Quartier de Cazerne et Port Philipe.

Les deux premières sculptures, par ordre du parcours de visite, ont été réalisées face à face et sont reliées par un petit mur fortifié. Ce sont le "Quartier de cazerne" et "Port Philipe".
___________________________________________________________________________________________

© 2004-2011 www.troglos.com
- EECCA::H - Exploration et Etude des Cavités Creusées ou Aménagées par l'Homme -


Tous droits réservés.
L'ensemble du site ainsi que son contenu (textes, photographies, images, documents, shémas, etc.) sont soumis aux droits d'auteur.
Toute reproduction, représentation, ou diffusion totale ou partielle sont strictement interdites sans autorisation écrite de l'auteur.
~ °oO°Oo° ~
2.1.7a. Les sculptures de Décure [1/2]

Le contexte

Ces (superbes !) sculptures se trouvent dans une galerie inférieure des carrières situées dans le 14ème arrondissement de Paris. Elles font partie du parcours de visite des catacombes de Paris (voir plan, ici).

Elles ont été sculptées entre
1777 et 1782 par Décure, dit Beauséjour, un ouvrier carrier de l'Inspection Générale des Carrières (IGC), et ancien vétéran de l'armée.


Décure s'était engagé (en 1756 -
d'après l'Atlas du Paris Souterrain de Gilles Thomas et d'Alain Clément) dans l'armée du Duc de Richelieu (à ne pas confondre avec le Cardinal), pour la reconquête de Minorque, (une des îles des Baléares), alors sous domination anglaise. Il aurait alors été fait prisonnier à Port Mahon, port principal et capitale de cette Île.

Décure travailla ensuite pour l'inspection générale des carrières, créée en 1777, en tant qu'ouvrier carrier. Il
découvrit cette carrière inférieure en 1777, grâce à un éboulement de la masse de pierre la séparant avec la carrière supérieure [selon Les Catacombes de Paris d'Héricart de Thury, 1815]. Cet endroit était connu de lui seul et des rares personnes qu'il décida d'y emmener. Le midi, il y venait déjeuner seul ici, alors que les autres ouvriers remontaient pour déjeuner, il y revenait aussi sans doute hors de ses heures de travail, pour y sculpter, dans le plus grand secret, pendant 5 ans, jusqu'à sa mort, ces sculptures, représentant des bâtiments rappelant ceux de cette île, dit-on, sans doute réalisés d'après des souvenirs, voire avec une grande part d'imaginaire...

C'est en voulant réaliser un escalier reliant la carrière supérieure à son espace, qu'un éboulement eut lieu, en construisant un pilier, et il fût gravement blessé ; il mourut très peu de temps après des suites de cet accident.
Guillaumot, Inspecteur en chef de l'IGC, voulu conserver la mémoire et rendre hommage à Décure, qui était un de ses meilleurs ouvriers et lui fit donc graver une plaque.

Malheureusement, certaines sculptures ont été gravement mutilées à la révolution, puis ont subi diverses dégradations par la suite . Elles ont ainsi été restaurées à plusieurs reprises.
Cette galerie comportant les sculptures a été fermée à la visite en 1995 et rouverte au public en avril 2008.
Port Mahon.

Cette sculpture apparaît comme plus grossière que les précédentes, moins fine.

Contrairement aux deux précédentes sculptures, elle ne possède pas son nom gravé dans le rocher.

Elle a été réalisée non pas dans la masse calcaire, mais sur des
blocs taillés et assemblés entre eux. Le relief du sol est donné par le remblai tassé au sol.
L'autre côté. Remarquez au fond, le mur reliant les deux sculptures.
Sculptures de Décure telles qu'elles apparaissent aux visiteurs lors de leur arrivée.
Une autre sculpture de Décure ?

Une autre sculpture, que l'on attribue traditionnellement à Décure et que l'on dit comme ayant été réalisée avant les autres, se trouve dans le réseau non accessible (officiellement) des carrières : dans le GRS (l'ossuaire a été isolé, il y quelques dizaines d'années, de ce réseau, par des injections pour éviter toute intrusion de visiteurs clandestins dans l'ossuaire).
Ces deux sculptures ont été réalisées sur deux masses de roche, deux piliers tournés. Le mur crénelé reliant les deux sculptures, quant à lui, a été réalisé avec des éléments ajoutés. Celui-ci a été fortement remanié au fil du temps puisque sur d'anciennes photos, on aperçoit aussi des tours et une porte et une partie de la coque d'un bateau sculptées (toujours sur des éléments ajoutés), en contrebas de la sculpture du Port Philippe.
Port Philipe.

La sculpture de Port Philipe a été entièrement
taillée dans la masse. De ce fait, elle a été épargnée des diverses dégradations. Malheureusement, cette sculpture, comme les autres, subit des altérations par le développement de mousse due aux éclairages qui mettent en valeur la sculpture.
Saint Philippe était une forteresse imposante anglaise des Baléares protégeant Port Mahon (plus d'informations sur ce fort et sur cette ville dans la suite du dossier).
Cette sculpture représente probablement un élément de fortification, car on aperçoit une tour à droite. Deux escaliers ont également été taillés.

L'escalier inférieur part de l'extrême droite de la paroi (dont un pilier de confortation datant de 1887 est accolé, cachant ainsi une partie - peut-être que ce chemin descendait plus bas) et monte jusqu'à une petite entrée, qui débouche sur nulle part. Au-dessous de l'extrémité supérieure de cet escalier, une ouverture voûtée est représentée, c'est sans doute l'évocation d'un passage sous cet escalier. Au niveau de cette ouverture, est symbolisé un sol.

L'escalier supérieur est soutenu par sept arcs et monte sur un bâtiment indéterminé contre lequel est accolée la tour. Ce bâtiment est sur un sol surplombant l'escalier inférieur. Une autre entrée dans ce bâtiment, et placée à l'extrémité supérieure de cet escalier, répond à celle situé sous l'escalier inférieur [en orange sur le schéma 2].
La pierre de taille de ce bâtiment est signifié par ciselure de la pierre. Deux ciselures parallèles soulignent les escaliers, le sol et marquent les étages de la tour
[schéma 1].
La sculpture est surmontée de l'inscription "Port Philipe", gravée dans la pierre et noircie de noir animal. On remarquera l'omission d'un "p" de "Philippe" par rapport à l'orthographe française. Cela peut être aussi une confusion par rapport à l'orthographe castillane (espagnole) : "Felipe" ou catalane "Felip".

On remarquera aussi le triangle entre "Port" et Philipe", triangle que l'on retrouve aussi sur les plaques indicatives de Guillaumot, qui est un symbole de la franc-maçonnerie. La typographie est la même que celles des plaques indicatives de confortations ou de localisations, réalisées sous Guillaumot (les lettres, le triangle, les "points" en losange sur les "i".... cela peut permettre de supposer que Décure n'est pas forcément l'auteur des inscriptions, mais que celles-ci sont l'auteur d'un des ouvriers de Guillaumot après la mort de ce premier, avec la plaque faite par Guillaumot pour conserver sa mémoire (voir ci-après), à moins que Décure soit lui-même un sculpteur des plaques indicatives de l'IGC - ce qui ne serait pas inco
mpatible, étant donné son talent pour la sculpture !)

Sur un cliché de Mémin (voir plus haut), l'inscription est "Port S. Philippe". Le "S" de "saint", semble avoir été effacé, mais peut-être aussi que celui-ci, n'a jamais été gravé et était seulement inscrit à posteriori, car on ne voit ni trace de cette lettre, ni marque de burinage sur la paroi actuelle. De plus, sur le cliché de Mémin, même si le bas du "s" semble gravé, le haut semble dépasser des autres lettres et semble aussi moins rigoureux dans son tracé.

Le bas de l'inscription est à quelques centimètres au-dessus de la limite entre deux strates, cette limite a pu servir de repère horizontal (ou presque) pour réaliser l'inscription.
Quartier de Cazerne.

En face de Port Philipe, on trouve le Quartier de Cazerne.
La sculpture est beaucoup plus importante, beaucoup plus
travaillée. Elle représente la façade d'un monument de manière très réaliste et extrêmement détaillée : colonnes, fenêtres, porte...
Ce bâtiment, par son détail pourrait avoir existé. S'agit-il d'une caserne ou un monument situé dans le quartier d'une caserne, caserne où Décure pourrait y être allé ?

La sculpture est surmontée du nom "quartier de cazerne", gravé à même la masse rocheuse, la surface de celle-ci ayant été préalablement uniformisée. L'inscription a été réalisé avec la même typographie que l'inscription de la sculpture précédente et est elle aussi noircie de noir animal.
La "salle" où ont été réalisées ces deux sculptures.

Le sol en contrebas du "Quartier de Cazerne" et de la salle accueillant ces deux sculptures, une fois celles-ci terminées, a été orné d'un damier de chaux et de silex noir. Ces silex (d'après Les Catacombes de Paris d'Héricart de Thury, 1815) proviendraient d'une exploitation de craie, alors en activité, de la "Montagne des Moulineaux", à Meudon (à environ huit kilomètres à l'Ouest du lieu des sculptures).
On remarque aussi que Décure s'est servi de la stratification marquée de la roche pour réaliser sa sculpture [schéma 3] : il s'est servi de cette séparation marquée entre deux strates pour réaliser le sol sur lequel repose le bâtiment. La partie inférieure est aussi plus brute, moins travaillée alors que la partie supérieure est lissée et plus finement travaillée.

Ces escaliers et ce sol offrent ainsi un parcours visuel dans l'oeuvre et conduisent aussi le regard et l'imaginaire au-delà de la sculpture, prolongeant la scène et cet univers [schéma 2].

Ce fragment de paysage peut être inspiré la transposition d'un paysage existant réalisé d'après des souvenirs (un chemin montant du port à une forteresse) mais peut aussi être totalement imaginaire, seulement ponctué de quelques fragments d'éléments issus de souvenirs existants pour en créer un univers qui est propre à Décure.

[1] Eléments sculptés et ciselés.
[2] Circulation visuelle et formes qui se répondent.
[3] Strates naturelles de la roche utilisées pour réaliser cette sculpture.
Ce qui pourrait apparaître, à première vue, comme des sculptures représentant des vues précises réalisées d'après des souvenirs, pourraient être en fait, des sculptures composées de plusieurs éléments appartenant sémantiquement bien à ce lieu : bâtiments, bateaux, montées, arcs, etc., mais, qui, juxtaposés, transposés, créent ainsi un univers propre.

En d'autres termes, Décure semble avoir recréé des
lieux parfaitement imaginaires et personnels à partir d'éléments issus de ses souvenirs appartenant à des lieux précis : ce n'est plus Port Philipe ou le Quartier de Cazerne qu'il représente, mais son Port Philipe ou son Quartier de Cazerne.


Dans cette sculpture aussi,
Décure s'est servi des strates pour composer ce bâtiment : la partie inférieure de la sculpture (rampes) occupe deux strates, la façade, une autre strate, -le sol sur lequel repose le bâtiment ayant été créé par la séparation entre les deux strates-, et le toit une autre strate.

Le
toit, s'il semble réalisé à même le rocher comme le reste de la sculpture, ne l'est pas : il est composé d'éléments soigneusement ajoutés. Dans un cliché de Nadar pris vers 1860 et dans un autre cliché réalisé vers 1900, le bâtiment y apparaît même sans toiture (et avec des colonnes de l'élément central cassées), ce qui pourrait laisser supposer que le toit présent aujourd'hui pourrait avoir été refait lors d'une précédente restauration.
Il faut tout de même noter que sur une photo, prise vers 1900, le toit existe et est à sa place (sans doute après une restauration).
A noter, aujourd'hui, il manque le toit de la tourelle située à gauche.
Vue générale du "Quartier de Cazerne"
Détail du bâtiment sculpté et inscription gravée.
Détail du côté gauche de la sculpture du bâtiment.
La partie sur lequel ce bâtiment repose reste plus énigmatique : il s'agit d'une grande rampe, composé de deux parties. Comme en face, cette montée prend beaucoup d'importance dans la sculpture. Peut-être que Décure a été séduit ou marqué par ces éléments sur l'Île de Minorque ? Ou est-ce un élément qui lui est cher dans son imagination ?
Cette rampe repose sur des
arcs, comme l'escalier de la précédente sculpture, et là, même si les arcs soutenant la partie inférieure de la rampe sont verticaux, ce n'est pas le cas de la partie supérieure qui surplombe la partie inférieure comme le sol dans la sculpture de Port Philipe.

Ce surplombement, réalisé ainsi, ne peut être réaliste, car cela n'est pas possible architecturalement, avec les matériaux traditionnels de l'époque (pierre, bois,...). Plus troublant encore :
ce surplombement rappelle la carène des bateaux ! Bateaux présents en nombre dans les ports, mais aussi bateaux qui ont servi à reconquérir Minorque, et sur un de ceux où a dû voyager Décure !
Surplombement rappelant des coques de bateaux !
Le quartier de Cazerne vers 1900. Remarquons aussi des fenêtres noircies dont le noir a aujourd'hui disparu. [source : la parisienne de photographie]
Le quartier de Cazerne (date indéterminée, sans doute après 1900). Eléments indéterminés ajoutés sur le toit et bord de la rampe ébréché.
Cet aménagement peut paraître surprenant, surtout si l'on se remet dans le contexte de l'époque : les vides de carrières sous Paris n'étaient pas comme ils le sont aujourd'hui : alors qu'aujourd'hui les galeries et les consolidations prédominent ; à cette époque, il n'y avait que très peu d'ouvrages de soutènement, puisque l'IGC (Inspection Générale des carrières) a commencé son travail l'année même où Décure a commencé ses sculptures, et l'a continué pendant plus d'un siècle pour donner ce qu'il y a aujourd'hui.
Dans ce lieu précisément, puisque c'est Décure lui-même qui découvrit ce lieu, toute présence de confortations en 1777 est à exclure. D'après les dates présentes sur les plaques indicatives, les premières confortations dans le secteur semblent apparaître en 1878, soit un siècle après.

Il faut alors s'imaginer ce que pouvait être ce lieu lorsque Décure a décidé d'y sculpter : une
carrière sauvage, telle que l'ont laissée les carriers, des piliers tournés, des déchets d'exploitation un peu partout, entre les piliers, peut-être quelques hagues pour les retenir, un endroit sans indications, extrêmement désorganisé et donc extrêmement labyrinthique et chaotique.

Pourquoi cet aménagement ? Est-ce une volonté d'avoir un sol "propre" et plan ? Est-ce un souci de perfection ? Est-ce un moyen de
délimiter une zone, de créer un lieu pour lui, presque un second chez-soi puisque Décure y venait manger le midi, puisqu'il y travaillait, puisqu'il y invita -semble t-il- aussi quelques personnes à y venir ?
Peut-être aussi que des hagues ceinturait à l'origine cet espace formant ainsi une sorte de pièce ou que Décure avait lui-même créé des murs.


En tout cas, cet espace où le "spectateur" peut se tenir est ainsi marqué. (Spectateur pourrait sembler un terme peu approprié, pour un lieu qui n'était connu de presque personne, où l'accès par lequel il fallait passer pour y accéder était dérobé, où Décure travaillait et déjeunait seul, mais puisqu'il y a emmené des personnes -même choisies- et s'apprêtait à créer un escalier pour y faciliter l'accès, il serait inapproprié de ne pas parler de "spectateurs" !).

Le sol devant les sculptures est plus haut (voir la 2ème photo de cette page), c'est une
masse en pied, une masse de roche laissée en place au sol par les carriers. Cette masse laissée en place crée aussi une délimitation entre cette zone où les personnes peuvent se tenir et les sculptures (aujourd'hui, le muret et la grille posée pour des raisons de protection des sculptures accentuent cela). Décure aurait pu dégager tout l'espace entre les deux sculptures se faisant face, or il n'en est rien : ce sol semble faire partie du paysage : c'est sur cette masse en pied que repose les murailles, c'est sur cette masse que reposait le bateau : cette masse fait alors partie du tableau (cette masse est la mer, la terre) qui prend alors trois dimensions.

Cette salle et cette masse en pied ne laissent finalement que peu de points de vue : l'observateur est spectateur.

Port Philipe et Quartier de Caserne peuvent se regarder indépendamment l'une de l'autre, mais peuvent aussi se regarder, avec les murailles qui les relient, comme un tout, bien que le changement d'échelle et que le fait que ces deux sculptures se fassent face soient perturbants.

Aujourd'hui ce qui reste des murailles fait ajout et passe au second plan d'importance.
Si on regarde chacune des deux sculptures, elles sont verticales, si on regarde l'ensemble avec les murailles, un plan horizontal prend forme, ce qui crée plusieurs plans distincts. Cela était peut-être moins distinct lorsque la coque du bateau en contrebas du port Philipe, les tours et la porte situées au côté droit de la muraille, existaient encore.
De plus, à la mort de l'auteur, en 1782, il y avait peut-être beaucoup plus de sculptures que sur la première photo de cet endroit, datant de 1860, soit près de 80 ans plus tard.

Dans tous les cas, cette oeuvre n'est plus une sculpture, mais une sorte de tableau en trois dimensions, de paysage, ne se regardant que d'un côté, composé de sculptures réalisées dans la masse (du rocher) et d'éléments ajoutés, une composition.

Le
sol creusé au pied du "quartier de cazerne" dans la masse en pied (masse de roche laissée au sol par les carriers) permet d'observer les sculptures de face et en quelque sorte d'entrer dans ce tableau.
On pourrait aussi imaginer Décure inviter des personnes à aller avec lui au plus près, pour leur montrer des sculptures, leur expliquant sa démarche, évoquant ses souvenirs, invitant ainsi ses hôtes dans son tableau, dans son monde.
Pavage formé d'un damier de silex noirs et de chaux (recouvert en partie d'une couche de boue de calcaire séchée et durcie, ramenée par les nombreux visiteurs au cours de plus de deux siècles de visites).
Plan du lieu actuellement (d'après planche igc de 1958). En jaune-orangé, les masses de roche, en orange, les confortations. Celles-ci ont été réalisées en 1879 et 1887.
Plaque indicative de l'IGC scellée dans la paroi rocheuse.
Inscriptions laissées par les visiteurs depuis plus d'un siècle sur le mur édifié à l'opposé des sculptures. Une inscription arabe !
En comparant la version actuelle à la version de 1835, il ne reste aujourd'hui plus que l'organisation générale : une organisation symétrique, deux rampes montant doucement autour d'un espace en demi-lune, vers des fortifications, des fortifications composées de deux enceintes successives, une entrée centrale et des tours situées de part et d'autre de celle-ci.

Les tours rondes de la première enceinte se sont transformées en tours carrées, l'élément central de cette enceinte, mis à part les marches en demi-cercle, n'a plus rien de ressemblant, les murs de la première enceinte par contre, eux semblent identiques ou, au moins, sont ressemblants. Par contre, aujourd'hui l'enceinte est droite, alors qu'on note deux retours vers l'avant dans la gravure. Remarquons aussi que les éléments de murailles (murs crénelés) sont identiques à ceux situées entre les deux précédentes sculptures ("Quartier de Cazerne" et "Port Philipe") (ces éléments sont, certes, identiques, mais ils peuvent être originaux comme tous dater d'une précédente restauration)
Les éléments situés derrière cette première enceinte, eux, sont complètement transformés : aujourd'hui, c'est clairement une seconde enceinte, alors qu'en 1835, ceux-ci semblaient être des bâtiments, les créneaux sont identiques à la première enceinte alors que ce n'est pas le cas dans la gravure, les tours rondes devenues elles aussi carrées, sont aujourd'hui plus éloignées de l'élément central.

Les deux rampes, si elles semblent disposées de la même manière, ont, elles aussi, beaucoup évolué : les murs intérieurs semblent composés de la même manière, mais l'élément central, situé où les deux rampes se réunissent, n'a plus rien à voir puisqu'on lui a ajouté des escaliers ! L'ouverture située au centre a évolué, la guirlande située au-dessus a laissé place à d'autres ornements et les murs extérieurs des rampes ont, eux, tout simplement disparu !

Au centre de l'espace formé par les deux rampes était aussi représenté un creux rond. Un puits ? Une fontaine ? Celui-ci a été remplacé (ou a été recouvert) par un cylindre, (qu'on retrouve plus en avant et surmonté d'une tour sur l'un des clichés de Mémin vers 1900) ; aujourd'hui, plus ce cylindre et ce puits ont disparu !

Quant aux marches situées au premier plan, elles semblent être identiques à celles que l'on trouve sur la photo de Nadar. Devant ces marches, on remarque un trou (puits ?) qui n'existe plus aujourd'hui.
Vue générale de cette sculpture.
La sculpture en 1835. Gravure de Sears d'après un dessin de Traviès [Musée des familles, juin 1835]
Cette sculpture a été en grande partie détruite puis dégradée au fil du temps et ce dont il en reste n'est malheureusement pas fidèle à la sculpture originale de Décure.

Il n'y a aucune trace de comment était cette sculpture originale, cependant, d'après une gravure réalisée par Sears d'après un dessin de Traviès et paru dans le Musée des Familles en Juin 1835, celle-ci a beaucoup évolué jusqu'à aujourd'hui. De plus, celle représentée sur la gravure n'est peut-être déjà pas, elle-même, fidèle à l'originale, car elle a sans doute été déjà restaurée une première fois, après les dégâts causés à la Révolution !
Cette sculpture se regarde différemment des deux autres: alors que les deux autres allient deux plans verticaux (sculptures sculptées dans la masse) et un plan horizontal sur lequel sont disposées des murailles les reliant, dans celle-ci, le plan horizontal domine. Elle se regarde aussi de manière frontale : la galerie n'en laisse pas le choix.
La sculpture est structurée en plusieurs éléments / plans successifs : marches, rampe, première muraille, seconde muraille (ou bâtiment), décomposant l'espace en plusieurs plans, comme plusieurs étapes, ce qui me fait penser personnellement à la prise d'une forteresse ; l'approche, le passage de la première muraille, le passage de la seconde. Ce que peuvent aussi penser les militaires se trouvant nez à nez avec l'endroit à prendre.

Sur la paroi à droite se trouve l'inscription, qui a été faite réaliser par Guillaumot, souhaitant conserver la mémoire de cet ouvrier, un de ses ouvriers, décidément si particulier !
La sculpture au 20ème siècle (date indéterminée).
L'espace autour des sculptures et l'évolution du lieu.

Comme cela a été écrit plus haut, à l'époque de la création des sculptures, il ne s'agissait pas de carrières confortées comme elles le sont aujourd'hui, mais des carrières telles que les avaient laissées les carriers, avec leurs piliers tournés, leurs déchets d'extraction et éventuellement des hagues.

Les deux lieux où ont été réalisées ces sculptures sont en fait une galerie entre deux piliers tournés, fermée en son centre par un mur (plus précisément, deux murs formant une masse triangulaire), les sculptures se tournant ainsi le dos.
Plaque réalisée à l'initiative de Guillaumot.
Minorque, Port Mahón et Sant Felip.

QPour mieux comprendre la face cachée de ces sculptures q
Quittons Paris pour l'Espagne, et remontons le temps de quelques 260 années...
C'est page suivante !

Page ajoutée le 14/02/2011
Les pierres apparaissant à droite, sur la photographie de Nadar pourraient être l'angle apparaissant sur le plan.
Cela est confirmé en allant directement sur place. Sur la photographie suivante, on remarque que l'agencement du mur du fond est le même !
Une confortation en continu du mur existant, perpendiculairement au mur du fond a été ajoutée en 1879, date des premières confortations maçonnées du secteur par l'IGC, condamnant irrémédiablement les éventuels restes de la table. A noter que si le mur du fond (hague réalisée avec de la pierre appareillée régulièrement et à sec) apparaît déjà en 1860 sur la photo de Nadar, rien n'indique que celui-ci a été réalisé par Décure (ce serait même étonnant qu'elle le soit) : la table a pu être déplacée entre la mort de Décure et la photo de Nadar et le plan ! On peut supposer qu'elle devait se trouver plus près des sculptures, peut-être dans la zone pavée, devant le Quartier de Cazerne et Port Philipe.
Ces sculptures sont donc proches, mais pas dans le même espace : il faut parcourir une dizaine de mètres pour faire le tour du pilier tourné. On peut alors se poser la question de quelle manière Décure s'est-il approprié l'espace tout autour.

Comme on peut le voir sur le plan ci-dessous, la toutes les confortations (maçonnées) du secteur ont été réalisées en 1879 et, dans une moindre mesure, en 1887.
Plan de la zone des sculptures aujourd'hui.
Visite du lieu :

En Décembre 1785, on commence à transférer les os du cimetière des innocents dans les carrières situées à à peine une centaine de mètres au Sud des sculptures de Décure
, l'aménagement des "catacombes" ne se fera qu'en 1809-1811, sous l'inspectorat de Héricart de Thury .

Avant-même que cet ossuaire ne soit aménagé, des visiteurs affluent pour voir ces vides de carrières situés sous leurs pieds, ces ossements et ces sculptures réalisées par Décure.

On note notamment le passage du
Comte d'Artois, futur Charles X de France qui aurait fait une collation sur la table de Décure en 1787 et Mesdames de Polignac et de Guiche en 1788. Avec l'aménagement de l'ossuaire, le nombre de visites vont croître.



Intégration des sculptures de Décure dans le circuit de visite de l'ossuaire :

Les visites de l'ossuaire ont évolué au fil du temps (nous nous n'étalerons pas trop à ce sujet, car elles feront l'objet d'un chapitre prochain).
Au 19ème siècle, les visites se font sur demande ou sur invitation, elles sont d'abord occasionnelles, puis régulières, et ponctuées de périodes d'interdictions. Les trajets se font, au commencement, au gré des guides, qui sont principalement des conducteurs de travaux de l'IGC, avant d'être organisés en véritables circuits, où par ailleurs, une ligne de vie, un épais trait noir est tracé sur le ciel, afin que les visiteurs ne s'écartent pas du circuit.

L'accès aux carrières pour la visite pouvait se faire par 3 accès distincts, l'un dans la cour du pavillon occidental (face à l'entrée actuelle) de la Barrière Denfert (Actuel Place Denfert-Rochereau), l'autre à la Tombe Isoire (voie creuse), et le dernier, moins fréquenté, dans la plaine de Montouris à la Fosse au Lions, ce qui impliquait au moins 3 trajets différents pour arriver à l'ossuaire.
L'ossuaire proprement-dit comportait une seule
entrée, située à l'Ouest de celui-ci [voir le plan ci-dessous], l'entrée actuelle n'existant pas, et une sortie (sortie actuelle).

Au milieu du 19ème siècle, le trajet passait par le Nord de la rue de la Tombe Issoire, où, aujourd'hui, dans le réseau non accessible officiellement, dans le fond de galerie, on peut encore voir l'épaisse ligne de vie sur le ciel. Il passait ensuite dans la
carrière de Port Mahon (aujourd'hui inaccessible), où le visiteur descendait un escalier qui le menait au niveau inférieur, il passait alors devant les sculptures, puis la fontaine, puis la table, et remontait par une galerie à l'étage supérieur (galerie dans laquelle on passe encore aujourd'hui). Il passait probablement dans une partie de carrières non confortée, où se dessine un chemin entre piliers à bras et quelques piliers maçonnés alignés, avant d'arriver devant la porte de l'ossuaire. [voir la partie sur les ossuaires - qui sera mise en ligne mi-fin 2012]
Détail.
Sculpture.
Celle-ci est sculptée dans la masse d'un pilier tourné.
Elle comporte une
tourelle, un mur comprenant des créneaux et un autre oblique, qui est peut-être une rampe ou un escalier. Effectivement, son vocabulaire rappelle celui de Décure.
Elle est relativement loin des autres puisqu'elle se trouve à un peu plus de 250 mètres d'elles (en ligne droite), juste
sous l'aqueduc d'Arcueil. Les autres se trouvent à environ 80 mètres de cet aqueduc (à un niveau inférieur), ce qui pourrait laisser penser, à première vue, que Décure travaillait peut-être dans une équipe de reconnaissance des carrières ou/et de réalisation des consolidations, sous le tracé de cet aqueduc.
Le problème est, que dans ce secteur,
les premières confortations datent de 1783, soit... un an après sa mort.
Extrait du plan 'La Souris' (plan personnel) avec localisation du petit château sculpté dans la masse et les galeries environnantes. La galerie orientée NE-SO est la galerie située sous l'aqueduc d'arcueil.
Le quartier de Cazerne vers 1860-61. Photographie de Nadar. Le toit n'est pas présent, mais à la place, sont posés plusieurs éléments indéterminés. [source : base mémoire]
Les éléments de fortifications ainsi que la coque de bateau, sur un cliché de Mémin vers 1900.
[source : Paris souterrain d'Emile Gérards]
La sculpture en 1860. Cliché de Nadar. [Source : Base mémoire]
On trouve aussi une photo de Nadar, datée du début des années 1860, celle-ci est similaire à cette version de 1835.
Cliché de Mémin en 1900. [Source : Paris Souterrain, Emile Gérards]
L'oeuvre est en très mauvais état. Seuls ne subsistent que quelques éléments épars et visiblement très altérés.
Cliché de J. Passoir en 1907. [Source : Paris Souterrain, Emile Gérards]
Par ailleurs, sur le plan de l'Atlas du Paris Souterain, réalisé par De Fourcy, en 1859, cette table semble apparaître à une quinzaine de mètres au Sud-Est des sculptures [voir plan précédent, n°6].
Photographie d'une table et de bancs dans les catacombes, qui pourraient bien être ceux de Décure (Nadar, 1860).
Bien sûr, on est en droit d'émettre l'hypothèse que l'Inspection Générale des Carrières aurait pu envoyer des équipes de reconnaissance et de fouilles pour effecter une reconnaissance sous le tracé de l'aqueduc, éventuellement réaliser quelques hagues, quelques années auparavant, avant de conforter l'endroit avec de véritables massifs de maçonnerie, en 1784, comme c'est le cas pour certains endroits.

Mais cela ne tient pas la route, car
l'aqueduc n'était pas à cet emplacement avant 1784, mais passait à une trentaine de mètres au Sud-Est !

En effet, lors des premières visites de l'IGC sous l'aqueduc, le rapport est alarmant : à certains endroit celui-ci fuit, l'eau s'infiltre abondamment dans les carrières et un fontis presque continu s'était formé sous 200 mètres de l'aqueduc (l'eau s'infiltrant accentuant le processus de ruine de la carrière, le processus de ruine accentuant les fissures dans l'aqueduc, qui laissait échapper encore plus d'eau).
Le 5 Mars 1882, un fontis situé sous le cours de l'aqueduc entraîne une vingtaine de mètres de celui-ci, et contraint à détourner l'aqueduc dans la zone de fontis. En
Mai 1784 (soit 2 ans après la mort de Décure), un autre fontis a lieu, entraînant une autre partie de l'aqueduc.
Le cours de l'aqueduc est donc
déplacé sur la longeur menaçante, afin de l'asseoir sur les piliers tournés saints et des confortations créés, à l'Ouest du tracé existant.
On retrouve trace de cet évènement dans les Mémoires de Charles-Axel Guillaumot, Inspecteur Général des carrières de cette époque, ainsi que le tracé originel et l'effondrement sur l'atlas de De Fourcy (1859)

Les confortations des carrières situées à l'aplomb ont lieu à cet époque.
Toujours sur ce même plan, on aperçoit de nombreuses choses qui ont disparu lors des confortations du lieu, réalisées en 1879 puis en 1887.

On note, par exemple, des piliers (à bras ?), réalisés par l'IGC, devant la 3ème sculpture
[voir détail ci-dessous][1].

On note également un élément dessiné
sur le sol en contrebas de la sculpture de "Port-Philipe" et à l'emplacement de la confortation construite en 1887 [2]. Il pourrait s'agir de la masse-en-pied, qui semble alors avoir été plus grande qu'aujourd'hui. Un autre élément est dessiné [3] : sans doute des aménagements et peut-être les éléments de la muraille sculptée sur des pierres amovibles.
Si c'est le cas, de nombreux éléments auraient alors disparu, ainsi qu'environ 50 % de cette masse en pied, sur laquelle reposaient ces éléments, dessinés ou non (muraille, mais aussi porte, tours, coque de bateau, non représentées ici).

Plus intriguant, en face, contre la paroi, un autre élément est mentionné
[4]. Pas de trace de ce que cela pouvait être. Y avait-il une autre sculpture, composée à partir d'éléments ajoutés -sur le même principe de la 3ème sculpture étudiée et de celles représentant les fortifications-, et aujourd'hui disparue ?

Le
[5], aucune idée de ce que cela peut-être. Une niche ?
< Emplacement de la table état actuel avec la confortation réalisée en 1879 [n° d'ouvrage : 6.R.1879] à 'emplacement de la table, et celle d'en face, la même année [10.R.1879] .

^ On remarque le même pilier à bras que sur la photo de Décure, ainsi que la même disposition des pierres, à droite de celui-ci.
On remarque aussi qu'à l'époque, le niveau du sol était environ 30 cm plus bas qu'aujourd'hui.
En 1860 | Aujourd'hui
[Extrait du plan "La Souris" Réseau de l'ossuaire officiel, Catacombes place Denfert-Rochereau (plan personnel)]
Les plans les plus anciens qui nous sont parvenus de ces lieux sont ceux de l'Atlas du Paris Souterrain d'Eugène de Fourcy, terminé en 1859 [cet atlas sera prochainement en ligne dans la partie ressources accessibles en ligne], soit deux décennies avant la confortation par piliers maçonnés du lieu.
La table de Décure.

On sait, de plusieurs sources (notamment par le livre les catacombes de Paris, de Héricart de Thury, en 1815) que Décure avait aménagé, non loin de ses sculptures, une table en pierre, avec des bancs où il buvait et mangeait, qu'il appelait [selon les catacombes de Paris, de Héricart de Thury, 1815] son salon.

Cette table semble avoir existé jusque dans les années
1870.

"Ces différentes curiosités furent religieusement conservés jusqu'en 1870 ; depuis lors, la table et les escaliers ont été brisés et dispersés ; le Port-Mahon lui aussi a été dégradé par des visiteurs vandales ; on n'en voit plus aujourd'hui qu'une partie à peu près bien conservée, l'autre est en miette" [l'univers illustré, date inconnue].

Une autre variante : "Ces différentes curiosités furent religieusement conservées jusqu'en 1870 ; depuis lors la table et les escabeaux ont été brisés et dispersés par les fédérés. Quant au Port-Mahon, il a été dégradé par des visiteurs peu respectueux ; on n'en voit plus qu'une partie bien conservée ; l'autre, est absolument mutilée. [Revue du Midi, Volume 7, Partie 1, 1893] -

La table aurait donc été détruite pendant l'épisode de la commune de Paris (soit du 18 mars au 28 mai 1871)

En regardant les photographies prises par Nadar, dans les catacombes, en 1860, on ne peut que s'arrêter sur l'une d'elle qui représente une table avec des bancs, et qui pourrait bien être la fameuse table de Décure.
Il apparaît que le lieu est déjà aménagé : hagues à appareillage régulier dont certaines sont encore visibles aujourd'hui.
La légende de l'Altas d'Eugène de Fourcy nous indique également des choses intéressantes. En effet, celui-ci a la particularité de nous renseigner sur la nature de l'auteur des confortations :
- en rouge : "exécutées par l'Inspection des Carrières et sous les propriétés de la Ville" ;
- en mauve : "exécutés sous la surveillance de l'Inspection des Carrières par les Administrations ou les particuliers propriétaires du sol" ;
- en gris : "exécutés avant la fondation de l'Inspection des Carrières ou depuis sa fondation mais en dehors de sa surveillance".

Mis à part une hague en appareillage régulier, située à gauche du quartier de Cazerne, qui n'apparaît pas comme ayant été réalisée par l'IGC (sans doute par Décure, pour fermer son espace situé devant le Quartier de Cazerne et Port Philipe, espace formé, rappelons-le, d'un damier de chaux et de silex noirs), et sauf erreur de leur part, tout le reste apparaît donc comme ayant été réalisé par l'Inspection Générale des Carrières, y compris la confortation de section triangulaire entre les deux galeries de sculptures, (en tout cas, elle est mentionné comme telle) !
Ces hagues sont toutes composées d'un appareillage régulier et jointes à sec = sans mortier)

On s'aperçoit que le lieu a dû déjà subir de multitudes transformation, entre 1782 et 1859.


A noter aussi, que sur ce plan, on aperçoit le "bain de pieds des carriers" qui se situe à une dizaine de mètres au Sud des sculptures. Cependant, cette fontaine n'existait pas lorsque Décure a réalisé ses sculptures.
Celle-ci a été réalisée par l'IGC et elle constitue le premier forage géologique réalisé dans les carrières Paris dont Héricart de Thury a fait lever la coupe oryctognostique (coupe mentionnant les différents bancs de roche) en 1814 (ou en 1815, selon les sources ; en tour cas, dans son ouvrage, publié en 1815, Héricart affirme qu'il est en cours de creusement "ce puits, qui doit être percé et descendu jusqu'à la plus grande profondeur qu'il sera possible d'atteindre, s'arrête présentement aux derniers bancs coquilliers qui sont immédiatement posés sur la glaise").
On note également, quelques années auparavant, l'aménagement des catacombes qui a commencé en 1809 et dont le principal s'est prolongé jusqu'en 1811.
On peut raisonnablement penser que ces hagues ont été réalisées à cette époque.
Plan de 1859 [Atlas souterrain de la Ville de Paris, d'Eugène de Fourcy]
En bleu, le trajet supposé entre les sculptures et l'ossuaire. En rouge, les limites de l'ossuaire.
[1] Les sculptures, la fontaine du Bain de pieds des carriers et la table
[2] Entrée de l'ossuaire
[3] Sortie de l'ossuaire
[4] Entrée actuelle de l'ossuaire
Une porte a été créée au Nord de l'ossuaire, permettant un accès quasiment direct des sculptures.
Cette porte existe depuis 1876, si on se refère à la date des confortations constituant la maçonnerie de l'entrée.
L'entrée Ouest a été fermée sans doute en même temps que la création de l'entrée Nord, puisque le monument commémoratif de l'ossuaire a été déplacé à cette nouvelle entrée.
Avant d'arriver aux sculptures, le trajet passe toujours par la carrière dite de Port-Mahon.
Carrières et trajet en 1897 (planche de l'Inspection Générale des Carrières).
[1] Galerie confortée sous la rue de la Tombe Issoire
[2] Carrière dite de Port-Mahon (carrière à piliers tournés)
[3] Escalier descendant au niveau inférieur
[4] Les sculptures de Décure
[5] Le Bain de pieds des Carriers (fontaine)
[6] Galerie montant au niveau supérieur
[7] Nouvelle porte de l'ossuaire

Aujourd'hui on ne passe plus par la rue de la Tombe Issoire, ni par la Carrière dite de Port-Mahon, mais par une pertie de la galerie située sous l'aqueduc, avant de prendre une galerie bordée de hagues, puis une galerie confortée en 1878
[voir plan ici]. A la mise en place de ce parcours, une galerie a été réalisée (je n'ai pas trouvé la date exacte, mais c'est entre... 1908 et 1968, selon les planches IGC) pour permettre d'accéder aux sculptures et au Bain de pieds des carriers. La remontée à l'étage supérieur et l'accès à l'ossuaire est le même.
Le niveau inférieur (sculptures de Décure et fontaine du Bain de Pieds des Carriers) a été exclu du circuit de visite en 1995 et a été rouvert au public en avril 2008, après restauration.

Depuis, nombre de touristes peuvent à nouveau admirer ces sculptures, cette fois-ci, appareil photo (numérique) à la main, mais malheureusement, sans avoir conscience de toute leur histoire, leur richesse et de toutes ces subtilités !
Parcours, culptures et entrée de l'ossuaire en 1897.
[extrait de la planche IGC n° 296, de l'année 1897]
Parcours, culptures et entrée de l'ossuaire en 1968.
(A noter qu'à cette époque, il existait un mur entre les deux piliers de confortations situés devant Port Philipe et Quartier de Cazerne.)
[extrait de la planche IGC n° 296, de l'année 1968]
Exrait de l'Atlas de Paris Souterrain d'Eugène de Fourcy exécuté en 1859, montrant le cours de l'aqueduc, l'ancien cours (en pointillés) et l'effondrement ayant nécessité le déplacement de son cours.
A noter l'emplacement du château qui se trouve au niveau de la flèche noire.
Remarquez aussi les galeries de recherches situées -presque- sous son ancien cours.
OVoici les éléments

Pour affirmer ou infirmer cette hypothèse
Il faudrait une étude en profondeur de spécialiste pour analyser la méthode de taille.
Ce n'est pas pour demain. Restera un mystère.... fidèle à l'un des attribut des carrières et es espaces
Pour l'instant aucun élément nous permet raisonablement d'avancer
1859.
1897.
1908.
1968.
Nous sommes alors en droit de nous poser plusieurs questions, qui correspondent à autant d' hypothèses.

Hypothèse 1 :
Décure aurait sculpté ce château et donc -énorme- coup de chance, celle-ci se trouvait juste sous le tracé futur de l'aqueduc d'Arcueil, ce qui lui a permis d'être conservée ! (plutôt improbable, non ?).

Hypothèse 2 :
Décure a sculpté plusieurs autres sculptures de ce type de manière isolée, dans le secteur, peut-être des dizaines. Celle-ci située par hasard sous le nouveau cours de l'aqueduc, est donc restée visible à postériori lorsque les confortations ont été réalisée et est parvenue jusqu'à nous, les autres -que l'on a jamais retrouvé- ayant été détruites où sont cachées sous les remblais effectués par l'IGC.

Hypothèse 3 :
On lui attrribue à tort cette dernière.
Celle-ci a été réalisée après ces confortations et donc Décure n'en est pas l'auteur.

L'évolution du lieu au fil du temps : en 1859 et en 1897, on aperçoit un bout de mur perpendiculaire à la mur de la galerie sur les plans ; aujourd'hui, il reste des montant de porte et une porte métallique démontée.
Cet espace aurait pu être une salle dite "de repos" pour les ouvriers de l'inspection générale des carrières, comme on en trouve souvent aux abords des escaliers d'accès.
Ici, il y a bien un escalier d'accès à proximité : il est situé à une vingtaine de mètres au Sud et il s'agit celui par lequel remontent les touristes qui visitent l'ossuaire aujourd'hui. On note aussi la présence d'un "trou de service", par lequel les ouvriers descendaient les matériaux nécessaire à la confortation des carrières.
Par ailleurs, quelques mètres avant la porte, est creusé une gande niche de 1m50 de long, 35cm de hauteur et 40cm, au maximum, de profondeur, qui pouvait permettre de ranger de menus objets.

Sur le plan de 1908, on s'aperçoit que la confortation de droite a été détruite, pour avoir accès à l'ablomb d'une parcelle située derrière, afin de faire des piliers de confortations sous un édifice. La salle est remblayée, ainsi qu'une partie de la galerie qui y mène.
En 1968, la salle apparaît comme déblayée.

On peut noter que le pilier sur lequel a été sculpté le petit château a été rabotté, afin qu'il soit droit avec la galerie. Par ailleurs, la confortation ne vient pas à l'aplomb du rocher, mais légèrement en retrait, or, la sculpture est à un mètre de l'angle. La confortation laisse donc la place à la sculpture d'être réalisée, ou de la laisser en place si elle existait.... La largeur légèrement supérieure à la galerie s'explique aussi par le fait que s'il s'agit bien d'une salle de repos, une largeur identique à celle de la galerie aurait été insuffisante.