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2.1.7.b. Sur les traces de Décure et de l'origine de ses sculptures...


Etant donné que nous ne savons pas grand-chose au sujet de Décure, attachons-nous à ce que nous savons de lui pour mieux comprendre le personnage, ce qu'il a pu vivre, où il a pu aller et, ainsi, mieux cerner son oeuvre.
Selon les différentes sources,
Décure se serait engagé dans l'armée en 1756 et aurait participé à la conquête de l'île de Minorque, où il aurait été fait prisonnier à Port Mahon.

Quittons alors Paris et ses carrières, pour l'Espagne, sur l'île de Minorque très exactement, et remontons le temps de quelques 260 années...

Nous ne trouverons sans doute pas notre très cher et très estimé Décure, mais nous comprendrons certainement mieux ce qu'il s'est passé là-bas, trente ans avant qu'il commence à réaliser ses sculptures dans une carrière à Paris et nous saisirons probablement davantage ses fameuses sculptures.


Plan du chapitre :

1 -
[ Minorque, Mahón et San Felip ]
2 -
[ Attaque de l'île de Minorque par la France ]
3 -
[ Après la conquête ]
4 -
[ La captivité de Décure ]
5 -
[ Décure après la conquête de Minorque ]
6 -
[ Le Médaillon de Vétérance ou Médaillon des deux Epées ]
7 - [ Ce qui est représenté : identification des éléments ]
7 a -
[ Port (S) Philippe ]
7 b -
[ Quartier de Cazerne ]
7 c -
[ Port-Mahon côté Sud ]
8 -
[ Conclusion ]
Pour aller plus loin

Documents suivants : « Port-Mahon-sous-Seine », par Luc Bucherie, p.155-204 in : « Actes du XIIIe Colloque International de Glyptographie de Venise – 1-5 juillet 2002 » (© Centre International de Recherches Glyptographiques - 2003). [actuellement sur demande]




[dossier réalisé en Février et en Octobre 2011 et mis en ligne le 1er Novembre 2011]
Prise de Port-Mahon, à Minorque le 20 mai 1756 - Martin Jean-Baptiste, le Jeune (1700-1778).
On aperçoit les fortifications du faubourg de Saint Philippe, au fond, le fort Saint Philippe. Tout au fond, les bateaux et la bataille navale. Ceux-ci, en réalité devait être peu ou pas visible, puisque le combat se déroulait à environ 25 kilomètres des côtes.
Décure après la conquête de Minorque....

Les 12 000 à 20 000 hommes de l'armée française ne sont sans doute pas tous restés sur l'île, d'autant que d'autres combats ont eu lieu dans le monde. Qu'en est-il de Décure ?

Il y a 4 solutions :
- Décure reste sur l'île, comme y sont sans doute restées quelques troupes, afin de protéger l'île. Cette durée ne pourra être qu'au maximum 7 ans, puisque les Français seront contraints de rendre l'île aux Anglais à la fin de la guerre de 7 ans.
- Il participe à d'autres combats, dans d'autres endroits dans le monde.
- Il rentre en France et continue son travail dans l'armée dans à l'intérieur du pays ou aux frontières.
- Il regagne la vie civile.

Cela suscite de nombreuses interrogations
sur les différents parcours que peut avoir eu ce personnage. Cependant, il semble avoir été très marqué par Mahon : Est-ce sa première expérience ? La seule ? La plus éprouvante ? La dernière ? La plus belle victoire ? Ou existe-t-il d'autres sculptures en d'autres endroits, mais l'histoire et le hasard a fait qu'on a seulement retenu "Port Mahon" ? Ou bien ces sculptures ne représentent pas seulement Mahón ?

A ce stade, aucun élément ne permet de mentionner l'un plutôt qu'un autre parcours, mais cela permet d'émettre seulement quelques hypothèses.

On ne sait pas non plus ce qu'il a fait entre 1756 (prise de Minorque) et 1777 (premières sculptures).

Lors de la prise de Minorque en 1956, il devait avoir entre 18 et 40 ans (environ). Nous pouvons donc en déduire qu'en 1777, lorsqu'il est rentré à l'IGC et qu'il a commencé ses sculptures, il avait entre 40 et 60 ans, et qu'il avait entre 45 et 65 ans lorsqu'il est mort en 1782.
Carte topographique de l'Isle Minorque dédiée et présentée au Roy par le Chevalier de Beaurain, Géographe ord. du Roy et communiquée au Public parl es héritiers de Koman en l'an 1757.
Attaque de l'île de Minorque par la France :

Les faits suivants sont, pour la plupart, tirés des ouvrages suivants :
- Correspondance particulière et historique du Maréchal Duc de Richelieu, en 1756 1757 et 1758 avec M. Paris du Verney, conseiller d'Etat ; suivies de Mémoires relatifs à l'expédition de Minorque, en 1756 et précédée d'une notice historique sur la Vie du Maréchal, tome second, publié en 1789
[noté [*] ;
- Histoire d'Angleterre, depuis le traite d'Aix-la-Chapelle en 1748 jusqu'au traité de Paris en 1863, volume 1,  par Jean-Baptiste Targe, Tobias George Smollett, David Hume, 1768, Londres
[noté [**] ;
- et du projet sur la guerre de 7 ans (1756-1763) du site /www.kronoskaf.com/
[noté [***].

Le 10 avril 1756, la flotte de bateaux part de Toulon. Il y a 12 (ou 13) vaisseaux de ligne, 5 frégates (ou 4), 166 navires de transport et 6 grandes chaloupes. [*]. Il y aurait de 12 000 à 15 000 hommes [selon les historiens].
Cette flotte est commandée par l'amiral de La Galissonière, qui est accompagné du duc de Richelieu (Arrière-petit-neveu du cardinal de Richelieu et filleul de Louis XIV), et est composée de la fine fleur de la
noblesse française de l'époque (on y compte 3 princes, 7 comtes, 11 marquis et de nombreux vicomtes et barons).
Mahón est située dans une profonde baie, ce qui lui confère une bonne protection ainsi qu'à son port. La ville est située sur le versant d'une colline, en haut d'une falaise et est fortifiée d'une ceinture de remparts.
Extrait du plan de Minorque et de Gibraltar dressé par le géographe Le Rouge, 1756, 47,6 x 66cm.
On aperçoit Mahon, à droite, et le fort à gauche.
Ce fort est un fort étoilé, de style Vauban. Il a été construit à l'emplacement d'une forteresse, par les Espagnols, puis agrandi par les Anglais, après leur conquête.

Le fort Saint Philippe comprend deux autres petits forts avancés :
le fort Saint-Charles situé en avancée vers la mer et le fort Marlborough (parfois orthographié improprement Malbrough, sur certaines cartes), situé de l'autre côté d'une petite crique s'enfonçant profondément dans les terres (la Calle saint Etienne / la Cala de San Estevan), ainsi que de nombreuses défenses (redoutes). Le tout est relié par des galeries souterraines. Aujourd'hui, ne subsistent de ce fort, seulement quelques ruines, ainsi que les souterrains et le fort Marlborough qui peuvent se visiter.
Il était considéré à l'époque comme l'
un des forts les plus élaborés possédés par les Britaniques, et l'un des plus imprenables de Méditerranée, mais les Anglais étaient, en 1756, lors de la prise de l'île par les Français, en sous-effectif.
En contrebas, dans la baie située entre le fort Saint Philippe et le fort Marlborough, il semblerait qu'il y eût un petit port.
Le fort Saint-Philippe en 1756, tel que l'ont fortifié les Anglais [Extrait du Plano de la villa y Puerto de Mahón y fuerte de San Phelipe en la isla de Minorca Mahón (Menorca)) Planos 1706 y 1756 - source : biblioteca digital hispanica].
[A noter aussi que, hormis les souterrains du fort Saint Philippe, l'île de Minorque possède un patrimoine souterrain important : on y compte des maisons troglodytiques, il y a aussi les carrières de marès, un grès poreux. Celles-ci sont présentes en plusieurs endroits sur l'île, de manière souterraine ou à ciel ouvert. Dans l'une de ces carrières souterraines, entre la commune de Mahon et l'emplacement du fort Saint Philippe, s'est installé le Museu de Robadones, un musée maritime, une ré-exploitation assez inattendue du site ! Une autre carrière (à ciel ouvert, cette fois) où les fronts de tailles mesurent plusieurs dizaines de mètres de hauteur et sont composés de traces de blocs découpés de manière extrêmement régulière, a été mis en valeur par l'association Lithica, d'ailleurs fondée par Laëtitia Lara, une Française, elle se visite et accueille des manifestations comme des concerts près de Ciutadella : ce sont les pedreres de S'Hostal. Mais revenons en 1756...]


Lors de la prise de Minorque par les Anglais et c'est encore le cas en 1756, l'Espagne est alliée avec la France ; les Français, en guerre contre les Anglais,
craignent alors pour leur propre sécurité, car la position des Anglais leur permet de surveiller les côtes de Provence, en plus, vers 1754 à 1756, l'Angleterre est accusé d'attaquer des bateaux marchands français en Méditerranée.

En 1756, la France va alors attaquer Minorque, par surprise. Pour les Espagnols, cette île n'est pas une priorité et ayant à faire ailleurs, ces derniers n'interviendront pas.
Plan des souterrains du fort Saint Philippe, édité vers 1757.
Reconstitution 3D du fort [source : site du musée militaire de Minorque -www.museomilitarmenorca.com]
Vue du Fort Saint Philippe (dessin extrait de la Carte topographique de l'Isle Minorque dédiée et présentée au Roy par le Chevalier de Beaurain, Editée en 1757).
Le fort Saint Philippe vu des hauteurs de la Mola.
Vue de la ville de Mahon, avec ses remparts (dessin extrait de la Carte topographique de l'Isle Minorque dédiée et présentée au Roy par le Chevalier de Beaurain, Editée en 1757).
Le 19 mai, des bateaux anglais (dirigés par l'amiral Byng) sont aperçus par la flotte française, des renforts étant venu d'Angleterre, et le 20 mai, une bataille navale a lieu, (à 6 lieux de l'ile, environ 25km, sur l'île, des coups sont entendus dans le lointain, les militaires présents sur l'île ne l'apprendront que le lendemain), le 25 la flotte anglaise se replie à Gibraltar, espérant pouvoir faire des réparations et revenir.[*]
Le 18 avril à 16h, une grande partie de la flotte débarque entre Ciutadella (l'ancienne capitale de l'île) et Cap Bajoli (une partie ayant subi du retard ou ayant dérivé arrivera quelques jours plus tard sur l'île).
Ils ne rencontrent aucune résistance.
La citadelle est abandonnée, les Anglais, ayant sans doute vu les voiles à l'horizon, se sont retirés au fort Saint-Philippe (en dégradant les chemins, coupant les ponts pour retarder leur progression) et les habitants accueillent les Français comme des libérateurs. [*]

Le débarquement se poursuit les deux jours suivants (les 19 et 20 avril). L'armée marche ensuite vers la ville de Mahón, située de l'autre côté de l'île, à une quarantaine de kilomètres. [*]

Le
22 avril, les Français* entrent à Mahón, où ils trouvent la ville libre de soldats, ceux-ci s'étant réfugiés dans le fort, à l'exception d'un détachement qui est resté à Raval, au pied (sous le feu) du fort. A Mahón aussi les Français sont accueillis en libérateurs. [*]
(*) Plus précisément un bataillon de pointe ; la force principale de Richelieu, composée de 22 bataillons arriveront le lendemain (un bataillon a été laissé à Ciutadella, un autre à Formels, et rappelons-le, un bataillon et trois compagnies ont été retardées en mer) [***]

Le
23 avril, les Français laissent fuir les quelques navires de guerre anglais se trouvant dans le port et y trouvent aussi 10 navires marchands français capturés par ceux-ci et retenus prisonniers depuis 5 mois. [*]

P
endant ce temps, des navires de transport vont au port de Formel, au Nord de l'île et acheminent marchandises de ce port et de Ciutadella vers Mahón par voie terrestre,[*] l'île ne possédant pas de moyens de transport adaptés, les Français sont contraints de fabriquer d'en fabriquer, ce qui retarde l'acheminement du matériel et donc le siège. [***]
(les autres bateaux transportant des hommes partis de Toulon qui n'ont pas débarqués à Ciutadella, car retardés, arrivent au port de Formel)
[*]

Le
24 avril : l'amiral de la Galissonière arrive à l'Est de l'île et jette l'ancre en face du fort de Saint Philippe (mais arrive trop tard pour intercepter les bateaux anglais, qui vont pouvoir aller chercher du renfort à Gibraltar). [***]

Le
23 avril , débute aussi le siège de la citadelle Saint Philippe (San Felip) : des camps sont construits et les batteries pour l'artillerie commencent à être installées. [*] L'artillerie, quant à elle arrivera début Mai. [***]
[selon** les Français s'installent d'abord sur la péninsule de la Mola, plus élevée et dominant ainsi le Fort.]

Le
9 Mai [*], Les Français investissent le faubourg de Saint-Philippe et font sortir les soldats anglais qui s'y trouvaient.
Le terrain de l'île est dur et très difficile à creuser. Les maisons qui logeaient les soldats anglais et leur famille permettent aux Français de loger leurs batteries derrière et d'être ainsi à portée du fort tout en étant protégés, les rues servant de tranchées et les murs de maisons de protection.
[*]
Cette ville aurait dû être détruite pour empêcher cela, mais les Anglais n'ont eu le temps de détruire seulement quelques maisons, à la hâte
[**]

Autour du 10 Mai, les Français commencent à tirer [le 8, selon *, le 4 depuis la Mola et le 12 depuis le faubourg Saint Philippe selon ***], cela durera près d'un mois et demi. Les Anglais sont 3000 dans le fort. [*]
Départ de la flotte française pour l'expédition de Port-Mahon dans l'île de Minorque le 10 avril 1756 - Nicolas Ozanne (1728-1811).
Plan du fort Philippe avec les attaques, levé par les Ingénieurs depuis le siège.
Un autre plan du fort avec les attaques françaises réalisé par Tomás López en 1781.
Après la conquête :

Les Français prennent alors possession d'une des portes, du Fort Charles, de la redoute de Malborough, les
Anglais restent dans les autres ouvrages jusqu'au 7 juillet avant d'embarquer et de quitter l'ile
[**].

L'amiral La Galissonière rentra à Toulon le 18 Juillet.

Cette bataille de Minorque marque le début de la guerre de 7 ans, entre les grands empires coloniaux.
La France s'est illustrée dans cette bataille, qui sera largement fêtée en France, mais qui a été un véritable
coup dur pour les Anglais.
D'ailleurs, l'Angleterre, sera à la recherche d'un coupable : l'Amiral Byng sera jugé responsable de la défaite anglaise et exécuté, sur le pont de son propre navire amiral, pour ne pas avoir fait "tout son possible" (d'après les laws of war) pour empêcher Minorque de tomber aux mains des Français (rapellons-le, il s'était replié à Gilbratar afin de faire réparer ses bateaux qui avaient subi des dégâts importants et pour chercher du renfort).

Les Français vont alors
occuper l'île pendant 7 ans, jusqu'au traité de Paris en 1763 où il devront la restituer à la Grande-Bretagne. L'Espagne la récupérera en 1782, après un long siège.

Au final, la France perdra cette guerre et de nombreuses colonies, au profit des Anglais, mais cette bataille est une de leur fierté, car il s'agit d'une de leur plus belle victoire. Certes, l'île sera rendue aux Anglais, mais en échange de la Guyane que les Anglais auront pris aux Français.
Mahón et l'accès à son port sont protégés par un fort, situé à l'entrée de cette baie, à quatre kilomètres : c'est le fort San Felip (Saint Philippe).
Profil du Fort Saint Philippe en 1756 [Extrait du Plano de la villa y Puerto de Mahón y fuerte de San Phelipe en la isla de Minorca Mahón (Menorca)) Planos 1706 y 1756 - source : biblioteca digital hispanica].
Seconde vuë de l'Isle Minorque et d'une partie de la ville et du Port Mahon
Fontaine dessinateur - Leizelt, Balthazar Friedrich graveur, 1770.
Détail du fort avec l'hôpital neuf (en S) [extrait de : Plano de la Fortaleza de San Felipe en la Ysla de Menorca San Felipe (Menorca). Fortificaciones 1730-1756 Juan de Aguirre].
Castell de Sant Felip, Anton Schranz, 1793-1800, Museo de Menorca.
1- L'hypothèse de la caserne située en France

La plupart des toits des bâtiments de l'île ne sont pas si pentus et sont traditionnellement recouverts de tuiles-canal, ou sont des toits-terrasses. Cependant, le toit étant composé de morceaux de pierre à part et non de la roche de la paroi, et celui-ci n'apparaissant pas sur certaines photos, on peut imaginer qu'il ait été refait (voire qu'il n'y en avait pas). Ou alors comme Décure ayant fait cela d'après des souvenirs, des dizaines d'années après, il aurait pu transposer avec des toits se trouvant en France !
Les colonnes et tout le décorum font plus ressembler à des bâtiments français ou continentaux espagnol qu'à des bâtiments de l'île. J'ai pensé, dans un premier temps, à la possibilité qu'il puisse tout aussi bien s'agir d'un bâtiment, d'une caserne située en France (une caserne où aurait été attaché Décure).

Cependant, avec une observation minutieuse des plans de Mahon et du fort, ainsi que des tableaux de l'époque, on s'aperçoit que trois bâtiments ressemblent à celui de la sculpture, sur le plan ou sur vue.


2- Le bâtiment de l'Île de la Quarantaine

Il s'agit du bâtiment de l'île de la quarantaine, où les bateaux provenant de certaines régions devaient s'arrêter afin de s'assurer que les passagers étaient sains pour éviter tout apport de maladies contagieuses.
Ce bâtiment, d'après certaines descriptions, possédait
deux étages : le rez-de-chaussée était utilisé pour la marchandise, le premier étage, pour les voyageurs. Cependant, bien que l'île se nomme "Ile de la Quarantaine" en 1756, les bâtiments ne sont pas représentés sur les plans contemporains de la conquête de l'île. Il a été construit après (peut-être l'année suivante, par les Français, comme 20 ans après, donc, si Décure a été présent sur l'île juste pour la conquête, il n'a guère pu le voir, s'il est resté ensuite, rien ne certifie qu'il a pu effectivement pu le connaître).
L'interprétation et la recherche des éléments utilisés comme inspiration de cette sculpture se révèlent beaucoup plus hasardeuses que les deux premières, car cette dernière a été plusieurs fois mutilée et restaurée. De plus, rien ne dit que la première représentation parvenue jusqu'à nous, une gravure de Sears, réalisée d'après un dessin de Traviès et parue dans les Musées des familles en juin 1835, et que le cliché de Nadar, pris en 1860 (ci-dessus), soient effectivement conformes à la sculpture telle que l'avait réalisée Décure.


1- Les fortifications de la ville de Mahón ou du faubourg Saint Philippe

Les éléments de
fortifications pourraient être, à première vue, celles du faubourg Saint Philippe ou celles de la ville de Mahón.
Par ailleurs, la
double rampe d'accès rappelle les escaliers d'honneur ou les escaliers ou les rampes d'ornement des jardins de certains châteaux. Elle n'apparaît sur aucune vue et sur aucun plan de la ville ou du faubourg Saint Philippe de l'époque. De plus, cette double rampe n'a aucune raison d'être située devant des murailles qui sont des éléments à caractère défensif ! Cependant, rien ne dit que les fortifications étaient à cet emplacement à l'origine de la sculpture !

Il pourrait s'agir d'une
interprétation personnelle de ces lieux, d'une entrée de la ville volontairement idéalisée, en donnant un côté grandiose à la place, peut être en assemblant plusieurs bribes de souvenirs.(des remparts, deux chemins qui mène à une porte située légèrement en hauteur, chemins transformés par Décure en double rampe)
Par ailleurs, lorsqu'on voit les ressemblances, dans l'aspect général, des autres sculptures avec des éléments existants, on ne peut que se demander si cet élément n'aurait pas réellement existé, tout en émettant d'autres hypothèses qui expliqueraient la présence de cette double rampe devant ces murailles.


2- Et si la double rampe n'était pas une double rampe ? L'hypothèse d'une redoute ou du fort Marlborough

On peut donc aussi émettre l'hypothèse que ces rampes pourraient ne pas être des rampes.
A force de lire et comparer des dizaines de plans de l'époque, des éléments attirent l'attention : ce sont les
redoutes du fort Saint-Philippe et en particulier le fort Marlborough. Les plans de ce dernier rappellent étrangement le plan de cette double rampe.
Comparaison.
Comparaison.
Sans oublier qu'en contrebas de ces remparts, se trouve le port.... Comme dans la sculpture de Décure, où se trouvait autrefois, un élément rappelant une coque de bateau.

Reste à comprendre pourquoi cet élément se nomme Port (S.) Philipe, alors que le Fort Saint Philippe se trouve bien plus loin.... Cependant, il y a bien la mention Port : Serait-ce une confusion ? Ce qui pourrait laisser à penser que Décure ne soit pas resté longtemps (seulement le temps du siège)... A moins que nom n'ait pas été gravé par lui-même, mais fait gravé par Guillaumot, d'où le triangle, que l'on retrouve également sur les plaques indiquant le numéro de confortation sous son inspectorat (voir la partie sur les travaux de l'IGC), et peut-être la confusion...
Cet hôpital est représenté sur un tableau. Il possède la même volumétrie, on dirait le même bâtiment, en plus sobre. La ressemblance de l'aspect général du Quartier de Cazerne de Décure est frappante.
"Vista des castillo de S. Felipe en la entrada del puerto de Mahon y su sitio. Año 1756". Giuseppe Chiesa.
Perspectiva del puerto de Mahon, con los cuarteles de Georgetown en la margen izquierdo.
Giuseppe Chiesa, 1773. (détail). Sur l'île, l'hôpital de la Marine.
Plans et élévations de l'hôpital de la Marine.
Plaque sculptée dans la galerie du Port-Mahon et deux versions du médaillon des deux épées [source des deux médaillons : http://www.fnepsa.fr/+Le-medaillon-de-veterance-ou+.html]
Ce médaillon a vu le jour en 1771. Le 16 avril une ordonnance est signée pour instituer une récompense aux militaires du rang (soldats, caporaux) et aux bas officiers (correspond aux sous-officiers aujourd'hui : sergent, sergent chef, adjudant, adjudant-chef, major) de l'armée de terre, après 24 ans de services dans l'armée. Ceux-ci recevront une paye plus importante ainsi que le médaillon de vétérance, représentant deux épées.
Le 26 Mai de la même année, l'attribution est étendue aux troupes de la maison du Roi et le 26 Décembre 1774, aux troupes de la marine.
Celui-ci était attribué lors d'une cérémonie solennelle. 
Le médaillon était double, au bout d'un service de 48 ans.

On peut donc en déduire que Décure a servi l'armée pendant 24 ans minimum et qu'il était un soldat ou un sous-officier.
D'après cet élément et si le médaillon n'a pas été remis de manière rétroactive aux anciens étant à la retraite depuis plusieurs années, Décure serait entré dans l'armée entre 1747 (date de la création du médaillon de vétérance : 1771 - 24 années de services) et 1753 (date l'entrée de Décure à l'IGC : 1777 - 24), sauf s'il a été dans l'armée, plus de 24 ans, au cas où il serait entré encore avant.
Dans tous les cas, il était donc au sein de l'armée depuis au minimum 3 ans, lors de la prise de Minorque.
3- L'hôpital de la Marine de l'Îsla del Rey

Le deuxième bâtiment est celui de l'hôpital de la Marine, situé sur l'Isla del Rey (île du Roi), non loin de l'Ile de la Quarantaine. On le voit notamment sur un tableau de Giuseppe Chiesa. Sa forme, bien que plus allongée rappelle vaguement le quartier de Cazerne de Décure.
Extrait du Plan de Port et ville de Mahon, du Fort Saint Philippe et ses Fortifications, dans Carte des Isles de Maiorque Minorque et Yvice, par T.C.Lottier en 1770 -qui semble avoir été réalisé à partir de celui de Le Rouge (1756)-, montrant le Fort et ses faubourgs avant la prise par les Français de 1756.
Cette tour pourrait aussi être l'un des moulins situés près du faubourg qu'on aperçoit notamment sur Prise de Port-Mahon, à Minorque le 20 mai 1756 - Martin Jean-Baptiste, le Jeune (1700-1778), ou l'une des tours de guet cylindriques ou côniques qui jalonnent l'île.

Mais plus vraisemblablement, elle pourrait être un
élément de fortification de la ville de Mahón : dans cette ville, on remarque des escaliers et des ouvertures en arc, comme sur la sculpture.

La ressemblance de cette sculpture avec des éléments de la vue suivante parle d'elle-même.
Extrait du plan de Minorque et Gilbratar de Le Rouge, 1956.
Extrait du plan exact du Port Mahon avec celui du fort Saint Philippe et de ses ouvrages extérieurs, auteur inconnu, 1782.
4- Le nouvel hôpital situé dans le fort Saint Philippe.

L'autre bâtiment est l'hôpital situé au sein même du fort. Celui-ci existe lors de la conquête de Minorque, puisqu'il est mentionné sur tous les plans de 1756.
Il est dénommé nouvel hôpital, voire hôpital Saint Etienne ou Hospital San Esteban, du nom de la baie qu'il surplombe.

Il s'agit d'un hôpital construit par les Anglais, probablement lors de l'agrandissement du fort. Il n'apparaît pas en 1706, deux ans avant la conquête britanique, mais il apparaît dans le cartouche du Plan du Port et de la ville de Mahon et de ses Forts sur la Carte des isles de Maiorque, Minorque et Yvice, réalisée par J. Covens et C. Mortier, en 1720.
Celui-ci a un plan caractéristique rappelant étrangement le plan du quartier de cazerne de Décure.
Cet hôpital a été fondé en 1711 par les Anglais pour soigner les marins blessés au combat. A ce propos, l'île était surnommée Bloody Island (= Île de sang), pendant les différentes périodes d'occupation Anglaise.

L'hôpital sur le tableau de Giuseppe est un bâtiment à deux étages, centré, dont le rez-de-chaussée de l'aile centrale est composée d'une rangée d'arcades. Le corps central est surmonté d'une petite tour, donnant de l'importance au monument. La ressemblance avec la sculpture de Décure n'est pas frappante, même s'il y a similarités. Mais le tableau est trompeur, car d'après les descriptions de l'époque, l'hôpital est en U, la cour ainsi formée abritant un jardin.
Un autre point est a éclaircir : L'hôpital était-il ainsi en 1756 ?

Quelques recherches ont permis d'éclaircir ce point :
L'hôpital a été fondé en 1711. Durant les premières années, son activité s'est exercée dans des bâtiments existants, réaménagés, loués pour l'occasion.
La construction d'un hôpital a été approuvée en 1715. Les descriptions font mention d'un bâtiment en forme de U. Mais la suite devient intéressante :
En 1771 la reconstruction et un agrandissement de l'hôpital est lancé, à l'initiative du gouverneur intérimaire de l'Île, le général Moystin. L'hôpital conserve sa forme en U, mais à cette époque un étage est ajouté.
(Je vous invite à consulter l'excellente publication El Hospital de la Isla del Rey del Puerto de Mahón, réalisée par los amigos de la Isla del Hospital, 300pages, en espagnol - document consultable sur demande).

C'est donc entre 1771 et 1776 qu'il prend 2 étages. Lors de la présence de Décure, il en avait qu'un.
Il ne peut donc pas être le bâtiment sculpté par Décure.

Des plans viennent confirmer cela.
Plano de la Isla del Hospital, 1763.
Tout le décorum (colonnes, tourelles, etc.) ne semble pas exister dans l'hôpital. Celui-ci a pu être ajouté, peut être inspiré par d'autres architectures de l'île ou même françaises.

Cela se tient, car si, Décure a bien été fait prisonnier, cela ne pouvant être que dans le fort, il aurait pu avoir une vue sur ce bâtiment. (reste à savoir où était la prison). De plus, une fois libre et occupant le fort, il a du voir quotidiennement cet hôpital.
"Episode de la guerre de Sept-Ans - Prise du fort Saint Philipe", Ferdinand Wachsmuth, 1837.
Le 29 mai les Français occupent le Fort Philippet, abandonné par les Anglais au début du siège.[*]

le 14 juin : les Anglais font une
sortie et chassent les Français de plusieurs de leurs batteries [***]

De l'artillerie et aussi des hommes arrivent de France en renfort au cours du siège.
[Selon * le 23 juin de l'artillerie arrive de France.[*]
** mentionne aussi un renfort d'hommes, portant ainsi à 22 000 hommes, sans en préciser la date - s'agissant de la version des Anglais, celle-ci peut être erronée et exagérée[**]
*** mentionne l'arrivée de renforts le 15 et 21 mai, et l'arrivée d'artillerie le 11 et 21 juin]

Le 27 juin : les Français pratiquent une brèche praticable à l'un des ravelins (élément de fortification ayant un plan en forme de flèche et placé à l'extérieur d'une place, entre deux bastions) et ont détruit une partie des défenses extérieures. La nuit suivante, l'assaut général est donné, les Français s'emparent de la redoute de la Reine et celle de l'Ouest [**].
The English Lion Dismember'd (Le Lion Anglais Démembré). Gravure anglaise de 1756 (auteur inconnu).
Grandes lignes de la capitulation énoncées dans le même ouvrage.
La captivité de Décure

Jusque là, il n'y a pas de trace de Décure, mais ce rappel historique a permis de comprendre cet épisode historique et de s'approcher du personnage.

Héricart de Thury a été le premier à mentionner sa supposée détention : "Décure se rappelant sa longue captivité dans les casemates des forts du Port Mahon (...)"[Description des catacombes de Paris,1815].


Quand ?

Aucune date n'est indiquée, mais nous pouvons arriver à la déterminer :
L'île était sous domination anglaise de 1708 à 1756, il y a alors peu de raisons pour que Décure ait été emprisonné à cette époque. Il aurait pu faire partie de l'équipage de ces navires marchands capturés par les Anglais entre 1754 et 1756, mais ceux-ci sont des civils et ont sont "seulement" retenu à quai, avec leurs bateaux.
Après 1763, il serait invraisemblable qu'il ait été emprisonné, car l'île a été rendue aux Anglais : il n'y a donc pas eu de bataille.

Entre 1756 et 1763, pendant l'occupation française, il est aussi peu probable qu'il y ait été prisonnier, car cela signifierait qu'il y aurait fait une grande faute, et cela lui aurait été préjudiciable pour le reste et n'aurait sans doute pas reçu le titre de Vétéran (à moins qu'il ait été prouvé plus tard qu'il était innocent).

Plus vraisemblablement, il aurait donc été fait
prisonnier lors de la prise de Minorque.

Le débarquement commence le 8 Avril, les Français arrivent à Mahon le 22 et aucun combat n'a lieu jusque autour du 10 Mai et les Anglais sont dans le fort Saint Philippe.
Il semble assez improbable que Décure ait été fait prisonnier lors de cette période.
Le 9, les Français, entrent dans le faubourg de Saint Philippe et ressortent les Anglais, rien ne l'affirme, mais Décure aurait pu être fait prisonnier à ce moment, de même le jour de la sortie des Anglais, le 14 Juin.

Revenons à la
capitulation : fait intéressant, en ce qui nous concerne, celle-ci mentionne la libération de prisonniers faits par les Anglais :
[article X de la capitulation] : "on reprendra de part et d'autre tous les prisonniers qui ont été faits pendant le siège ; ainsi les Français en rendant ceux qu'ils ont, il leur sera restitué les piquets, qui ont été pris en allant joindre l'escadre Française, le jour que parut l'Amiral Bing devant Mahon."

Décure ayant été fait prisonnier, selon la légende, faisait-il partie de ces hommes, pris le 19 mai (vue des bateaux ou le 20, début des combats), ou un autre ?
On ne note pas l'existence d'autres prisonniers dans cette capitulation. Mais cette même phrase écrite p.189 du second tome de la Correspondance particulière et historique du Maréchal Duc de Richelieu, laisse entendre qu'il y en aurait d'autres (?), même si ces hommes capturés sur cette chaloupe semble composer l'essentiel des prisonniers : "que l'on nous rendrait tous nos prisonniers, et particulièrement le piquet de cent cinquante hommes, pris sur la chaloupe que M. de Richelieu envoyait à M. de la Galissonière, lorsque l'escadre anglaise vint tenter de secourir la place".
Article 10 de la capitulation rapporté dans le second tome de la Correspondance particulière et historique du Maréchal Duc de Richelieu, 1789.
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Vues aériennes du fort Marlborough.
Au fond, la redoute Marlborough (extrait d'une illustration du plan "New and Accurate survey of the island of Minorca", de John Rocque, 1746 (BNF).
Extrait du Plan du fort St. Philippe à l'entrée du Port-Mahon, dans l'isle de Minorque (plan aquarellé),1756, BNF, où l'on a, en X, le fort Malborough.
Par ailleurs, un détail supplémentaire d'un plan de 1756, attire l'attention : il s'agit d'un élément situé à l'arrière du fort Marlborough et rappelant la fameuse double rampe, qui est sans doute un glacis. Il faut rappeler qu'à l'arrière de ce fort, se trouvait un accès à la mer, permettant de communiquer avec le fort Saint Philippe. C'est le seul plan à mentionner un tel dispositif. D'autres font mention d'un passage, sans doute une caponnière.
Aujourd'hui, les côtés extérieurs de la "rampe" de la sculpture n'apparaissent plus, le niveau du sol à l'extérieur est au niveau de la rampe. En 1835, sur la gravure de Sears, et en 1860, sur le cliché de Nadar, la "double rampe" était intégralement au-dessus du sol. Par ailleurs, l'escalier situé en son milieu n'existait pas. Elle avait beaucoup plus le profil d'une redoute qu'aujourd'hui.
Mieux : des
ouvertures apparaissent sous cet élément. Elles pourraient représenter des ouvertures pour accéder à cet élément de fortification.
Cependant, des éléments de cette "double rampe" sont placées parallèlement aux éléments de fortification crénelés, sur le cliché de Nadar (cela est moins évident sur la gravure de Sears), qui n'ont aucune raison d'être là, pour une redoute : étaient-ils à cet endroit à l'origine ou est-ce des éléments qui étaient placés à la tête de la redoute, qui ont été ensuite mis là, tout en nivelant le sol ?
La sculpture, plusieurs fois détériorée et restaurée, a pu être transformé en rampe, car c'est peut-être ce que voyaient ses restaurateurs dans les restes de la sculpture.

Le spectateur qui regarde la sculpture, pourrait alors regarder une redoute à partir de l'intérieur, vers l'extérieur.
Cependant, cette redoute ne possède pas de muraille derrière. Il y a bien un élément, un "couronnement".
Mais ce couronnement ne peut pas être plus haut que le fort lui-même : en effet, celui-ci est logiquement plus bas, permettant le tir du fort vers les attaquants.

Rien ne permet d'affirmer que ces murailles étaient effectivement là à la réalisation de ces sculptures : celles-ci pouvaient être placées ailleurs.

Ce fort existait bien, avec son couronnement, lors de la prise de Minorque : il est représenté ainsi sur les plans en 1782, en 1756 (sauf sur le Plan du Fort St Philippe et de ses environs. Situés à l'entrée du Port Mahon, dans l'Isle Minorque, Envoyés par Mgr le Maréchal Duc de Richelieu. Publié le 24 May 1756. A Paris, chez R.J. Julien à l'Hôtel de Soubise, sans doute parce qu'il a été levé par les Français avant/pendant le siège, la date de l'édition étant antérieure à la date de la prise du fort, et que ceux-ci n'avaient pas une bonne vision de l'ensemble).
Les plans antérieurs mentionnent aussi ce fort et son "couronnement" : c'est le cas, par exemple, de la carte des isles de Maiorque, Minorque et Yvice, de J.Covvens et C. Mortier, datée de 1720, et la carte "New and Accurate survey of the island of Minorca", de John Rocque, datée de 1746.

Pourquoi la forme d'une rampe ? Vu de contrebas ou de loin, c'est peut-être la forme qu'avait ce fort, la partie situé à l'avant devant être plus robuste pour résister aux assauts, le derrière étant moins exposé.
A ce sujet, une gravure, extraite du plan "New and Accurate survey of the island of Minorca" de John Rocque, réalisé en 1746, attire notre attention : le fort Marlborough est représenté ainsi.

On peut émettre l'hypothèse que Décure a pu voir ce fort de la prison où il était enfermé, car il était dans le même angle de vue que l'hôpital.

Il faudrait réussir à savoir où était précisément la prison, pour confirmer ou non cette hypothèse.

Il a aussi très bien pu voir ce fort, libre, vu du Fort Saint Philippe, ou même y être allé, libre, après la prise du fort.
Un autre détail de ce plan attire l'attention : il s'agit de points représentés au coeur de certaines redoutes.
La légende à laquelle la lettre se rapporte indique "verchiedene Cisternen oder Brunnen", soit des
citernes, des puits ou des fontaines !
Or, dans la sculpture de Décure, souvenez-vous, il y avait un trou, représentant vraisemblablement, un.... puits !
Ils permettent de conforter l'hypothèse -bien qu'hasardeuse- comme quoi la rampe de cette sculpture pourrait être en fait une redoute ou le fort Marlborough.
Malheureusement, le fort Marlborough est coupé sur le plan, et rien n'est mentionné. On peut supposer qu'il en possède aussi un, car il est impensable qu'un élément isolé et important comme celui-ci ne possède pas de point d'eau !
Extrait du Wahrer und Accurater Plan der Vestng Saint Philippe auf der Balearischen Ins. Mirorca, datant de 1756.
Extrait du Plan du Fort St Philippe, dans l'Isle de Minorque (1782).
Ils permettent aussi d'expliquer le second plan de la sculpture de Décure : les murailles, bien que ce soit hasardeux, car, rappelons-le, encore une fois, rien n'indique qu'elles étaient effectivement à cet emplacement, à l'origine.

- Si c'est la redoute située au Sud-Est, (le plan n'est pas orienté au Nord), les remparts, pourraient être ceux du
fort Saint-Charles. Les bâtiments au toit crénelés, situés derrière (qui ont été transformés en deuxième rangée de murailles au 20ème siècle), ceux du fort, et l'entrée, celle de ce fort.
Reste à comprendre pourquoi y a-t-il eu une adjonction de tours circulaires, alors que ce fort n'en comportait pas.

- Si c'est une des trois redoutes comportant un(e) de ces puits / fontaines / citernes situées au Nord à Sud-Ouest, les remparts situés derrière pourraient représenter ceux du
faubourg de Raval.
Le spectateur qui regarde ces sculptures ne serait donc pas devant les remparts, mais derrière ces remparts ! Les bâtiments situés derrière pourraient être la
maison du gouverneur, située à l'extérieur des fortifications.

Reste à comprendre aussi pourquoi, dans ce cas, des marches ont-elles été réalisées à l'avant de la sculpture. Est-ce pour symboliser un dénivelé ? Le coteau du fort Marlborough, par exemple ?

Bien sûr, cela ne reste que de simples hypothèses, au regard des éléments que l'on a à notre disposition.
Extrait du Wahrer und Accurater Plan der Vestng Saint Philippe auf der Balearischen Ins. Mirorca, datant de 1756. En rouge, l'emplacement des puits, fontaines ou citernes.
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Minorque, Mahón et San Felip.

Minorque est une des principales îles des Baléares.

En 1708, elle est prise aux Espagnols par la marine britannique. Ces derniers déplacent la
capitale de l'île, initialement située à Ciutadella (signifiant citadelle en Catalan) (Ciudadela en espagnol, Ciutadella en Catalan) à l'Ouest de l'Île, à Mahón, (Maó en catalan) à l'Est et y établissent leur base navale.
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Le 28 juin, les français occupent deux redoutes et sont en possession des communications souterraines, les défenses du fort sont en partie ruinées, le corps de place est endommagé, un cessez le feu est sonné pour ramasser les morts et retirer les blessés des deux côtés. Par ailleurs, les prisonniers français dirent aux Anglais que Richelieu serait relevé par M. de Bellifle s'ils ne prenaient pas la place au premier assaut et que le deuxième serait encore plus violent. [**]
Une majorité des officiers anglais votent pour une capitulation [**], les négociations en vue de cette capitulation se font entre les deux camps. [*][*]

Le
29 juin, la capitulation est signée.[*]
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Le médaillon de Vétérance ou Médaillon des deux épées.

Il s'agit du médaillon représenté sur la plaque qui a été sculptée à l'initiative de Guillaumot.
C'est une décoration du XVIIIème siècle qui était attribué aux personnes ayant fait
24 ans de service dans l'armée, qui portaient alors le titre de Vétéran.
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Quelle durée ?

Héricart de Thury, mentionne "sa longue captivité dans les casemates des forts du Port Mahon" et Emile Gérards nous parle de plusieurs années : "se rappelant ses années de captivité" [Paris souterrain, 1908].

Si Décure a bien été fait prisonnier lors de cette attaque, il aurait passé au maximum un peu moins de deux mois et demi prisonnier (à partir du 22 Avril, jour de l'arrivée des Français à Mahon), et plus vraisemblablement moins de 2 mois (jour de l'entrée à Raval et du début des combats) ou 6 semaines : du 19 ou 20 juin (capture des piquets) au 29 Juillet (date de la capitulation).

La durée mentionnée par Emile Gérards semble alors quelque peu exagérée, mais cela peut être facilement expliqué : être prisonnier n'est pas chose facile et quel que soit le temps passé, celui-ci doit paraître long : pas d'autres activités que regarder à travers les barreaux, s'il y a ; lendemain incertain : ne pas savoir quand il va retrouver la liberté, probablement le temps que son armée prenne le fort, en se demandant s'ils y arriveront...Ce qui peut paraître effectivement long... Le récit a pu très bien être ainsi déformé et exagéré au cours du temps : le temps qui parrait interminable se transformant en "plusieurs années".


Où ?

On peut supposer, quasiment avec certitude, que dans ce contexte, il a été prisonnier quelque part dans le Fort Saint Philippe, le seul endroit occupé par les Anglais lors de la prise de Minorque.
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Ce qui est représenté : identification des éléments.

Cette partie a pour but d'essayer d'identifier les éléments à partir desquels Décure s'est inspiré pour réaliser ses sculptures. Elle a nécessité de nombreuses recherches sur la représentation de la ville de Mahón et du fort Saint Philippe, que ça soit des cartes, des peintures ou des gravures. Heureusement, ces lieux ont été très représentés à cette époque et l'iconographie est extrêmement riche (même si ce n'est jamais assez) !
Le nom est celui du fort, la tour représentée pourrait être une des tours de fortifications du faubourg du fort Saint Philippe.
Le siège s'est fait à partir du faubourg du fort, il pourrait s'agir d'une de ses tours, une tour non détruite, une tour où Décure a pu être près. Deux tours apparaissent comme circulaires, il s'agit de la
Tour de la Reine et la Tour de San Diege. Il est aussi à noter que sur le cliché de Mesmin, vers 1900 , il apparaît en contrebas de la tour une coque de bateau, or ces deux tours sont situées non loin de la mer. La tour de la Reine surplombe, en plus, légèrement le petit port de la Calle Saint Etienne.
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Quartier de Cazerne :
Port (S) Philipe :

Port-Mahon côté Sud :
Par ailleurs, Luc Bucherie avance des éléments intéressants sur le personnage de Décure.

Mais, avant tout, rétablissons une (autre) erreur (petite mais lourde de conséquences !) remarquée dans sa publication : celui-ci indique que
"les Anglais ne firent pas de prisonniers pendant l'opération Minorque (...)", ce qui est faux, car comme nous l'avons indiqué dans ce dossier, la capitulation fait état de prisonniers (les piquets capturées sur une chaloupe que le Duc de Richelieu envoya à la Galissonière) !

Luc Bucherie pensait que la reconversion de Décure en carrier,
"faisait de lui un sapeur, un mineur, voire un ouvrier du détachement d'artillerie et du génie". Il a donc cherché de ce côté, d'abord, sans rien trouver, puis il a étendu ses recherches aux régiments qui sont restés sur l'île après la conquête, sans rien trouver non plus (sous réserve d'erreur : étant donné le nombre impressionnant de personnes, un nom peut être vite loupé !)
Cependant, une autre piste pourrait être envisagée : celle des
piquets ,qui allaient rejoindre la flotte en chaloupe, ceux qui ont été prisonniers, puisque selon la légende, Décure aurait été fait prisonnier.
Qui sont-ils ? Infanterie ? Artillerie ?

Par ailleurs, Luc Bucherie a dépouillé par erreur un régiment où un certain
Décuré Antoine a été trouvé (et non pas François comme il est mentionné dans plusieurs ouvrages, dont dans celui de Héricart de Thury). Celui-ci se serait engagé pour 6 ans en 1743, s'est réengagé pour 6 ans en 1750. On le retrouverait caporal en 1759 et en 1762, où sa trace serait perdue.
Même si Luc Bucherie relève de nombreuses incohérences dont le fait que le régiment auquel il appartenait (qui a plusieurs fois changé de nom, compliquant les choses), se semble pas être allé à Minorque !

A noter que le Décuré en question possède, en 1762 (l'année où Luc Bucherie a perdu sa trace), 19 années de service, s'il ne s'est pas interrompu. Ce qui est une honorable carrière. Il est caporal, donc il aurait été éligible à la médaille de vétérance s'il a fait 5 ans, ou plus, après la date où sa trace est perdue.
Luc Bucherie mentionne qu'en 1759, il a 36 ans. Il serait alors né en 1723 et se serait engagé à 20 ans
Si ce Décuré est notre Décure, il aurait donc 54 ans lors de son entrée et serait décédé à 59 ans.

Sinon, pour notre part, un épluchage des
archives de l'Etat Civil de Paris (actes de naissances, de mariages, de décès) n'a rien donné de concluant (sous le nom Décure, Décuré, Decure, Descuré, Descure*), même si l'on trouve le patronyme Décuré, et surtout Descuré au 19ème siècle, à Paris (peut-être sa descendance ?).

Par ailleurs, un certain François Decure a été trouvé : un Brûleur d'eau-de-vie à Château-Gontier (Mayenne), Marié avec Marie Ardrugé, avec qui il a eu (au moins) deux enfants : François Decure (né en 1762) et Anne Renée Decure (née en 1769). L'âge pourrait correspondre à notre Décure, mais le métier ne correspond pas.

Un autre François Décure a été trouvé, qui était tissier et qui s'est marié le 25 février 1719, à l'église Saint Rémy, à Château-Gontier, avec Jeanne Taupin.
Il s'agit probablement du père du précédent, à l'époque, le prénom du père se transmettant souvent à l'ainé.

A ce jour, ce sont les seuls François de ce nom (ou variantes du nom) retrouvés.
Il est à noter que même si le nom reste rare, il l'est un peu moins en Seine Maritime, on en trouve aussi quelques-uns en Mayenne, et dans l'est : Doubs, Aube.

*Il est essentiel de regarder dans la variante du nom. Ainsi, au 18ème siècle, sur les actes de naissance d'un certain Décuré, le fils porte le nom Décuré, et la fille, Descuré !
Première Vuë de l'Isle Minorque et d'une partie du Fort St. Philippe, Leizelt, Balthazar Friedrich (Graveur), Fontaine (Auteur de l'oeuvre originale).
Epilogue :

A la fin de ce travail j'ai pris connaissance du travail -de l'excellent travail- réalisé par
Luc Bucherie sur le sujet (merci Gilles Thomas !), qui est intéressant à plus d'un titre. Il s'agit de Port-Mahon-sous-Seine, publié dans les actes du XIIIe Colloque International de Glyptographie de Venise – 1-5 juillet 2002 (pp.155-204)*.

Il vient confirmer certaines des hypothèses émises ici, en apporter d'autres, et apporter nombre de compléments d'informations sur le sujet. Par ailleurs, ces dossiers viennent se compléter mutuellement, des choses extrêmement différentes étant traitées de part et d'autres
.

* Il aurait été intéressant à plus d'un titre de pouvoir publier son travail, ici, dans les ressources accessibles en ligne, pour qu'il soit accessible à tous, afin de compléter ce dossier, mais pour l'instant, n'ayant pas trouvé le moyen de contacter son auteur pour lui demander son autorisation (et pour pouvoir discuter de ce sujet fort intéressant !), cette publication ne peut-être mis en ligne, cependant, nous pouvons vous la communiquer à titre privé sur demande.

Nous vous laisserons le soin de lire son admirable travail
, cependant, nous aborderons -brièvement- ici, certains points qui viennent en complément des points abordés dans ce dossier
Comparaison à droite : la carrière / à gauche : l'île de Minorque.
# La sculpture Port (S) Philippe

Luc Bucherie avait d'abord pensé à l' "évocation du fort Philippet (proche de la cala Felipe parfois dite "Port Philippet")", mais il penche actuellement plus pour l'évocation de "l'un des ports [...] de chaloupes du Fort Saint-Philippe, et plus particulièrement celui situé au pied de la porte principale du fort. Ce port était desservi par une galerie souterraine reliée au réseau général dont le débouché pouvait être symbolisé par l'esquisse d' "ouverture" déjà évoquée."

Il est vrai que nous avions évoqué la possibilité de cette hypothèse, cependant, nous avons remarqué une ressemblance extrêmement troublante avec des éléments de la ville de Mahón !

# La sculpture Quartier de Cazerne

L'élément le plus intéressant est sans conteste celui là : en plus de venir conforter la thèse de l'hôpital situé au sein du fort, il vient éclaircir le nom de la sculpture : cet hôpital a servi de... Caserne !
Il indique :
"en 1759, ce bâtiment dit de l'Hôpital Saint Etienne "sert (actuellement) de logement de troupes" et un autre plan a pour mention "cazerne dite de l'hôpital"".
Il rapporte une description de l'hôpital et une description lorsque celui-ci devint une caserne : 16 officiers et 140 soldats pouvaient y loger.
On comprend alors ce nom : "quartier de cazerne" et la place important que ce lieu avait dans le coeur de Décure !

# Ses hypothèses sont intéressantes et peuvent permettre de mieux appréhender la conception de l'espace des sculptures :
- côté
Nord, il y aurait le port situé en contrebas du fort, et l'hôpital, servant de caserne, situé au sein du fort Saint-Philippe, et dominant la baie ;
- côté
Sud, il y aurait la ville de Mahón.

Sans compter que, comme l'indique l'auteur, l'accès à la zone se trouvait du côté des deux premières sculptures.
Le chemin de découverte des sculptures est donc le même que lorsqu'on entre à Mahón : avant le fort, ensuite, la ville, bien que ce port et l'hôpital ne se voient pas de la mer, étant situés dans la profonde Calle Saint Etienne. Cette dernière peut être symbolisée par le dallage situé juste devant le quartier de cazerne.

Bien sûr, comme nous l'avons évoqué, la sculpture Port (S) Philippe a une ressemblance frappante avec un élément de la ville de Mahón, mais les souvenirs étant loin, Décure a pu composer avec des fragments de souvenirs, intervertir, confondre certains éléments, puisés dans ses lointains souvenirs, prendre un élément de la ville de Mahón, pour en faire son Port Philippe !

A noter aussi que l'hôpital se trouverait inversé par rapport à la baie.
La partie sur l'identification des oeuvres est particulièrement intéressante :

# La sculpture Port Mahon, côté Sud

Pour Luc Bucherie aussi, les remparts rappellent ceux de la ville de Mahón. Par ailleurs, il fait un rapprochement entre la porte de la sculpture au
Portal Sant Roc, encore debout aujourd'hui ainsi qu'à la porte représenté sur la Première Vuë de l'Isle de Minorque et d'une partie du Fort St Philippe (ci-dessous) ou gravure réalisée d'après un tableau de Vernet ("la vue du fort St Philippe dans l'Isle de Minorque, gravée d'après le tableau de Vernet" qu'il affirme "visiblement inspirée de la précédente" (et que je n'ai pas eu l'occasion de consulter).

Rapprochement facile, à mon humble avis, la porte de la sculpture n'étant pas plus ressemblante à l'une de ces portes qu'une autre, et ces portes de Mahón n'étant pas plus caractéristiques de Mahón que d'une autre ville où subsiste des vestiges médiévaux
De plus, selon lui, les rampes seraient une interprétation de celles qui montent sur le coteau.
Selon lui, Décure aurait
"voulu donner une vue idéale de la ville de Mahon".
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# A noter que Luc Bucherie mentionne la table telle quelle : "en revanche la table et les bancs font l'objet d'une quatrième photographie qui pourrait être, en fait, celle d'un cabinet de minéralogie", ce qui est inexact, car comme nous l'avons écrit, nous avons retrouvé l'emplacement exacte de la table, du moins où elle était lors du cliché de Nadar !
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Luc Bucherie insiste aussi sur la ressemblance entre les deux niveaux de souterrains du fort et la double carrière du Port-Mahon. Il émet l'hypothèse que Décure ait pu participé à la reconnaissance des souterrains du fort, après la prise de celui-ci, et qu'il se serait remémoré cette étape de sa vie, dans les carrières de Paris.

Par ailleurs, il fait un parallèle intéressant avec les plans-relief de l'ingénieur Larcher d'Aubencourt, en particulier avec ceux du fort Saint Philippe (un de surface, un des souterrains, aujourd'hui tous deux détruits), dont il aurait commencé les levés en Janvier 1757, alors que Décure était peut-être encore sur l'île (et qu'il a peut-être rencontré).

Ironie du sort les plans relief du fort de l'ingénieur Larcher d'Aubencourt sont aujourd'hui détruits.
Alors que les sculptures d'un simple soldat, d'un simple travailleur de l'IGC, dont on ne connait rien, sont parvenues jusqu'à nous, et interrogent aujourd'hui l'historien comme le curieux, comme elles interrogent leurs visiteurs depuis 230 ans !

Autre ironie du sort : Minorque a été repris par les espagnols en... 1782, l'année de la mort de Décure.
Et c'est à la suite de cette reconquête que le fort sera détruit !
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Ce dossier sur notre cher et aimé Décure prend donc fin ici, mais le travail d'enquête, de recherches et d'analyse, passionnant à tous les points de vue, n'est pas fini, bien au contraire : il ne fait que commencer.
Au pied de ce fort, vers Mahón, se situe la ville/le faubourg de San Felipe, encore appelé la Raval, celle-ci est occupée par les familles des militaires et est protégée par une muraille.

Par ailleurs, en face, de l'autre côté de la baie menant au port de Mahon, sur une petite péninsule, se situe un autre fort, un petit fort, le
fort Felipet (ou San Felipet).

Parallèlement à cette péninsule, il y a une autre péninsule, plus grande, celle de
la Mola, où, à l'époque, aucun fort n'est construit.