur architecture, dans leur iconographie architecturale, dans les formes et décorations des céramiques, mais avaient des schémas funéraires différents". [O. Fabre, 2008 « Carpona, site funéraire chachapoya et inca » Archeologia, n° 453, pp. 50-57].
L'aire de la culture Chachapoyas avec l'emplacement de la ville de Chachapoyas, fondée par les Espagnols, sur la carte du Pérou.
L'aire géographique

L'aire géographique de cette civilisation se caractérise par un
paysage de forêts d'altitude établies sur un relief accidenté.
Les
montagnes jeunes et de formation calcaire, offrent aux eaux de pluie un terrain très favorable à l'érosion. Celle-ci présente donc un taux d'incision important, formant de profondes vallées en V ou en U. Plusieurs de ces vallées possèdent des vestiges importants de la civilisation Chachapoyas (comme celle du Río Utcubamba, par exemple).
Cette topographie très accidentée en fait un territoire particulièrement difficile d'accès.

Le climat est de forme
tropical modéré. Souvent la brume ou les nuages enveloppent les montagnes, ce qui a donné le nom à ce peuple : Chachapoya signifiant littéralement "peuple des nuages", "Chacha étant l’appellation de la population à l’origine du nom de la tradition ; puyu signifiant « nuage » en quechua.". [O. Fabre, 2008 « Carpona, site funéraire chachapoya et inca » Archeologia, n° 453, pp. 50-57].

Cependant, les attributs géographiques sont assez variables d'un point à l'autre, en fonction du relief, de l'altitude, du climat, dicté entre autres par les vents dominants, créant ainsi de multiples micro-environnements.
Plan avec le relief de la région [source : googlemaps] L'altitude moyenne va de 2000 à 2500 m.s.n.m. au Nord et 3000-3500 m.s.n.m. au Sud, avec des fonds de vallées qui descendent jusqu'à 1600 m.s.n.m. et avec une multitude de sommets qui atteignent plus de 4000 m.s.n.m. au Sud
La civilisation Chachapoyas est extrêmement mal connue, les archéologues ayant principalement centré leur travail sur d'autres cultures, plus importantes, comme les Incas, et la forêt d'altitude ainsi que la difficulté des moyens de communication étant de véritables freins. Ce n'est que depuis quelques dizaines d'années, seulement, que cette culture et ses vestiges sont véritablement étudiés. Des sites importants sont régulièrement mis à jour.


Les sites funéraires Chachapoyas

Nous allons nous attacher aux sépultures Chachapoyas, qui sont surprenantes par leur forme et par leur emplacement.

Comme la plupart des peuples andins, les Chachapoyas traitaient le corps des morts avec une attention particulière et pratiquaient l'
embaumement.
Les organes étaient retirés par l'anus (pour les hommes) ou par le vagin (pour les femmes), ensuite étaient appliqués les onguents. Des boules de cotons étaient placés dans les joues afin qu'elles restent gonflées, ainsi que dans le nez
Les
momies ont les genoux repliés, leur donnant presque l'apparence d'une position foetale, les doigts attachés entre eux et les mains levées vers la tête.
^ Momies Chachapoyas en position foetale
- [eduportal.com.pe]










< Momie Chachapoyas où l'on voit bien les
- doigts liés. [www-tierra-inca-com]
Les Chachapoyas ont su utiliser les vertigineuses falaises bordant les vallées très encaissées, et en particulier leurs anfractuosités (naturelles et parfois agrandies), à des fins funéraires.

En effet, après avoir été embaumé, les défunts étaient placés dans des
purunmachus : sarcophages anthropomorphiques de boue séchée ou des chullpas, qui sont de petits mausolées de plan semi-circulaire ou rectangulaire, adossées à la paroi, isolés ou en petits groupes (on trouve des chullpas - traditionnellement circulaires- dans différentes zones au Pérou, comme par exemple autour du lac Titicaca, réalisés par les Aymaras, pour des dignitaires, mais ces dernières sont érigées sur terrain plat).
Par ailleurs, dans ces Chullpas et ces purunmachus étaient aussi déposées des
offrandes, comme des poteries, des sculptures, des étoffes, des quipus (cordes à nœuds servant de calcul et d'écriture, que l'on n'a toujours pas réussi à déchiffrer à ce jour), des os, des colliers, etc., selon les sites, qui accompagnaient le défunt.

La typologie des tombes varient selon les lieux, ainsi, au Nord de l'aire d'implantation Chachapoyas, les chullpas sont plutôt semi-circulaires, alors que vers Leimebamba, elles prennent la forme de petites maisons carrées (Revash ou Diablo Huasi, par exemple).
Purunmachus dans la profonde vallée du Río Utcubamba.
- Les Maisons funéraires de Revash :

Ce site funéraire domine la rive gauche de vallée de Santo Tomás, à proximité la vallée d'Alto Uctumbamba, à 2800 m d'altitude, à une soixantaine de kilomètres au sud de la ville de Chachapoyas, à proximité du village de Yerbabuena exactement.
Les maisons sont accrochées à la falaise, dans des anfractuosités et organisées en petits groupes.
Elles sont peintes en rouge et crème et sont ornées de motifs (félins, lamas, personnages, motifs géométriques). Les parois sont, quant à elles, ornées de peintres rupestres. Celles-ci abritaient des momies de la haute société.
Deux groupes sont visibles et aujourd'hui accessibles par un petit chemin escarpé (2h de marche). D'autres groupes ponctuent la vallée et sont parfois situées à des hauteurs vertigineuses.


- Tombes de
Boveda, de la Petaca et de Diablo Huasi :

Ce sont des mausolées ancrés dans les falaises, situés à proximité de Tajopampa (proximité relative puisque le seul moyen d'accès est la marche ou bien le dos de mule ou de cheval et il faut compter la journée pour faire l'aller et retour).
Plans et élévation de dept chullpas de la Laguna de los Cóndores
[Adriana von Hagen -http://museoleymebamba.org]
Principaux sites

La région compte une multitude de sites. Voici les plus remarquables -par leur importance, leur richesse ou par leur état de conservation (rappelons qu'ils sont abandonnés depuis au moins 500 ans) et de ce fait, les plus connus.
Certaines momies sont dans un état parfait de conservation, ce qui est étonnant, compte rendu de l'humidité de l'air de la région

Malheureusement, malgré leur difficulté d'accès, beaucoup de sites ont fait les frais, depuis des siècles, des huaqueros (pilleurs de tombes) qui espéraient trouver quelques trésors, détruisant ainsi purunmachus, chullpas et leur contenu, ainsi que les témoignages archéologiques qu'ils apportaient. Aujourd'hui les archéologues se lancent dans une course contre-la-montre pour étudier et sauver ce qui reste intact.
La momification n'était pas la seule chose à faire pour conserver le corps pour l'éternité -en théorie-, l'enfermement dans des chullpas et des purunmachus ainsi que la localisation de ces derniers leur offrait aussi une bonne protection.
Leur
hauteur, leur positionnement aux endroits les plus escarpés et la destruction de l'accès emprunté, permettaient incontestablement une protection contre les pillages et contre les diverses détériorations.
La disposition dans des
anfractuosités naturelles ou agrandies à main d'homme, et les promontoires qui les surplombaient, protégeaient les fragiles chullpas et purunmachus de la pluie, leur permettant de traverser les siècles.

La hauteur a probablement aussi une part de symbolique : elle permet de
donner une certaine importance aux sépultures, et peut-être assimilée à une protection des ancêtres sur les vivants (les purunmachus, par exemple, ayant tous le visage tourné vers la vallée).

Ces lieux,
difficiles d'accès, tant par le fait qu'ils soient des coins reculés, qu'ils soient en hauteur et quasi inaccessibles, souvent connus des seuls locaux, ont souvent été mis à jour par les spécialistes au milieu, voire à la fin du 20ème siècle.
Chullpas de plans semi-circulaires dans la vallée du Río Utcubamba.
Principaux sites archéologiques de la culture Chachapoyas [plan extrait de Museo Mallki à Leimebamba]
- Les momies de la Laguna de los Cóndores :

Ce site, situé au Sud de Leimebamba (à une dizaine d'heures de marche ! ) a été "découvert" (par les scientifiques) en 1996 et étudié par l'archéologue péruvien Federico Kauffmann Doig.

La lagune est située à 3300mètres d'altitude environ, et la nécropole est perchée à mi-hauteur de la falaise, sur des corniches naturelles et est composée de petits mausolées funéraires "chullpas" de plans rectangulaires et accolées à la paroi, organisés en petits groupes (18), dans lesquelles ont été découvertes près de 280 momies.

La découverte a été fort médiatisée, et pour faire face aux risques de pillages, il a été décidé de transporter les momies jusqu'au village de Leimebamba (à dos de mule, puisque c'était le seul moyen !).
Elles sont aujourd'hui exposées au "Museo Mallki" (site internet : http://museoleymebamba.org), situé à Leimebamba, créé à l'occasion, avec certains des objets que ces chullpas contenaient.
(K. Kauffman souhaitait que ces momies soient laissées en place, mais il en a été décidé autrement afin de les protéger des éventuels pillages).
Revash [Photo : EspeleoKandil]
Diablo Huasi [Photo : EspeleoKandil]
[Dossier réalisé du 2 au 4 Novembre 2011 et mis en ligne le 13 Novembre 2011]
Liens utiles :

Les pages sur les expéditions réalisées dans la région Chachapoyas par le groupe EspeleoKandil http://www.espeleokandil.org/expediciones/peru/portada.htm
Ce groupe peut aussi vous mettre en contact avec des
guides spéléos locaux pour l'accès à certains sites déjà équipés (attention : une petite accoutumance à l'altitude est nécessaire pour certains sites, car faire de la marche sur de longues distances plus de la progression sur corde à parfois 4000 mètres d'altitude...).

El
museo de Leymebamba : http://museoleymebamba.org/kentikafe.htm
::::::::::