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Etant donné la fragilité du gypse (roche très faible mécaniquement parlant et qui se dissoud rapidement par l'eau) et la grande hauteur des exploitations, de nombreux accidents se produisent, notamment le 23 Juillet 1778 à Ménilmontant où 7 personnes sont englouties.
Cela donne lieu à de nombreuses règlementations et interdictions.
Extrait de l'atlas des carrières souterraines de Paris et du département de la Seine De Keller, en 1889. Contours de Paris en Noir. A gauche, les carrières de la Butte Montmartre.
2.1.3. Les exploitations de gypse


Formation du gypse

Tout comme le calcaire, le gypse est une
roche sédimentaire (formée par sédimentation). Cependant, sa différence réside dans sa formation et donc dans sa composition.

Pour décrire les choses simplement :

La dernière transgression marine ayant eu lieu avant les couches qui vont donner le gypse, a laissé des sédiments, qui par compactage donneront des couches de marnes et des sables sur lesquelles va s'asseoir le gypse.
Il y a environ
35 millions d'années, le territoire de ce qui deviendra Paris et ses alentours, la mer proprement dite s'est retirée, mais des cuvettes remplies d'eau de mer créent des systèmes lagunaires., dans lesquelles l'eau de mer arrive mais ne sort pas, elle s'évapore continuellement, au fur et à mesure de l'arrivée d'eau, grâce à un climat chaud. Le sel se dépose donc au fond (même principe que les marais salants), avec des sédiments, et se cristallise, ce qui donnera, par compactage et retrait partiel de l'eau, le gypse. Le gypse est du sulfate de calcium di-hydraté (formule : CaSO4 · 2 H2O).

Cependant, à cette époque, à plusieurs reprises, la mer est revenue, ce qui fait que le gypse n'est pas d'un seul tenant, mais
séparé par des couches de marnes (roche sédimentaire contenant du calcaire et de l'argile en quantité à peu près équivalente), séparant ainsi le gypse en plusieurs "masses". Celles-ci sont au nombre de 4, qui seront, par la suite, toutes ou seulement en partie exploitées. (à noter qu'elles sont numérotées à l'inverse des couches géologiques) La masse la plus récente, est la plus épaisse (15 à 20 mètres), la plus pure, la plus accessible et donc la plus exploitée. L'ensemble fait une cinquantaine de mètres d'épaisseur.

La mer est revenue ensuite, déposant des sédiments, créant ainsi d'autres couches de marnes (dites supra gypseuses - "supra" signifiant "au-dessus de"), imperméables, qui ont protégé le gypse, roche qui se dissout très facilement à l'eau, de celle-ci et a donc évité sa dissolution.

Les masses de gypse ne sont pas partout de la même épaisseur et les différentes masses n'existent pas toujours en fonction de la position de l'endroit dans la lagune.

L'
érosion des sols, et le fait que le gypse a disparu dès que les couches protectrices de marnes situées dessus se sont érodées, fait que ce gypse n'est présent que dans les buttes témoins (buttes qui ont été protégées de l'érosion et "témoins" d'un massif plus grand qui, lui, a été érodé).


Propriétés du gypse

Le gypse, à cause de ses sels, est une roche
extrêmement soluble à l'eau. De plus, elle est très faible mécaniquement parlant.
S'il a été exploité, c'est pour en faire du
plâtre, celui-ci étant réalisé par cuisson du gypse dans des fours prévus à cet effet, ce qui va partiellement le déshydrater, avant d'être broyé pour être transformé en poudre.


Dénomination

Comme le calcaire grossier pouvait être appelé "pierre à bâtir", du nom de la destination de ce matériau, le gypse était couramment appelé "pierre à plâtre", voire tout simplement "plâtre" (ex : 'extraction du plâtre').
Les carrières de gypse prenaient alors souvent le nom usuel de
carrières à plâtre ou plâtrières. Elles ont été nommées ainsi dans le langage populaire, mais aussi sur les anciennes cartes, dans les lois et décrets anciens.


Localisation

Le gypse est présent sous la capitale dans un quart Nord/Nord-Est. Il a principalement été exploité dans les actuels quartiers de la
Butte Montmartre, des Buttes-Chaumont, de Charonne et de Ménilmontant, qui étaient, à l'époque de son exploitation, des espaces hors de Paris.
Le gypse est aussi présent au Sud de Paris, en moindre épaisseur, où il a été exploité : Vitry-sur-Seine, Villejuif, au Sud de Bagneux et de Châtillon, au Nord de Fontenay-aux roses, à Clamart et à Meudon (le gypse s'étant formé après le calcaire grossier, il est situé au-dessus de celui-ci et les carrières sont donc positionnées plus haut sur le coteau).

Un peu plus loin à l'Ouest, le gypse a été exploité dans le
massif de l'Hautil (environ 30mètres d'épaisseur) (Vaux-sur-Seine, Triel, Evecquemont, Chanteloup-les-Vignes, Boisemont,...), visiblement depuis le 18ème siècle (à vérifier).

A noter qu'aujourd'hui le gypse est principalement exploité
sous la forêt de Montmorency (en galeries souterraines) et à Corneilles (dans une importante carrière à ciel ouvert), où le gypse est réputé très pur.
La production du Val d'Oise assurant aujourd'hui 50 %* de la production nationale (*source Quid, en 2005).

Les carrières de gypse de la région parisienne ont assuré jusqu'à 70 % de la production du plâtre en France.
Il est mentionné que les carrières de Montreuil sous Bois, Clamart, Bagneux et Romainville sont les carrières de gypse les plus importantes de France dans la Géographie du département de la Seine de A. Joanne, 1872.

Ici, nous parlerons principalement de l'exploitation du gypse à Paris, ce qui est le sujet de cette partie.


Les masses

Tel que affirmé plus haut, à Paris et autour, le gypse est réparti en plusieurs épaisseurs appelées masses.
La
haute masse, appelée aussi 1ère masse est la plus élevée, la plus épaisse, par ce fait, la plus exploitée
Elle mesure de
15 à 20m d'épaisseur.
La
moyenne masse, aussi appelée 2ème masse a une hauteur moyenne de 5 à 7 mètres.
Les
basses masses , qui regroupe la 3ème et 4ème masse est composée, sur 12m d'épaisseur, d'une alternance de couches de gypse, d'argile et de marnes.
Tout ou seulement une partie des masses a pu être exploité.
Cela est le maximum, à certains endroits les épaisseurs peuvent être moindre. Ainsi, à Clamart, Châtillon et Meudon, situées au Sud-Ouest de Paris, la couche exploitable de gypse n'est que de 3 à 4m.
Le front de taille se présente en gradins. L'extraction commence par le sommet de la galerie à créer, par le souchevage du haut de la masse sur environ 2m de largeur. En général, un seul carrier réalise cette opération, ce carrier est appelé soucheveur. Il utilisait pour cela un pic ou une aiguille, une longue barre de fer. Cette cavité était appelée le four, car il y faisait chaud étant donné le confinement du lieu.

Des carriers réalisent ensuite au pic une
saignée de chaque côté, celles-ci ayant la particularité de s'évaser vers le bas afin de donner une galerie de section trapézoïdale. Ils lèvent ensuite chaque strate par des coins ou par des leviers, voire par des mines (après avoir foré un trou cylindrique dans ce cas). Lorsque les carriers pouvent se tenir debout ils placent alors des "brindilles", destinées à maintenir le ciel ou maçonnent les arcs, et creusent la galerie en s'évasant au fur et à mesure qu'ils descendent.
Les mines pouvaient aussi être utilisés sans creuser de saignées sur chaque côté de la galerie, ce qui donne alors un aspect déchiqueté aux parois, encore visible aujourd'hui. Celles-ci nécessitent un forage cylindrique, réalisé avec un outil prévu à cet effet : une
tarière. Ensuite la poudre était bourrée au fond du trou et le trou rebouché afin que la force de l'explosion fasse éclater la roche.

La mine était souvent utilisée, car le gypse est une roche qui, malgré sa faiblesse structurelle reste une roche relativement dure à creuser et, le gypse étant destiné à être cuit puis broyé, ne nécessitait pas les mêmes précautions que la pierre à bâtir. Cependant, son inconvénient résidait dans le fait que son utilisation fragilisait la stabilité des galeries futures (création de micro-fissures). Pour remédier à cela, dans certaines exploitations, l'évasement était réalisé dans la partie supérieure des galeries et était exploité au pic, alors que la partie inférieure était verticale et expoitée à la mine, laissant des parois déchiquetées (cf Vaux sur Seine photos ci-dessus.)

L'évacuation du gypse se fait par des brouettes poussées par des hommes, des tombereaux attelés par des chevaux ou par des wagonnets sur rails, à partir du XIXème siècle. Ce sont des manoeuvres qui la réalisent.
Carrière de gypse à Vaux-sur-Seine dont le ciel a été conforté par des arcs.
Photographie de visitteurs dans une carrière de gypse à Bagnolet (auteur et date indéterminée). On remarque l'étaiement du ciel et, au sol, des rails de type Decauville.
Shéma du front de taille en gradins (d'après un dessin de Daniel Munier)
# Le 21 avril 1810, un décret autorise à nouveau l'exploitation du gypse en carrière souterraine.

# Trois années plus tard, le décret sur l'exploitation des carrières de pierre à plâtre dans les départements de la Seine et Seine et Oise du 22 mars 1813 encadre de manière très stricte les méthodes d'exploitation dans ces deux départements (actuels Val d'Oise, Essonne, Yvelines, Hauts de Seine, Seine Saint Denis, Val de Marne, Paris), ne laissant que très peu de liberté, afin d'assurer la stabilité des lieux et donc d'assurer la sécurité des personnes qui y travaillent et des personnes en surface. [décret consultable sur le site ici]

Ce décret défini les 3 masses ainsi : hautes masses "15-18 mètres", moyennes masses "5-7 [mètres]", "les basses masses sont celles qui, sur environ 12 mètres environ d'épaisseur, offrent alternativement des bancs de pierre à plâtre et des couches de marnes ou d'argiles" (art.1) et détaille les critères des 3 modes d'exploitations,"à découvert", "par cavage à bouche" et "par puits" puis les règles à respecter pour chaque type d'exploitation selon ces masses et leurs qualités.

Ainsi, les masses ayant un faible recouvrement (6m et moins pour les hautes masses, 3 à 4mètres et moins pour les moyennes et basses masses), ou ayant une qualité structurelle insuffisante ou encore ayant moins de 2m de hauteur doivent être exploitée à ciel ouvert.
Les masses recouvertes de plus de 6m pour les hautes masses, 3 à 4m pour les moyennes masses, ayant une qualité structurelle suffisante et plus de 2m de hauteur peuvent être exploitées en galeries souterraines, mais seules les masses recouvertes d'une "grande épaisseur de terre" (comprendre : terres, sables, marnes) dans lesquelles il est impossible de créer une bouche de cavage peuvent être exploitées par puits. (art. 1, 10 et 31 de ce décret).
Dessin d'une carrière à ciel ouvert du côté de Monceau en juillet 1786.
Entrée d'une carrière de gypse à Montmartre, octobre 1832.
Carrières à ciel ouvert et par galeries à l'Est de Montmartre, dessin de Louis-Désiré Thiénon, 05 mars 1832.
Dessin d'une carrière à ciel ouvert vers Montmartre en 1796, Anonyme, Musée du Louvre, Département des arts graphiques.
# Une année plus tard, le 17 Mars 1780, une déclaration du roi demande de "dresser procès verbaux exact de leur état intérieur" et ordonne s'il y a péril, "le renversement desdites superficies" [même ouvrage, p129] c'est-à-dire le foudroyage des carrières de gypse menaçantes. Celui-ci se fait par la disposition de charge explosive (poudre) au niveau des piliers pour faire sauter ceux-ci et donc faire effondrer la carrière. Cette méthode se révélera par la suite insuffisante, car elle a l'inconvénient de créer des vides résiduels, et donc susceptibles de provoquer des tassements à long terme (ce qui deviendra problématique quand ces zones seront bâties !).

[d'ailleurs, dans cette même déclaration il est à noter l'interdiction de l'exploitation des carrières de gypse par puits : "
l'article premier de notre décision du 23 janvier 1779, faisant défense d'exploiter à l'avenir, par le cavage, les carrières à plâtre qui seraient nouvellement découvertes sera exécuté ; et, en y ajoutant, défendons également l'exploitation desdites carrières par des puits. Voulons que toutes les carrières à plâtre ne puissent, à l'avenir, être ouvertes et exploitées qu'à découvert et à tranchée ouverte, à peine de 500 livres d'amende et de confiscation des voitures, chevaux et ustensiles ". Est-ce un oubli de ce mode d'extraction lors de la déclaration du 23 Janvier 1779, ou les carriers ont-ils trouvé une parade pour continuer exploiter en souterrains ? Pourtant l'article du 23 Janvier 1779 affirmait que "les dites carrières à plâtre, ne puissent à l'avenir être exploitées qu'à découvert et à tranchée ouverte".]

Pendant 30 ans, l'exploitation du gypse ne se fera alors plus qu'
à ciel ouvert.
Extrait du plan de Jovin de Rochefort en 1672, localisation des carrières (à ciel ouvert) de gypse de la Butte Montmartre.
Extrait du plan de Jovin de Rochefort en 1672, localisation des carrières (à ciel ouvert) de gypse de la "Butte de Chaumont". En bas à gauche, l'hôpital Saint-Louis.
Extrait du plan de Jovin de Rochefort en 1672, localisation des carrières (à ciel ouvert) de gypse de Charonne.
Ces zones d'exploitations se prolongeait dans l'Est, sous le plateau des Lilas et de Romainville, en prolongement des hauteurs de Belleville et de Ménilmontant, qui offrent une épaisseur importante de gypse : Pantin, Les Lilas, Pré-Saint-Gervais, Bagnolet , Romainville, Noiy le Sec, Rosny, Gagny, Bagnolet, Montreuil, Villemonble, Livry-Gargant, Vaujours...

La fin de l'exploitation des carrières de gypse dans les limites actuelles de la ville de Paris.

L'exploitation du gypse dans les limites actuelles de Paris ont eu lieu, comme dit plus haut, autour de la Butte Montmartre, des Buttes Chaumont, de Charonne, etc. Celle-ci s'est terminée de 1860 à la fin des années 1870, selon les endroits (vraisemblablement 1860 à Montmartre et aux Buttes Chaumont et 1872 ou 77 pour l'Est des carrières d'Amérique, vers le Boulevard Serrurier).
L'
annexion des communes situées dans l'enceinte de Thiers (construite vers 1840) comme Montmartre, Charonne et Ménilmontant, en 1860, un décret interdisant l'exploitation de carrières de gypse à Paris (celui du 22 Mars 1813), ainsi que l'urbanisation grandissante, ont sonné le glas de ces exploitations dans les limites actuelles de Paris.
Elles ont perduré en proche banlieue jusqu'au début, voir au milieu du 20ème siècle, pour s'éloigner de plus en plus de Paris au fur et à mesure du développement de l'agglomération.

Projet de confortement des carrières de gypse sous la 'grande route' à Chanteloup-les-vignes. (archives départementale des Yvelines)
Des carrières de gypse à Montmartre en 1820. (ciel ouvert et galeries souterraines). On remarquera l'urbanisation qui se développe sur la butte.
Les piliers à encorbellement deviennent obligatoires et leur implantation doit être régulière. Leurs dimensions et celles des galeries sont régies par ce décret selon le type de masse le type d'exploitation et selon où ils sont situés (près de la bouche de cavage, en bas du puits, le long d'une galerie de roulage, etc) (nous n'entrerons pas dans les détails ici, ce qui serait fastidieux, mais pour plus d'information, vous pouvez aller voir les articles ,13 14 15 17, 21, 37,et 38 notamment), le ciel, par exemple, ne doit pas faire plus de 2m de large. Les piliers de la haute masse doivent être espacés de 6 à 7 mètres selon les cas, et avoir 6 à 7 mètres de largeur, toujours selon les cas. Les piliers bordant la galerie de roulage sont plus profonds.

Par ailleurs, au fur et à mesure de l'avancée de l'exploitation, dans les exploitations par bouche de cavage, les anciennes parties doivent être
foudroyées* (pour les hautes et moyennes masses) ou remblayées (pour les basses masses) (art. 24), sauf la galerie de roulage permettant d'accéder aux ateliers en activité. Cependant, celle-ci doit être confortée (art. 25). A la fin de l'exploitation, la totalité de la carrière et les galeries de roulage devront être foudroyées. (Art. 27)
* Pour les exploitations par bouche de cavage "lorsque l'excavation sera avancée d'environ quarante-cinq à cinquante mètres de profondeur, ou que le quatrième pilier du milieu des ateliers aura été dégagé et tourné entièrement, et suivant les circonstances ou l'urgence, on enlèvera l'étançonnage du premier pilier à l'entrée des chambres ou ateliers, et on les fera sauter par des mines, de manière à opérer les comblements des parties environnantes, et n'avoir toujours que trois piliers intermédiaires entre l'éboulement et les travaux du fond de la carrière" (art 23).

Dans le cas des exploitations par puits par piliers tournés, le foudroiement ou le remblaiement ne sont pas systématiques. Il sont pratiqués seulement s'il y a des risques d'éboulements ou de tassements. C'est l'inspecteur général (voir la page suivante) qui décide. (Art. 40).

Ce décret stipule aussi que dans le cas d'une exploitation par puits, l'exploitation sera faite par hagues et bourrages si la haute masse n'offre pas assez de solidité pour être exploitée par piliers tournés (Art 32, 41). La hauteur des galeries sera de 3 mètres, leur largeur de 7 à 8 mètres, elles seront réalisées en muraillent derrière soi au fur et à mesure de l'avancée du front de taille en laissant simplement une galerie de circulation large de 1m50, haute de 2m et voûtée (art 43 et 44). [Pas connaissance de cette méthode d'exploitation pour le gypse à Paris, en revanche elles ont existé à Villejuif et à Créteil].
La fabrication 'traditionnelle' du plâtre

Le plâtre s'obtient par
cuisson du gypse à 120°. C'est la déshydratation partielle de cette pierre qui va former le plâtre (et non sa fusion, qui a lieu à une température bien plus élevée).

Cette opération se fait essentiellement dans des
fours à plâtre destinés à cet effet.
Ces derniers étaient situés à proximité des carrières, voire à l'entrée de celles-ci.

A Paris et en Île de France, ces fours sont d'une
forme rectangulaire dont 3 côtés sont murés. Les murs sont surmontés d'un toit afin de protéger le plâtre de la pluie, pour éviter à celle-ci d'altérer la qualité du plâtre (normal quand on sait qu'il faut de l'eau pour qu'il durcisse !). Ces fours sont appelés fours culées.
Four à foyers séparés.
Après cuisson, le plâtre est ensuite broyé pour donner de la poudre. Cette opération s'effectue avec des "battes ferrées", au maillet, au pilon ou avec des meules verticales (souvent une ou deux meules - dans ce dernier cas, situées de part et d'autre de l'axe) (après avoir été cassé en petits morceaux à la batte ferrée dans la culée) mue par animal de trait (même principe que les meules à grains).
C'est cette dernière technique qui va progressivement remplacer les autres, fin 19ème.
La meule mue par un animal de trait est plus rentable et moins fatiguante (20à 25 boisseaux pour les battes ferrées, pour 10h de travail, 80 pour 2 meules actionné par un cheval 40 à 50 pour une meule, pour la même durée
[selon le Manuel du chaufournier, Valentin Biston, 1823] un boisseau valant environ 12,5 litres).

Après avoir été broyé, le plâtre est
tamisé.
La température et la durée de celui-ci est très importante : pas assez cuit, le plâtre serait de mauvaise qualité, trop cuit, le plâtre mettrait longtemps à prendre, voire il ne prendrait pas du tout.
Cependant, même avec une durée adéquate, les pierres formant la voûtes sont trop cuites à l'extérieur sans être assez cuite à l'intérieur. Il en va de même pour les pierres du dessus de la fournée, qui ne sont souvent pas assez cuites, malgré le fait que la diminution de la taille des pierres avec la hauteur avait pour but d'homogénéifier la cuisson. Dans le four, la pierre pouvait aussi être non uniformément cuite selon leur emplacement, en fonction du vent qui entrait par le côté du four non muré.
La fumée imprégniait aussi la pierre, ce qui altérait la qualité du plâtre.
Mais une fois battu et mélangé, la qualité devenait homogène, ce qui donnait un plâtre "ordinaire", qui répondait très bien aux besoins de consommation courante, notamment pour la construction.

Il est aussi à noter que certains gros fabricants transformaient aussi la houille en coke et profitaient de cette chaleur pour cuire le gypse.
Cependant, les fumées étaient très chargées en matières et le feu ne pouvant être modéré, le plâtre produit était alors encore plus mauvais. Il était donc mélangé à du plâtre fait de manière traditionnelle pour être vendu. Cependant, cette méthode permettait de faire des économies. Peu de fabricants l'ont utilisé, mais on note l'existence de cette méthode aux Buttes-Chaumont et à Triel.
[ Description des machines et procédés spécifiés dans les brevets d'invention, Claude, Pierre Molard, 1844 ]

Afin d'éviter à la fumée d'imprégner la pierre et d'obtenir un plâtre de plus grande qualité, des
fours à foyer séparé de la chambre de cuisson voient le jour et se développent pour donner un plâtre de grande qualité, utilisé pour des besoins spécifiques où une grande qualité est requise, comme pour le moulage.
Four à plâtre dans la carrière de St Lizier près Montmorency, 19ème siècle, anonyme, lithographie sur papier, coll. du musée de l'Île de France.
Un homme ramène des falourdes (fagots composé de grosses branches) pour alimenter le four.
Vieux Paris-Montmartre, vue des carrières versant Nord en 1840 route menant au moulin de la Galette. Ce four semble être placé directement dans une bouche de cavage.
A l'arrivée aux fours, par tombereaux, brouettes ou wagonnets sur rail (ces derniers se développant au 19ème siècle), les pierres qui ont été débitées en moellons sont classées selon leur taille et donc la position qu'elles vont occuper dans le four.
Le gypse est alors placé dans ce four comme suit : avec les plus gros morceaux de gypse, sont construites des
voûtes de la longueur du four, et d'environ 50cm de large sur 60-70 de haut, avec autant de voûtes parallèles qu'il est nécessaire selon la largeur du four.
Sur ces voûtes, les autre pierres sont entassées au-dessus : les plus grosses en bas, et au-dessus, les plus petites, jusqu'aux criblures, les pierres ayant la taille d'une noix ou d'une noisette.
Four culée [Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Diderot et d'Alembert, 1751 à 1772].
Vue en coupe d'un four culée [Guide du briquetier suivi du guide du chaufournier et du plâtrier, Emile Lejeune, 1870].
Utilisation du plâtre

En France, l'utilisation du plâtre est attesté dès l'époque Gallo-Romaine.

Les Romains utilisaient ce plâtre pour
enduire les murs (mur enduits de plâtre ou de chaux), faire le stuc (réalisé à partir de plâtre ou de chaux ou des deux et de la poudre de marbre, de brique...).

A l'époque mérovingienne, il était utilisé essentiellement utilisé en Île de France pour
mouler des sarcophages qui étaient,pour la majorité dans cette région, en plâtre moulé (les 4/5ème selon la lettre blanche n°12, du musée du plâtre de Cormeilles-en-Parisis) (cela s'explique par les gisements de gypse, ce qui n'est pas le cas partout en France)
Certains sarcophages sont ornés de figures.
Afin d'augmenter la qualité du plâtre ou de simplifier sa fabrication en diminuant la charge de travail que la fabrication du plâtre demandait, de nombreuses inventions ont vu le jour dans certaines fabriques au 19ème siècle
- Le gypse pouvait être broyé avant la cuisson, ce qui permet de le mélanger pendant la cuisson, et donc d'assurer une cuisson homogène.
- Un brevet est aussi déposé en 1839 par Louis Barbeau, les fours sont composés de foyers séparés, et le gypse est cuit directement dans les wagonnets passant dessus, ce qui offre deux avantages : évite d'avoir à décharger le gypse et à le recharger une fois cuit et évite à la fumée d'imprégner la pierre. La méthode d'exploitation de la pierre est elle aussi différente
[Description des machines et procédés spécifiés dans les brevets d'invention, Claude, Pierre Molard, 1844, document que je vous invite à consulter dans la bibliographie numérique en ligne du site : ici].
- La meule de M. Parquin de Chelles (Seine et Marne) est composée de 3 meules tournant dans une auge. Les essieux sont brisés par des charnières, ce qui permet à la meule de monter sur les pierres trop dures (gypse non cuit ou marne mélangé au gypse),sans les écraser, et donc évite à qu'elle se mélange avec le plâtre, offrant donc ainsi une plus grande pureté [Description de cette meule dans l'ouvrage Exposition universelle de 1855 : Rapports du jury mixte international, Volume 1 par Napoléon Joseph].
- Dans ce même ouvrage, est fait mention de la machine de Dupailly, de Paris, (malheureusement non décrite) permettant de broyer le plâtre et de le tamiser en une même opération.

Ces techniques, suivies par d'autres et l'industrialisation grandissante vont petit à petit permettre à certaines fabriques de se développer et à des familles de s'enrichir. C'est durant ce 19ème siècle, que la multitude de petites fabriques va disparaître pour laisser la place à de grosses usines appartenant à de riches familles.
Sous ces voûtes étaient installés des foyers, généralement fait de falourdes (fagot de branches de grosses dimensions).
Lorsque le four est plein, le feu est allumé d'une dizaine à une vingtaine d'heures
, selon la quantité à cuire, la taille des pierres, les méthodes de chacun.
Alimentation d'un four en falourdes.
Plâtrière Vieujot, ensachage du plâtre et chargement, en 1899.
Four à plâtre à Montmartre, Charles Vernet, date comprise entre 1780 et 1836.
Plâtrière de Monsieur Bancel à Saint-Brice, tableau par Charles Frère, 1883, [Musée des Beaux-Arts de Bordeaux].
Chargement des sacs de plâtre sur des charrettes attelées chacune de deux chevaux. Au fond à gauche, deux wagonnets tirés par un cheval guidé par un homme.
Le four à plâtre entre Paris et Romainville au-dessus de Pantin à mi-coteau, 1825, J. Alp. Testard.
Huile sur toile, [coll. du musée de l'Île de France].
Le four à plâtre, Géricault, vers 1821-1822.
[Musée du Louvre, département Peintures]
Fabrique de plâtre à Montreuil-sous-Bois au début du 20ème siècle.
Carrière et usines Lambert de Cormeilles-en-Parisis en 1914 [musée du plâtre de Cormeilles].
La carrière et l'usine sont en activité depuis 1832 et le sont encore aujourd'hui (société Placoplâtre).
Au Moyen-Âge, le plâtre est surtout utilisé comme produit ignifuge appliqué sur le bois des maisons.

Le 18 Août 1667, -soit trois ans après le grand incendie de Londres- une ordonnance rend obligatoire à Paris et dans ses faubourgs, l'application d'un enduit de plâtre sur des lattes clouées sur les murs intérieurs et extérieurs des maisons à pans de bois, afin de limiter la propagation du feu en cas d'incendie, ce qui va intensifier la production du plâtre.

Le plâtre a aussi servi à réaliser des
moulages en plâtre : décors, frises moulurées, statuaire intérieurs particulièrement au 18ème et 19ème siècle (car moins coûteux que la pierre, production en série), ce qui va encore intensifier la production.
Panneaux à figures [Bulletin de l'Association Française Mérovingienne d'Archéologie, Journées d'études de la Courneuve, 1980].
Le plâtre a aussi servi à faire de la fausse pierre ! (cf la pierre factice de Dumesnil, réalisée à base de plâtre, mélangé à un peu de chaux, d'alun, de colle, et d'ocre pour colorer [Exposition universelle de 1855 : Rapports du jury mixte international, Volume 2 Par Napoléon Joseph p147]) qui a l'avantage d'être moins chère que la pierre traditionnelle et tout autant adapté pour les intérieurs.

Il est aussi utilisé pour la construction pour la fabrication de panneaux pour réaliser des cloisons.

Le plâtre et le gypse non cuit ont aussi servi à
amender les terres.
Manufacture Nationale de Sèvres, Atelier des Mouleurs en plâtre [collection du musée d'Île de France].
Entête de lettre de la plâtrière de Meulan (Massif de l'Hautil). ("Plâtre gros cuit au bois - plâtre fin tamisé - plâtre pour engrais cru, demi-cuit & cuit - plâtre cru en blocs".
Entête de lettre de la plâtrière Paupy à Vitry-sur-Seine en 1914. ("Fabrique de plâtre de construction et d'agriculture - de hourdis pour planchers de barreaux hourdis pour aires de carreaux de plâtre uniformément rugueux aux deux faces - lisses pleins ou tubulaires de différentes épaisseurs - chaux et ciments - carrière et plâtrière à Vitry sur Seine - Bureaux et caisses à l'usine de Paris")
Le plâtre de Paris était réputé, car le gypse servant à sa fabrication, en plus d'être présent en abondance, était très pur. Il était de ce fait utilisé à Paris et exporté (surtout à partir du XIXème siècle, époque des grandes exploitations et des évolutions des méthodes permettant de créer un plâtre pur) : au XIXème siècle, il a même été exporté en Angleterre, en Algérie et jusqu'aux Etats-Unis.
Ce plâtre est appelé : '
Blanc de Paris' (à ne pas confondre avec le blanc (mycélium) des champignonnistes qui vont réutiliser certaines carrières -de gypse, de calcaire, ou autres- pour la culture des champignons !) ou 'Plâtre de Paris'.

Immédiatement au Sud-Ouest du parc, on remarque une butte, délimitée par la rue Manin et les avenues Mathurin Moreau et Simon Bolivar : c'est la butte Bergeyre, (qui n'est qu'un témoin de la butte Chaumont qui a été exploitée sur tout son pourtour à ciel ouvert) qui a été exploitée de manière souterraine. Le reste autour ayant été exploité à ciel ouvert, fait que la butte émerge subitement. En 1918, un stade y est construit à son sommet : c'est le stade Bergeyre, du nom d'un rugbyman, qui pouvait accueillir 15 000 personnes. Il a été démoli en 1926, pour laisser place à un lotissement de maisons et de petits immeubles, inauguré en 1927. Le relief fait qu'il n'y a qu'une seule rue pour y monter, le reste étant des escaliers.

Plus au Sud, sur la place du Colonel Fabien, le
siège du parti communiste, conçu par l'architecte brésilien Oscar Niemeyer de 1965 à1979, est conçu sur des pieux centraux descendant à plusieurs dizaines de mètres, car la zone a été exploitée à ciel ouvert avant d'être en partie remblayée. Les pieux vont donc chercher le sol stable très profondément

Au Sud Est du 19ème, le
quartier d'Amérique également appelé la Mouzaïa (du nom d'une rue qui le traverse) comporte une trentaine de "villas" pavées (à Paris, une villa est une petite rue piétonne et privée, desservant généralement des habitations), bordées de maisons (250 environ aujourd'hui) datant pour la plupart des alentours de 1890 et qui étaient à l'origine destinées à la population ouvrière (et qui sont aujourd'hui très prisées : la campagne en plein Paris ça n'a pas de prix !).

Leur hauteur limitée vient du fait qu'elles ont été construites sur des carrières exploitées sur 2 à 3 niveaux et à cet endroit, en raison de l'instabilité du sous-sol, on n'aurait jamais pu constuire des immeubles de 7 étages (qui est la hauteur d'un immeuble haussmannien), ou alors il aurait fallu créer des fondations très profondes, ce qui aurait été un coût faramineux. De plus il semblerait que la municipalité ait limité l'édification de bâtiment de plus d'un étage à l'époque, par rapport à ces risques.

La sarigue de Montmartre - 1804 (Georges Cuvier)

Georges Cuvier, considéré comme un des scientifiques les plus renommés de son temps. Il est l'auteur de la "loi de la corrélation des formes". Cette théorie qui stipule que toutes les parties du corps d'un animal sont liées entre elles, et donc, à partir de l'analyse d'un fragment d'un fossile, on peut en déduire le reste de l'animal (ex : s'il a des crocs, c'est un carnassier, si c'est un carnassier, il a une mâchoire puissante... etc)
. C'est ce qu'il va faire avec la sarigue.
Dans une carrière de Montmartre, il trouve le fragment d'un fossile. Il analyse la tête, les mandibules et la dentition et les compare avec des squelettes d'animaux vivant aujourd'hui. L'analyse précise de ces restes lui permettent de rapprocher ces fossiles aux squelettes de la sarigue, un petit marsupial vivant en Amérique du Sud. Il en déduit donc le reste de l'animal. Il dégage le reste des fossiles en grattant minutieusement la pierre et découvre le reste fossile, tel qu'il l'avait imaginé.
[Sa démarche est décrite dans son Mémoire sur le squelette presque entier d’un petit quadrupède du genre des Sarigues, trouvé dans la pierre à plâtre des environs de Paris, in Annales du Muséum d’histoire naturelle, tome. V, an XIII (1804), pp. 277-292.]
Il en déduisit également que la sarigue avait vécu dans la région, et que, par conséquent le climat, à cette époque, était un climat tropical.
Cela fera de lui l'un des pères de la paléontologie.
Plus tard, d'autres fossiles seront trouvés et étudiés, notamment un tronc de palmier pétrifié, des fossiles de crocodiles...
En 1860, la butte fait partie des lieux annexés à Paris, et Haussmann a commencé la modernisation de la ville (percées de larges avenues, création de places, espaces verts...).
Les carrières fermées, Napoléon III décida d'assainir ce lieu et d'en faire un parc : ce sera le parc des buttes Chaumont (la volonté était d'aménager des lieux de promenades à chaque coin cardinaux de la ville : les bois de Boulogne et de Vincennes - existants- sont aménagés pour la promenade, le Parc de Montsouris est créé, lui aussi au-dessus d'anciennes carrières -mais de pierre à bâtir).

En
1863, l'état acquiert le terrain et en 1864, les travaux commencent.
Le parc est inauguré après 3 ans de travaux, en 1867, pour l'exposition universelle.

Le parc a été conçu par l'ingénieur et architecte Jean Charles Alphand et le jardinier en chef du service des promenades et plantations de Paris Jean-Pierre Barillet-Deschamps.
Carrières d'Amérique en exploitation (espace compris entre le Boulevard Sérurier et la rue de Mexico, regardant la Poterne des Près), vers 1877, Charles Marville, musée Carnavalet.
Plâtrières situées à l'emplacement de l'actuel parc de Buttes-Chaumont en 1852/1853.
[Photographie de Henri Le Secq, Bibliothèque des Arts Décoratifs].
Carrières d'Amérique (de la rue de Mexico), vers 1877, Charles Marville, musée Carnavalet.
Carrières d'Amérique (des fortifications regardant les Buttes-Chaumont), vers 1877, Charles Marville, musée Carnavalet..
Rue d'Hautpoul et entrée des carrières d'Amérique de la rue de Compans, vers 1877, Charles Marville, musée Carnavalet.
Transformation des carrières en parc [photographie de Charles Marville, vers 1865].
Station des Buttes-Chaumont. [planche IGC] Piedroit central dans la station et sur une portion des voies. On remarque aussi les "éperons" maçonnés et les piliers coupés (contours violets et intérieur blanc) à l'emplacement du tunnel.
Maquette de la station Danube.
# Méthodes d'exploitation en souterrain

Le gypse a été exploité par la méthode des
piliers tournés, d'abord irréguliers, comme pour la pierre à bâtir, mais, le gypse étant structurellement faible, il ne pouvait être extrait ni sur de longues portées ni sur de grandes hauteurs avec cette méthode. Celle-ci va alors être progressivement améliorée, et particulièrement lorsque la demande en plâtre va exploser, au 18ème siècle.

Les piliers vont alors prendre une forme
évasée, de sorte à ce que les galeries aient un maximum de largeur (et donc qu'un maximum de pierre puisse être extraite) et le ciel un minimum de largeur, pour une meilleure stabilité en limitant le phénomène de délitement, donnant ainsi des galeries et des piliers trapézoïdaux.
De plus, le ciel peut être renforcé par des traverses de bois ou de métal, appelées
brindilles, afin de soutenir les roches susceptibles de se déliter et de tomber. Le ciel des galeries peuvent être aussi être conforté par des arcs maçonnés.

La trame de la carrière et la position des piliers devient aussi de plus en plus régulière.

L'exploitation peut alors être plus haute et les carriers peuvent exploiter quasiment l'épaisseur du gisement (soit presque une vingtaine de mètres pour la haute masse !), tout en laissant un banc d'environ un mètre au ciel (appelé
banc des moutons*) pour soutenir les marnes, qui sont des masses incohérentes sur un plan tructurel, et un banc au sol (appelé banc des fusils*).
[*on trouve ces appellations à la page 373 du 33ème numéro du journal des mines du 1er semestre 1813]
L'accès se fait par bouche de cavage, par rampe inclinée ou par puits, selon la profondeur du gypse à exploiter.
On remarque d'après les planches de l'inspection générale des carrières de Paris (IGC), qu'à Paris l'exploitation du gypse s'est surtout fait par bouche de cavage ou rampe inclinée.
En général les bouches donnent dans des carrières exploitées d'abord à ciel ouvert, l'exploitation continuant en souterrain lorsque la quantité de matière à enlever pour avoir accès au gypse est trop important. Parfois, des carrières souterraines de gypse sont aussi réexploitées à ciel ouvert.
Il n'est pas rare de voir une masse de gypse exploitée à ciel ouvert et la ou les masses inférieures exploitées en souterrain avec l'accès en rampe inclinée dans cette carrière à ciel ouvert.
Carrières de Montmartre en 1835 et Carrières d'Amérique (à l'Est des Buttes-Chaumont) vers 1860.
Sur la seconde gravure, on remarque les bouches de cavage réalisées au fond d'une carrière à ciel ouvert. Le gypse est sorti ici par des wagonnets roulant sur des rails.
[Gravures extraites de l'ouvrage Paris Illustré, Adolphe Joanne, 1863]
Les anciennes carrières de gypse dans le paysage actuel parisien

Contrairement aux carrières de calcaire grossier, les carrières de gypse à Paris ont toutes été foudroyées ou remblayées (ou en tout cas, passent pour). Il n'existe donc plus -en théorie- de galeries accessibles.

Si les carrières de gypse ont disparu dans le paysage, pour laisser place à l'urbanisation intensive, elles ont laissé des traces, témoins de cette activité.

# Plusieurs noms de rues ou de quartiers ont pour origine cette activité :
- La rue des carrières d'Amérique et le quartier d'Amérique, dans l'Est de Paris (19ème arrondissement) tient leur nom du fait que ce plâtre a été exporté vers les Etats-Unis d'Amérique.
- Le passage des fours à chaux (19ème arrondissement) tient son nom des fours à plâtre (appelés improprement four à chaux ! - la chaux étant produite de la même manière, mais en faisant cuire du calcaire, à la place du gypse, dans des fours) qui étaient situés à cet endroit
- La rue des chaufourniers, non loin du passage précédent, tient son nom des personnes qui travaillaient dans ces fours.
- On prête l'origine du nom de la rue Blanche, située dans le 9ème arrondissement, (qui est le tracé de l'ancien chemin qui reliait la butte Montmartre -où on extrayait le plâtre- à Paris), les traces blanches dues aux charrettes et tombereaux qui transportaient les sacs de plâtre.
- Le quartier des grandes carrières à Montmartre tire son nom de cette activité.

# Ces traces se retrouvent aussi dans la physionomie de certains quartiers. C'est le cas par exemple dans les quartiers des Buttes-Chaumont et d'Amérique dans le Sud du 19ème arrondissement.

Ainsi, le Parc des Buttes-Chaumont (le 3ème parc parisien par sa superficie et le plus escarpé), était dans le passé d'
anciennes carrières.
A l'emplacement de l'actuel parc, le gypse y a été extrait jusque dans les années 1860, à ciel ouvert et en galeries souterraines, date de l'annexion des communes périphériques à Paris.
Dans l'esprit des gens, jusqu'au 19ème siècle, le lieu avait aussi
très mauvaise réputation, les brigands et vagabonds s'y cacheraient (réalité ou fantasme ? En tout cas, c'est ce que la population de l'époque lui attribue), mais ce n'est pas tout et le reste y a sans doute contribué (la butte Montmartre a la même réputation, les bouches de cavages ouvant abriter les vagabonds, mais ces bouches noires suscitant sans doute aussi à la fois imagination et inquiétude).
Par ailleurs, ce lieu, jadis situé à l'extérieur de Paris a servi jusqu'au milieu du XIXème de lieu d'
équarrissage pour se débarrasser d'animaux vieux blessés ou malades, en particulier des chevaux (12 000/an - dont les crins étaient récupérés pour la tapisserie, les peaux pour les tanneurs, et les carcasses purement et simplement abandonnées), mais aussi des chats et des chiens, dans des conditions d'hygiène les plus épouvantables qu'il soit.
Dans les mares de sang caillés étaient élevés les asticots pour la pêche.
Le contenu des
fosses d'aisances était amené au pied de la butte, (amenée par 17 000 trajets en 1812, ce qui représentait 1 224 000 pieds cubes, soit 4200m3 en 1812 et 1/3 de plus dans les années 1830 [annales d'hygiène publique et de médecine légale, tome 8, 1ère partie, 1832]) où les matières fécales étaient séchées puis réduites en poudre pour en faire de l'engrais, appelé 'poudrette'.
Les habitants de Paris y venaient aussi pour se débarrasser de toutes sortes de choses. Les corbeaux, rats et chiens y pullulaient. D'autre part, le lieu ne possédait pas de végétation.
[On trouve une très "belle" description du lieu par Théophile Gautier (consultable sur la bibliothèque numérique du site ici), ainsi qu'une description plus rationnelle et scientifique dans les annales d'hygiène publique et de médecine légale, tome 8, 1ère partie, 1832]

Cette décharge se situait en dehors de la ville. En 1860, lors de l'annexion des communes limitrophes à la ville de Paris, les carrières ne peuvent plus être exploitées (interdiction) mais l'habitude d'y jeter toute sorte de choses resta.

(De plus, de 1300 environ jusqu'en 1760, il y eût le fameux
gibet de Monfaucon, mesurant une dizaine de mètres de haut, où les suppliciés étaient pendus et dont les corps laissés pourrir, mangés par les corbeaux puis se dessécher, (il pouvait y avoir une cinquantaine de corps à la fois) sur un petit relief au pied de la butte (entre l'actuelle Place du Colonel Fabien et le canal Saint-Martin) et de 1778 à 1850, une arène en bois où se déroulait des "spectacles" -cruels- de combats d'animaux (ours contre porc, loup contre chien, etc) juste en dehors de l'enceinte des fermiers généraux, non loin de l'actuelle place du Colonel Fabien (qui a eu le nom de place du combat jusqu'en 1945 environ, en souvenir de ces combats), ce qui n'aida pas à la réputation de la butte.)
Vue cavalière de Paris, prise au-dessus de Belleville, Charles Léopold Grevenbroeck, 1741, musée Carnavalet.
A droite, l'actuelle rue du Faubourg du temple. On remarque un moulin, une exploitation de gypse à ciel ouvert et un four d'où sort de la fumée. A l'époque c'était la campagne !
Plan non daté mais réalisé entre 1860 (communes annexées) et 1865.
En faisant une petite synthèse des planches IGC, on remarque la disposition en anneau des différents types de carrières selon la méthode d'extraction (ciel ouvert ou souterrain) et les masses exploitées autour de la butte Montmartre.
Méthodes d'exploitations :

Le gypse a été exploité en premier lieu à ciel ouvert, le long des vallées, là où il affleurait naturellement puis où la couche de matériaux à enlever pour avoir accès au gisement était faible.
Le gypse a ensuite aussi été exploité
en galeries souterraines, pour les mêmes raisons que la pierre à bâtir (éviter d'avoir une couche importante de matériaux à enlever pour avoir accès à la pierre, conservation des terrains en surface).

A l'époque gallo-romaine, le gypse était exclusivement exploité à ciel ouvert.
Au Moyen Âge jusqu'à l'époque moderne, il a été exploité à ciel ouvert ou de manière souterraine selon la quantité de matières à dégager pour avoir accès à celui-ci.


# Méthodes d'exploitation à ciel ouvert

Les couches de terres et de marnes sont
retirées et emmenées hors de la zone d'extraction en activité avec des brouettes poussées par des hommes, des tombereaux tirés par des animaux de trait ou (à partir du 19ème siècle) des wagonnets roulant sur des rails.
L'attaque se fait sur le coteau ou sur le plateau, et traditionnellement en
gradins, du haut vers le bas.
Chaque banc de gypse est
défermé (creusement de saignées verticales dites tranches de défermage) puis est extrait en le soulevant avec des coins ou des leviers. Le gypse peut aussi être extrait par des charges explosives, celles-ci étant placées après avoir foré un trou cylindrique dans lequel va être mis la charge qui va faire éclater la roche (contrairement à la pierre à bâtir le gypse, par sa destination, ne nécessite pas les mêmes précautions)
Une fois extrait, le gypse est transporté de la même manière que les terres et marnes.

Notons la méthode de Louis Barbeau, qui a fait l'objet d'une demande de brevet en 1849
[Description des machines et procédés spécifiés dans les brevets d'invention, Claude, Pierre Molard, 1844, document que je vous invite à consulter dans la bibliographie numérique en ligne du site : ici ] : les carriers creusent dans la partie inférieure de la masse de gypse, voire sous celle-ci en ménageant des piliers. Ceux-ci sont alors minés pour les faire sauter. Tout un pan s'effondre, les masses supérieures au plus loin. Cela permet d'éviter tout le travail d'extraction des bancs un à un et le transport des terres recouvrant le gypse, celles-ci tombant au plus loin.

Les inconvénients de la méthode à ciel ouvert sont la perte des terrains pour l'agriculture et la quantité de matière à découvrir, mais, contrairement à l'extraction de calcaire grossier, elle est encore rentable car il est plus rentable de déblayer un sol pour extraire une épaisseur de 20 mètres de roche que de seulement 2m, sans compter que toute la masse peut être alors exploitée. Cela explique la quantité de carrière de gypse à ciel ouvert, alors qu'à à la même époque (à partir du XII-XIIIème siècle), la quasi-totalité de l'exploitation du calcaire grossier se faisait de manière souterraine. (Ce qui explique cela est aussi l'instabilité du gypse structurellent parlant : voir la partie suivante, méthodes d'extraction en souterrain.)

Les couches de marnes et argiles à enlever ne sont pas forcément perdues : celles-ci peuvent aussi être valorisées, ou du moins en partie.
Ainsi on note
[dans le Paris illustré - Nouveau guide de l'étranger et du parisien, de Adolphe Joanne publié en 1863] que les carrières des Buttes-Chaumont, exploitent aussi les marnes et les argiles situées dessus pour faire de la chaux et des briques vers 1860 et ce "depuis au moins 20 ans".

Dans ces mêmes carrières, le sol a été fouillé par l'exploitation sur 61m de profondeur. L'aperçu géologique de M. André
[dans la revue horticole, volume 38, 1867] permet de se faire une idée des couches de cette même carrière :
"> Marnes infertiles, effritées, irrégulières : 2m90
> Glaise pure propre à la fabrication des briques 5m
> Marne blanche à teintes ferrugineuses disposée en feuillets ou sortes de lames régulières : 0m97
> Calcaire argileux ou sorte de marne propre à la fabrication du ciment : 0m30
> Marnes propres à l'agriculture : 1m05
> Banc vert ou marne irisée : 0m95
> Marne verte : 0m95
> Marne rouge : 0m40
> Marnes de couleurs variées, parfois bleue, dont on n'a pas encore reconnu l'utilité : 7m00
> Marne pouvant être convertie en ciment par la cuisson : 1m00
> Couches de plâtre alternées avec des marnes effritées : 6m00
> Plâtre (sulfate de chaux hydraté) : 17m00
> Mauvaises marnes de teintes variables : 6m00
> Plâtre exploité : 6m
> Marnes considérées comme mauvaises, sans emploi : 3m
> Plâtre exploité : 2m80
> Au-dessus de cette profondeur, qu'on n'a guère dépassée, se continue très probablement encore pendant longtemps la masse de plâtre dont on exploite la partie supérieure
".
Photographies successives des différentes phases d’une explosion dans les carrières de gypse d’Argenteuil, planche de 4tirages sur papier albuminé d’après négatifs au gélatino-bromure d’argent - 28,5 x17,2 cm, A. Londe, avril 1885.
Le Raincy, vue générale de la Fosse Maussoin.
Dans le 19ème arrondissement, à l'aube des années 1860, on référence trois principales carrières : la carrière des Buttes-Chaumont, la carrière du Centre et la carrière d'Amérique.
Les deux premières ne sont plus qu'extraites à ciel ouvert, alors que la carrière d'Amérique est aussi exploitée en souterrain (
*). Celles-ci emploient 800 ouvriers (250 à 275 par carrière)(*) et produisent 150 000m3 de plâtre à elles trois (*).
Depuis au moins plus de 20 ans, sont aussi exploitées les marnes et les argiles situées dessus pour faire de la chaux et des briques (
*).
[(*) Paris illustré - Nouveau guide de l'étranger et du parisien, par Adolphe Joanne publié en 1863]
Celles-ci sont entourées par la ville comme on peut le constater sur le plan suivant, réalisé au lendemain de l'annexion.

On estime aujourd'hui, dans le seul 19ème arrondissement, la surface exploitées à ciel ouvert à 72ha et en souterrain à 25 ha.
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Règlements et interdictions

#
Le 23 Janvier 1779, une déclaration du roi interdit l'exploitation souterraine de "carrières à plâtre" par bouche de cavage. Celles-ci seront donc exploitées à ciel ouvert.
"
Art.1. Toute exploitation de carrière à plâtre, par cavage, cessera d'avoir lieu dans toute l'étendue fixée par l'art. 3 (*), ci-après, à compter du jour de l'enregistrement de notre présente déclaration ; voulons, en conséquence, que les dites carrières à plâtre, ne puissent à l'avenir être exploitées qu'à découvert et à tranchée ouverte (...)"
(*) L'article trois mentionne : "
à la distance d'une lieue [soit 3,898km] de la banlieue de notre bonne ville de Paris, mais encore dans la ville de Saint-Denis et dans les paroisses de Deuil, Montmagny , Pierrefitte, Stains, Epinay , Argenteuil, Houilles , Gennevilliers, Colombe, Bezons , Courbevoye, Montesson, Carrières-Saint-Denis, Chattou, Nanterre, Putteaux, Ruelle, Surènes, Croissy, Bougival, la Selle-Saint-Cloud , Vancresson, Garches, Saint-Cloud, Marne, Ville-d'Avray, Sèvres, Meudon, Fontenay-aux-roses , le Plessis-Piquet , Sceaux , Châtenny-Antony , Verrières , Fresnes, Rungis , Layen entier , Chevilly, Thiais, Choisy le-Roi , Creteil , Maisons , SaintManr , Nogent-sur-Marne, tout Montreuil, Rosny, Villemonble, Noisy-le-Sec, Bondy, Baubigny, Drancy, la Cour-Neuve, et le Bourget".
[cf Essai d'un répertoire raisonné de législation et de jurisprudence ..., Volume 1, Par Godefroid, pp128-129, cet ouvrage est disponible en ligne dans la bibliographie numérique ici]
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Lorsque l'exploitation par puits est terminée, contrairement aux exploitations de gypse par bouche de cavage, elles ne sont pas systématiquement comblées ou foudroyées, mais "on déterminera si on doit faire sauter, au moyen de la poudre, les piliers restant, ou s'il est nécessaire d'y faire construire quelques piliers, ou enfin si la carrière peut être fermée sans qu'il en résulte aucun inconvénient" (Art 55).

L'exploitation de carrières de gypse est interdite dans Paris (Art. 57) (dont les limites n'étaient pas celles d'aujourd'hui : enceinte des fermiers généraux).

Ce décret n'est pas le seul, mais c'est le premier qui réglemente de manière aussi précise l'exploitation du gypse. D'autres règlementations viendront par la suite.
Notamment, le foudroiement systématique sera abandonné, car s'il permet d'éviter les effondrements, il ne permet pas d'éviter le phénomène de tassements (au contraire).
Exploitation de gypse par hagues et bourrages.
[Héricart de Thury, 1812.]
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Le lac est situé dans une partie de l'ancienne carrière à ciel ouvert.
La
grotte (un des éléments chers au romantisme, mouvement très en vogue à cette époque), d'une vingtaine de mètres de hauteur, est l'entrée d'une ancienne carrière souterraine (le reste ayant été remblayé et fermé). Des fausses stalactites y ont été ajoutées.
La
cascade (autre élément cher au romantisme), dans cette grotte, passe dans un ancien fontis !

La
masse rocheuse témoin qui se dresse à une cinquantaine de mètres de hauteur au milieu du lac est coiffé d'une réplique du temple de Cybille de Tivoli près de Rome. Le gypse, qui se dissout très facilement à l'eau, est recouvert d'une couche de ciment.

Le relief dû à carrière à ciel ouvert est pris comme atout et élément de décor romantique pour aménager le parc. Le sol est modelé. De la terre végétale est importée, car le sol était impropre à la plantation.
Les travaux sont titanesques :
.
Il aura fallu un millier d'ouvriers, une centaine de chevaux, 450 wagonnets, 39km de rails, 2 machines à vapeur, de la dynamite pour faire sauter les rochers, l'apport de 200 000m3 de terre végétale, 800 000 m3 de terrassements
[chiffres sur le site www.paris.fr].
Coupe.
Butte-témoin au sein du parc.
La grotte.
Une galerie de carrière dans la butte-témoin.
La conception et la construction d'une partie de la ligne de métro 7bis est aussi liée aux anciennes carrières de gypse.
La construction de celle-ci, au début du 20ème siècle, n'a pas été des plus simples. En effet, la ligne passe dans d'anciennes carrières remblayées, voire foudroyées. La construction d'un tunnel dans ce type de terrain relève du défi : en plus de l'instabilité des lieux, il faut aussi couper des piliers supportant des charges phénoménales.

La ligne passe sous le parc, au-dessous des carrières, en remontant.
Elle coupe ensuite les carrières, peu avant la station des buttes Chaumont et sous la rue Botzaris, et ce, sur un peu plus de 350 mètres. Elle traverse ensuite la masse non exploitée, et, au nord de la boucle, elle repasse dans d'anciennes carrières, celles d'Amérique.

Pour réaliser le tunnel dans ces anciennes carrières, il a fallu le construire sur des pieux qui descendent jusqu'à la roche saine.
A l'Est du parc des Buttes Chaumont, le tunnel est situé à 2,5m au-dessus de l'ancien sol de la carrière. Les pieux mesurent 1m50 de diamètre et sont implantés tous les 6m.
Sous le quartier d'Amerique (partie nord de la boucle), cela a été encore plus compliqué, car les trois masses ont été exploitées. Les piliers atteignent jusqu'à 35m de hauteur. Ils sont toujours espacés de 6m, mais font 2,5m de diamètre. Certains parlent -ce qui est une qualification très imagée- de "viaduc souterrain".
Ces pieux sont placés sous les piédroits (murs soutenant les voûtes) du tunnel, mais bien souvent, il a fallu un piédroit central, notamment dans les stations, ce qui explique que les stations Buttes Chaumont et Botzaris comportent 2 voûtes parallèles formant deux voies séparées
Pour éviter les mouvements latéraux, des galeries perpendiculaires au tunnel ont été réalisées puis bétonnées afin de créer des sortes d'éperons s'appuyant sur les piliers de gypse préservés.
Les ruelles et les maisons à la Mouzaïa, quartier d'Amérique, en plein Paris !
La station "Buttes-Chaumont".
La station "Botzaris".
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L'exploitation du gypse, aujourd'hui en Ile de France

Le gypse est aujourd'hui exploité dans une immense carrière à ciel ouvert à Cormeilles-en-Parisis, et ce depuis 160 ans (la carrière Lambert est née le 8 février 1832 -et non pas 1822, comme cru jusqu'en 2007, à cause d'une simple erreur de recopiage de date !).
Le gypse y est entièrement exploité (3 masses, 16m, 6m et 2,5m).
Elle produit 450 000 tonnes de gypse par an (soit 220 000m3), répartis en 320 000 tonnes de gypse de 1ère masse donnant du plâtre de première qualité, utilisé pour faire des plâtres à mouler et industriels, et 130 000 tonnes de gypse de 2ème et 3ème masse, moins pur, utilisé pour des plâtres de préfabrication.
Cette exploitation nécessite un déplacement annuel moyen de 1 100 000m3 de matériaux pour avoir accès ce gypse, par des machines ultra puissantes.
En 2007, on estimait la fin de l'exploitation de cette carrière à ciel ouvert en 2015 ou 2016. Mais il reste beaucoup de gypse dans la butte. Une exploitation souterraine n'est pas exclue, mais environ 1/3 du gypse total seulement pourra être exploité : la 2ème et 3ème masse ne le seraient pas (déjà perte d'un tiers), et du gypse de 1ère masse devra être laissé en place sous forme de piliers, ciel et sol (1/2 de perte dans la 1ere masse) pour maintenir le terrain.
[chiffres lettre blanche n°28 du musée du plâtre de Cormeilles]

Le gypse est actuellement exploité en souterrain à Livry Gargan (Gypse S.a.m.c.) et à Montmorency.
[Dossier réalisé du 20 Décembre 2010 à Mars 2011 et mis en ligne le 6 Avril 2011]
Roue pour écraser le plâtre, Léon Jouenne fils, aquarelle, vers1904.
Le plâtre est ensuite livré. Le transport s'effectue en charrette. Le plâtre est contenu en tonneaux puis en sacs, pour protéger celui-ci de l'humidité.

Le gypse pouvait aussi être seulement cuit puis transporté dans des ateliers, où il est battu et tamisé en fonction de la demande. La conservation en bloc étant beaucoup moins sensible à l'humidité que la conservation en poudre.
Il y avait de ces ateliers à Paris, où une bonne partie du plâtre était expédié (d'où le nom de la rue du plâtre, non loin du Centre Georges Pompidou, ou des anciens noms de la rue Domat, situé dans le quartier de la Sorbonne qui s'appelait autrefois rue des Plâtriers, de la Plâtrière, rue du Plâtre-Saint-Jacques, avant de prendre son nom actuel en 1864). [dans son ouvrage 'Curiosités historiques et pittoresques du vieux Montmartre', publié en 1904 Charles Sellier affirme que ces magasins seraient déjà indiqués au XIIIème siècle].

Le plâtre qui partait vers des destinations un peu plus lointaines était transporté par voie d'eau.