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4.5.2. L'aqueduc de Cumbe Mayo
Un autre élément essentiel du site est un aqueduc situé au fond d'un val traversant le complexe de Cumbe Mayo.
D'une longueur de 9 kilomètres, il permettait de capter l'eau de la montagne pour en alimenter la vallée où est actuellement située la ville de Cajamarca.
Cet ingénieux système permettait aux habitants de la vallée de dériver l'eau qui coulait sur le versant opposé pour l'amener vers le versant où ceux-ci étaient implantés (pour l'anecdote, le versant opposé fait partie du bassin pacifique, et le versant où l'eau est amenée fait partie du bassin altantique), l'eau étant une clé de leur développement.
Cet aqueduc daterait de 1000 ou 1500 avant Jésus Christ.
Par ailleurs, le nom de Cumbe Mayo aurait comme origine la présence de cet aqueduc, le quechua "kumpi mayu" signifiant "voie d'eau bien construite", et "humpi mayo", "rivière étroite".
[Dossier réalisé les 8 et 9 Novembre 2011 et mis en ligne le 13 Novembre 2011]
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Blocs monolithiques situé dans le secteur 'la Toma" près de la prise d'eau. Le bloc sculpté est orné de quelques pétroglyphes. et devait avoir une grande importance religieuse.
Les trois parties de l'aqueduc :
Les 9 km de l'aqueduc sont habituellement décomposés en 3 parties.
# Côté ouest de la Cordillère des Andes :
+ Première partie : Construction dans le roc : 850 m.
Commence à la prise d'eau à 3 513 m d'altitude. Ce tronçon a été creusé dans la roche volcanique. Ses dimensions varient de 35 à 50 cm de large et 30 à 65 de profondeur. Afin de ralentir l'eau, les constructions ont des sections en forme de zigzags.
+ Deuxième partie : Construction dans la pente : 2 600 m. Cette partie commence à partir de la fin du tracé creusé dans le roc la roche pour atteindre la crête et la ligne continentale de partage des eaux (Pacifque - Atlantique), à environ 3 350 mètres d'altitude.
Longueur totale compris entre la prise et la crête : 3 450 m.
# Côté Est des Andes :
+ Troisième partie : Parcours entre la crête et le réservoir de Cajamarca : 5 650 m .
Cette partie descend par la quebrada (ravin) San Vicente en passant par Relingo pour atteindre le lieu appelé Agua Tapada, où au moyen d'un canal parfaitement élaboré dans la roche, l'aqueduc traverse la route entre el Cumbe et Cajamarca, conduisant à un réservoir dont les dimensions sont de 25x35 mètres et qui se trouve au pied du Cerro Santa Apolonia, à environ 500 m au sud-ouest de l'ancien colegio San Ramon. Cette partie de l'aqueduc a été fort dégradée par le temps.
Longueur totale : 9 100 m.
Nous allons nous attacher uniquement à la première partie, qui est creusé dans la roche, et qui traverse le sanctuaire de Cumbemayo.

Par ailleurs, son parcours alterne entre courtes sections linéaires et chicanes ou zigzags anguleux, ces derniers ayant pour but de ralentir l'eau, afin, semble-t-il, de limiter l'érosion de l'aqueduc.
Les dimensions des sections de l'aqueduc dans la roche varient entre 35 et 50 cm de large et entre 30 à 65 cm de profondeur.
De plus, sa taille est étonnante par sa finesse. : les parois sont travaillées, lisses, droites et ne présentent aucune irrégularité.
L'aqueduc comporte également de nombreux pétroglyphes. Ceux-ci avaient probablement des fonctions symboliques.



Cet aqueduc est la preuve de l’ingéniosité des civilisations pré-incas dans la maîtrise de l'eau, qui était un des éléments les plus précieux dans ce milieu aride, et sans laquelle la plupart des civilisation andines n'auraient pas pu voir le jour. Il est aussi un témoin de leurs croyances qui ne sont jamais loin de ce dont la vie tire sa source.
Cet aqueduc a été redécouvert en 1937. Il a été étudié par l'archéologue Julio Cesar Tello la même année, qui a remis à jour des portions de cet aqueduc. En 1947, il fait l'objet d'études et d'une description complète de la part de George Petersen, dont les résultats ont été publiés en 1967.
Pour plus d'informations, je vous invite à consulter l'ouvrage suivant, qui décrit cet aqueduc et les éléments voisins sur 50 pages :
Arqueología de Cajamarca : expedición al Marañón, 1937, par Julio Cesar Tello, publié en 2004, pp 229 - 279 acueducto megalítico de Kumbe Mayo. (en espagnol et tirage à 800 exemplaires).


Par ailleurs, son parcours est jalonné de plusieurs autels de pierres ou pierres sacrées dédiés vraisemblablement au culte de l'eau.
Description de la partie de l'aqueduc passant au sanctuaire de Cumbe Mayo :
Cette portion de l'aqueduc est en grande partie taillée dans la roche volcanique de la montagne.
Son parcours est assez étonnant : les hommes ont creusé le sol rocheux, bien sûr, mais aussi des blocs de rochers ponctuant la montagne, ils ont aussi creusé sous d'autres blocs.
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On peut remarquer des restes d'architectures. Le canal a creusé son cours.
Bloc monolithe. Il fait partie d'une structure architectonique religieuse utilisée par le complexe de Cumbo Mayo.
Des zigzags destinés à ralentir l'eau.
Le même zigzag vu de l'autre sens.
Après une petite ligne droite, un autre angle, passant sous un rocher en équilibre, cette fois.
L'aqueduc sous ce rocher, vu de l'aval vers l'amont. A remarquer la manière dont la roche a été taillée sous le rocher.
Ce même rocher, vu de l'aval. Des gros blocs semblent ne pas avoir perturbé le tracé rectiligne de cette portion d'aqueduc : en effet, ceux-ci ont été taillés. En fait, le fait que l'aqueduc soit taillé dans des blocs de rocher assure une certaine pérénité à celui-ci ainsi qu'une étanchéité.
Un bloc utilisé pour faire une chicane.
Une autre chicane (vue de l'amont vers l'aval).
Les blocs ont été utilisés pour réaliser ces chicanes car ceux-ci résistent bien à l'érosion.
L'eau ayant ralentie, elle n'érode moins les parties plus fragiles, situées en aval.
Cette même chicane vue de l'aval vers l'amont.
Plus loin, l'aqueduc passe à nouveau sous un bloc de roche. A droite, on aperçoit un ancien tracé de l'aqueduc.
Sous le rocher, en regardant vers l'amont. A noter l'ancien tracé, à gauche.
Le même rocher, vu de l'aval. Celui-ci fait partie d'un chaos (blocs de rochers dégagés par l'érosion - parfois tombés de la montagne).
La "piedra del sacrificio" : la pierre dite du sacrifice.
Un pont sur lequel passe l'aqueduc.
Sous ce pont, la rivière où l'aqueduc s'alimente, plus en amont. A sec lors de la prise de vue. L'aqueduc longe cette rivière seulement quelques centaines de mètres après sa prise.
Vue de l'amont vers l'aval (la photo est trompeuse !). Le canal a été creusé dans le roc, et un "trottoir" réalisé dans la pierre qui a été nivelée à cet effet.
Vue de l'aval vers l'amont : l'aqueduc passe sous un autre bloc de roche.
Croix sans doute réalisées par les Epagnols.
L'aqueduc passe plus loin dans un gros bloc. A remarquer qu'il est beaucoup plus large qu'en amont. A remarquer aussi les cotés maçonnés de l'aqueduc au premer plan.
Aqueduc dans un autre chaos. A remarquer l'escalier avec ses marches taillées dans le rocher, à l'arrière plan. Le rocher au premier plan est orné de nombreux pétroglyphes.
Représentation complexe d'iconographie religieuse associée au canal. Le style est typique du Formativo de Cajamarca des alentours de 300 ans av. J.C..
Un autre escalier taillé dans le roc.
La croix andine associée à un autre symbole religieux typique de l'époque dite "formativo".
Zigzag (vue de l'amont vers l'aval). La paroi située en arrière plan comporte de nombreux pétroglyphes.
Les pétroglyphes complexes (et malheureusement détériorés) réalisés sur le zigzag ci-dessus (n'hésitez pas à cliquer pour zoomer !).