Les différents types d'éclairages selon les époques :
Si les moyens d'extraction ont peu changé, du XIIème au début du XXème siècle, l'éclairage, lui, a subi des évolutions.
Jusqu'au XIXème siècle, on s'éclairait principalement avec une lampe à huile ou des chandelles.
La lampe à huile est un système hérité des Romains. Elle se compose d'un récipient dans lequel on verse l'huile et d'une mèche dans laquelle l'huile remonte par capillarité, qu'on allume. Une petite fiole permet de remplir la lampe quand l'huile vient à manquer.
Son inconvénient majeur est qu'elle produit beaucoup de fumée et assez peu de lumière.
Petite niche dans une carrière du Loir-et-Cher.
___________________________________________________________________________________________
© 2005-2009 www.troglos.com
Tous droits réservés.
L'ensemble du site ainsi que son contenu (textes, photographies, images, documents, shémas, etc.) sont soumis aux droits d'auteur.
Toute reproduction, représentation, ou diffusion totale ou partielle sont strictement interdites sans autorisation écrite de l'auteur.
~ °oO°Oo° ~
Dans les années 1850 la lampe à pétrole et la lampe à essence font leur apparition. Le pétrole ou l'essence, plus fluides que l'huile, montent plus facilement par capillarité dans la mèche, elles produisent aussi moins de fumée, les qualités d'éclairage sont donc meilleures.
La chandelle est constituée d'une mèche, souvent du jonc, entourée de suif (graisse) de boeuf ou de mouton, ou de graisse végétale. La mèche était soit trempée dans ce suif, puis on laissait durcir, ou bien on enroulait du suif déjà durci autour de la mèche.
La flamme est très jaune et dégage elle aussi beaucoup de fumée.
Dispositifs réalisés dans les carrières pour l'éclairage
On aperçoit dans les galeries de petites niches, permettant d'y placer les différents moyens d'éclairage, lampe à huile, ou chandelles. Les lampes à huile ont alors le "bec", contenant la mèche, sorti vers l'extérieur.
Toutefois, ces niches ne doivent pas être confondues avec les niches destinées à déposer plusieurs objets, beaucoup plus grandes, ou celles destinées à recevoir une petite statue, croix, ou tout autre objet religieux, chargé de veiller sur les carriers, ces dernières n'étant pas forcément très différentes (certaines niches ont aussi pu remplir successivement les deux fonctions).
La lampe à acétylène appelée aussi lampe à carbure, ou encore parfois Davy-lampe, du nom de son inventeur, fait son apparition et se développe à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, quasiment en même temps que celles à huile et à essence.
Celle-ci est composée de deux réservoirs, le réservoir supérieur où se trouve l'eau et le réservoir inférieur où se trouve le carbure de calcium. Un robinet permet de faire goutter l'eau sur le carbure, cela provoque une réaction en produisant de l'acétylène, un gaz inflammable, celui-ci sort par un bec, qu'il suffit d'allumer.
La lampe à acétylène produit une lumière beaucoup plus vive et beaucoup moins de fumée.
Un modèle de lampe à essence de carrier avec son manche.
Lampe à acéthylène typique des carriers du Val de Loire avec son manche en bois.
Un autre type de lampe à acéthylène, celle-ci s'accrochant à la paroi avec un crochet.
Les lampes à pétrole, à essence ainsi que les lampes à acétylène de carriers comportant un manche, il suffit de creuser un trou plat, voire cylindrique, selon la forme du manche (sachant qu'un manche cylindrique peut entrer dans la partie la plus haute du trou plat), afin d'encastrer l'extrémité de celui-ci dans le rocher et de maintenir la lampe. Ces trous sont appelés bitoniots (du moins dans le Lochois).
Afin d'éclairer le fond de la saignée qu'il creuse, le carrier déplace sa lampe selon les besoins à différentes hauteurs. On aperçoit ainsi 2 à 3 bitoniots étagés les uns au-dessus des autres, le front de taille avançant, ceux-ci sont refaits, on observe ainsi des lignes de trous sur certaines parois, certaines d'entre elles sont très régulières. Au-dessus des trous les plus haut, on aperçoit le noir de fumée qui s'est déposé sur le ciel. En observant la quantité de fumée, on peut savoir quel lampe a été utilisée (la lampe acétylène produisant moins de fumée que la lampe à essence et la lampe à pétrole, et ces deux dernières moins que la lampe à huile) et ainsi savoir à quelle époque la carrière a été exploitée.

Bitonio dans une carrière du Loir-et-Cher.
Au dessous, une gravure, sans doute une signature, voire une marque de tailleur de pierre.
Bitonios et noir de fumée sur le ciel dans une carrière d'Indre-et-Loire.
Bitonios placées régulièrement dans une carrière du Loir-et-Cher.
Bitonios toujours aussi réguliers dans une carrière d'Indre-et-Loire.
Autres lampes
Voici un petit aperçu, qui sera complété au fur et à mesure, d'autres lampes, fonctionnant à huile, pétrole, essence, ou à carbure, mais de facture différentes, en usage dans les carrières d'autres régions françaises, dont certaines ont été utilisées dans notre région.
~ °oO°Oo° ~
-
"Lampes de champignonnistes - Chelles - Seine-et-Marne Ile-de-France
Diamètre : 7,5 cm
Matériaux :fer blanc, laiton
Datation : XIXe siècle - XXe siècle
Ces lampes de champignonnistes construites en fer blanc fonctionnent à l'huile ou au pétrole. Elles étaient utilisées dans les carrières souterraines de gypse de la montagne de Chelles. L'exploitation du gypse à Chelles remonte à la période gallo-romaine. À l'époque, le plâtre tamisé était gâché grossièrement et des éléments étrangers, tels que du charbon de bois, des morceaux de gypse non cuit et divers autres matériaux y étaient mêlés. Les premiers plâtriers utilisaient la technique du moulage et la fabrication en série. Un peson de tisserand, une colonne et différents objets ont été découverts dans la commune."
- "Lampe à huile, La Ferté-sous-Jouarre, Seine-et-Marne, Ile-de-France.
Longueur : 32 cm
Diamètre : 10 cm
Matériaux : Fer, bronze
Datation : XIXe siècle
Cette lampe à feu nu de carrier possède une mèche qui trempe dans l'huile de colza. Cette lampe, qui remplace avantageusement les chandelles, peut se porter à la main ou être fixée sur les parois par son manche métallique. Il existe sur la commune de La Ferté-sous-Jouarre un grand nombre d'exploitations artisanales de gypse qui disparaissent à la fin du XIXe siècle."
- "Lampes de champignonnistes, Claye-Souilly, Seine et Marne, Ile de France
Longueur : 35 cm
Diamètre : 10 cm
Matériaux : bronze, Fer
Ce type de lampe à acétylène, portée à la main, est réservé à la cueillette des champignons. Lors de cette opération, le champignonniste porte du côté gauche le panier sur son avant-bras et la lampe avec la main. Sa main droite est alors disponible pour la cueillette. Ces lampes ont été utilisées par l'entreprise Lacombe dans les carrières souterraines Letellier, où elle cultivait le champignon de couche ou de Paris, dont le nom botanique est Psalliota campestris ou Agaricus bisporus, et le mycélium, semence qui était revendue aux autres champignonnistes de la région dans des bouteilles de lait."
- "Lampe de carrier, Château-Landon, Seine-et-Marne, Ile-de-France
Hauteur : 36 cm
Diamètre : 11,5 cm
Matériau : Fer
Datation : XVIIIe siècle
Cette lampe à feu nu, ou rave, se répand dans la plupart des carrières souterraines du département. Ovale ou plate, elle possède une mèche qui trempe dans l'huile de colza ou d''illette. Elle était notamment utilisée dans les carrières de craie de Château-Landon. La craie, ou castine, était surtout utilisée pour la fabrication du blanc d'Espagne. Les carrières de Château-Landon sont tristement célèbres en raison de l'effondrement généralisé de la carrière Beaulieu, le 21 janvier 1910, qui rase le petit hameau de Lorroy et provoque la mort de sept personnes. La pierre extraite de la carrière du Gouvernement, gérée par l'État, a servi, entre autres, à la construction de l'Arc de triomphe."
Les champignonnistes utiliseront les mêmes types d'éclairage que les carriers, notamment les lampes à pétrole, essence ou acétylènes, celle-ci se développant à leur arrivée dans les lieux.
- "Lampe à huile, Crozon, Finistère
Datation : XIXe siècle
L'huile obtenue par pressage des sardines dans les barils est utilisée pour l'alimentation des lampes à huile. La mèche de celle-ci sort par l'extrémité effilée et produit une maigre lueur, accompagnée d'un dégagement de fumée important."
- (Source des lampes présentées: ressources en ligne du site http://fr.topic-topos.com
Extraits des objets découverts en Bretagne et en Ile de France)
"Lampe à acéthylène, Larchant, Seine et Marne, Ile de France
Hauteur : 23 cm
Diamètre :10 cm
Matériaux : bronze, fer
Fabricant : H. Fondeur
Ce type de lampes à acétylène a été utilisé dans la carrière souterraine du Puiselet d'où était extrait du sable de Fontainebleau utilisé pour la fabrication de verre. L'extraction souterraine permettait d'obtenir un produit sans impuretés végétales. Cette carrière au développement exceptionnel a été ouverte en 1924 par M. Ménard. Une trentaine d'ouvriers y travaillaient jusqu'en 1944. Certaines galeries atteignent huit mètres de haut et dépassent dix mètre de large. Il existe plusieurs autres carrières similaires aux alentours de Nemours."
"Lampe à huile, Saint-Etienne-en-Coglès, Ile et Villaine
Hauteur : 28 cm
Matériau : Fer
Cette petite lampe à huile faisait partie des objets usuels du paysan. La petite coupelle contient l'huile. Cette lampe est accrochée au manteau de la cheminée à l'aide de son crochet. En se consumant, l'huile laisse des traces indélébiles sur la pierre."
"Lampe à carbure, La Bosse de Bretagne, Ile et Villaine
Matériau : Fer
Ce type de lampe était utilisé parallèlement aux lampes à pétrole, jusqu'au début des années 1950, époque de l'électrification des campagnes. L'eau, située dans la partie supérieure, coulait sur les pierres de carbure placées dans le fond de la lampe, ce qui provoquait le dégagement d'un gaz inflammable, l'acétylène. La flamme ainsi obtenue était très claire et n'était protégée par aucun globe de verre. Un crochet permettait de suspendre cette lampe."
Petite niche avec noir de fumée.
Une autre niche, plus petite, avec noir de fumée.