
La découpe des bancs
Une fois le banc à terre, il fallait le larder, c'est-à-dire le découper en blocs de pierre de différentes dimensions en fonction de la demande.
En général, les blocs étaient calibrés selon des tailles précises et chacun portaient un nom, cependant, les tailles ainsi que les dénominations varient en fonction des carrières et des époques. Ceci-dit, certains se retrouvent comme le parpaing et la douelle. Le parpaing est le bloc qui fait l'épaisseur d'un mur et le traverse. La douelle est celui qui permet de réaliser les cloisons internes.
En Touraine, on a aussi le gros, le boulot, le guilbedouin...
Dans la région de Saumur, on trouve la barraude, appelée aussi grande barraude, quartier ou pied carré qui mesure de 50 à 82 cm de long, 30 à 35 cm de hauteur et 22 à 33 cm de profondeur. Ce gabarit est la dimension habituelle des pierres de Champigny, qui servent de soubassement.
Le parpaing, qui est le gabarit le plus courrant est apellé aussi petite baraude, tuffeau, gabarier ou commun mesure de 48 à 55 cm de long, 22 à 33 cm de haut et 15 à 28 cm de profondeur.
La douelle, quant à elle mesure de 50 à 66cm de long, 30 à 33 de haut et 12 à 20 cm de profondeur.
Le Nantais, qui est un bloc de petite taille qui et utilisé dans les étages supérieurs des Maisons de Basse-Loire mesure de 45 à 50 cm de long, 25 à 28 cm de haut et 15 à 20 cm de profondeur.
(source pour les dimensions : http://pagesperso-orange.fr/saumur-jadis/methode/materiau.htm)
Certains blocs peuvent aussi être de dimensions spécifiques pour un chantier (éléments d'une tour, de fenêtres, d'escalier, de colonnes, etc).
___________________________________________________________________________________________
© 2005-2009 www.troglos.com
Tous droits réservés.
L'ensemble du site ainsi que son contenu (textes, photographies, images, documents, shémas, etc.) sont soumis aux droits d'auteur.
Toute reproduction, représentation, ou diffusion totale ou partielle sont strictement interdites sans autorisation écrite de l'auteur.
~ °oO°Oo° ~
Marquage des blocs
Les tailleurs de pierre marquent de leur signe (une lettre, un dessin), les pierres ainsi taillées. Chaque tailleur possédait sa marque. Cela permettait de comptabiliser le nombre de pierre taillées et d'être payé en conséquent (celui-ci étant payé à la tâche). Ces marques sont appelées marques de tâcherons et se retrouvent encore sur de nombreux bâtiments. On trouve aussi souvent ces marques sur les outils des tailleurs de pierre. Certaines personnes étudient ces marques. L'étude de celles-ci s'appelle la glyptographie.
Le tailleur marque aussi le numéro de la pièce.
Le sens de lecture permet de positionner le bloc comme il faut, de manière à ce qu'il soit placé dans son lit naturel, c'est-à-dire dans le sens des strates, car il possède une meilleure résistance dans son sens naturel.
Equarissage des blocs ainsi obtenus
La pierre qui restait encore irrégulière était alors équarrie au marteau-taillant.
Le marteau-taillant est un outil constitué de deux tranchants parallèles au manche, droits et lisses, et très lourd. Ceux-ci permettent d'enlever des épaisseurs de pierre, et ainsi régler la taille du bloc de manière extrêmement précise.
Ses tranchants sont lisses et utilisés pour la pierre tendre. Il est aussi appelé laye ou laie.
La découpe des bancs
La découpe se fait par le carrier lui-même, soit par un tailleur de pierre.
La pierre pouvait être directement découpée à la scie, un homme de chaque côté, pour les bancs de faible largeur.
Sinon le banc pouvait être fendu : on creusait dans celui-ci de petits sillons parallèles peu large et peu profond dans lesquels on insérait des aiguilles métalliques pour fendre la pierre.
Chaque bloc ainsi obtenu (appelé larde) était ensuite refendu en morceaux de la même manière que précédemment ou était scié.
~ °oO°Oo° ~
~ °oO°Oo° ~
Les blocs ainsi obtenus étaient alors facilement manipulables et ne dépassaient rarement 30 à 35cm d'épaisseur. Si le banc en faisait 50 au départ, c'est qu'il fallait prévoir une marge assez importante de matériaux, la pierre s'arrachant rarement sur un plan uniforme lors de l'extraction.
Cela produisait donc beaucoup de déchets, qui s'additionnait aux déchets d'extraction proprement dite.
Les déchets pouvaient être utilisés pour servir de matériaux de remplissage des murs, en particulièrement des murs pignons plus épais, ou réaliser des murs en moellons, ou encore à fabriquer de la chaux, qui servira à faire du mortier ou à amender les champs (voir la partie concernée)
L'équarrissage se fait en carrière, voire devant-celle-ci pour plusieurs raisons.
La première est qu'il fallait tailler les blocs avant que ceux-ci ne sèchent et que le calcin, couche protectrice ne se forme.
La deuxième est que le transport coûte cher, jusqu'à deux tiers du prix des matériaux, ainsi, les blocs étaient taillés, ou du moins dégrossis sur place, afin d'éviter de transporter de la matière inutile.
La finition peut être plus ou moins fine, la pierre pouvait aussi être équarie plus précisement en atelier ou sur le chantier de construction avec ces mêmes outils ou d'autres outils (lissée avec un chemin de fer, etc).
Le travail de la pierre pouvait faire intervenir d'autres corps de métiers, comme des sculpteurs ou des ciseleurs. Leur travail se fait en atelier ou sur les chantiers.
~ °oO°Oo° ~
On distingue d'autres types de marteaux taillants :
Il existe des marteaux taillants qui sont munis de dents rapprochées et plates. Les dents sont appellées brettures, ce qui a aussi donné le nom à cet outil : la bretture, il est aussi appelé le rustique. Parfois les dents sont plus fines à leur extrémité qu'à leur base.
Il existe aussi un taillant muni de dents en pointes appelées grains d'orge, car semblables à ceux-ci, utilisé pour les pierres dures, fermes et semi-fermes, les dents pénétrant ainsi plus facilement dans la pierre, appelé taillant à grain d'orge.
Pour la pierre tendre, la polka pouvait être aussi utilisée. Elle possède, elle aussi, deux tranchants, mais l'un est perpendiculaire au manche. Elle est plus petite et plus légère que le marteau-taillant et donc plus maniable et autorise donc un travail plus précis. Elle est utilisée aujourd'hui dans les opérations de ravalement, le tranchant parallèle au manche permettant de travailler face au mur.
Dents de taillant à grain d'orge
Le pic est aussi utilisé, mais le pic du tailleur de pierre est plus petit et plus léger que celui du carrier.
La smille est une sorte de gros marteau dont les deux extrémités se terminent par une pointe, il est utilisé pour les pierres très fermes.
La scie crocodile est aussi utilisée pour couper les blocs selon un gabarit qui peut être réalisé en bois. Une seule personne la manie. Son principal inconvénient réside dans le fait que si elle encontre un silex, elle ne pourra pas le couper, de surcroît, les dents se détérioreront, alors qu'u marteau taillant, lui, est capable de le couper net.
Les traces de tous ces outils se voient généralement avec une lumière rasante, le matin ou le soir, sur nos maisons en tuffeau, ce qui permet d'identifier quels outils ont été utilisés.
Blocs grossièrement équarris dans une ancienne carrière reconvertie ensuite en champignonnière.