La carrière Nordenskiöld // La carrière des cinq Oeuvres
Lorsque l'Art "de surface" s'invite "au-dessous"L

Les dessins de cette carrière ont fait l'objet d'une conférence présentée par mes soins lors du 33e congrès de la S.F.E.S. (Société Française d'Etude des Souterrains) les 11 et 12 septembre 2010, à Loudun (Vienne), intitulée "
Lorsque l'Art +de surface+ s'invite +au-dessous+".


Exploration et photographies du 20/04/2010.
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Les cinq dessins sur la paroi d'une galerie.
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En partant de la gauche, le 1er dessin représente une statue. Dessous il est mentionné "La République - Groupe allégorique de Jules Dalou acquis par la ville de Paris". Ce dessin est la reproduction de la statue "Le triomphe de la République", située au milieu de la Place de la Nation à Paris.
Le deuxième dessin est un monument.
Ce dessin semble avoir été réalisé à la règle et est extrêmement détaillé.
Les joints entre les blocs de pierre ont été représentés, le décorum a été représenté avec un réel soucis du détail et de justesse.
A première vue, trois hypothèses sont possibles : l'auteur a pu dessiner la cathédrale uniquement d'après des souvenirs, ou bien celui-ci a bien dessiné une cathédrale d'après un modèle, mais il se serait trompé de nom, ou encore l'auteur est bien parti d'une représentation de la cathédrale de Cologne, comme modèle, mais au lieu de seulement la recopier, il aurait décidé de la dessiner, avec une très grande liberté, l'embellissant selon ses propres goûts, ou s'en inspirant pour créer un autre monument imaginaire.

Maintenant, penchons-nous sur l'histoire de cette cathédrale.

La première pierre de celle-ci a été posée le 15 août 1248. Le coeur est construit, puis la nef est commencée. Au milieu du XIVème la tour Sud commence à être édifiée, parallèlement à la construction de la nef qui continue. Au XVIème siècle, la tour nord est ébauchée.

En 1560 le chapitre décide de mettre fins aux travaux (manque d'argent, et le gothique n'est plus en vogue), alors que les travaux sont loin d'être finis. À cette époque, le chœur, la partie inférieure de la tour sud avec la salle des cloches ainsi que la nef et le transept étaient achevés jusqu'à hauteur des arcades inférieures. La tour nord n'existait encore pratiquement pas.

Fin XVIIIème siècle, des adeptes du romantisme allemand cherchent à attirer l'attention sur cette cathédrale inachevée. L'achèvement de la construction est alors considérée comme une priorité par la population.
Adolf Erik Nordenskiöld (1832-1901) est un géologue minéralogiste finlandais connu pour avoir exploré l'Arctique, d'abord en 1872-1873 puis en 1878-1879.
Il est devenu célèbre suite à ses études des côtes de la Nouvelle Zemble et de la Sibérie. Il fut aussi le premier à franchir le passage du Nord-Est lors de l'expédition de 1878.
A droite, le rocher est toujours lissé, mais aucun dessin n'a été réalisé ; cependant des graffitis ont été réalisés (signatures, textes).
Cependant, il y a un problème : ce dessin ne ressemble pas à la cathédrale de Cologne :
Dans les deux cas, on a bien une tour plus haute que l'autre, deux bas-côtés, un décor de la toiture similaire, mais le reste est différent : hauteur de la toiture de la nef par rapport aux tours, baie au-dessus du portail principal, baie des tours....
Dans une carrière de Touraine, à une cinquantaine de mètres d'une entrée donnant dans la cour d'un manoir, sur la paroi rocheuse d'une galerie se trouvent, l'un à côté de l'autre, cinq dessins : une cathédrale nommée "cathédrale de Cologne", 2 monuments aux morts, la République de Dalou et un portrait du professeur Nordenskiold, ainsi que plusieurs signatures.
Ces dessins ont été réalisés de manière très soignée, à la règle, après grattage et lissage de la paroi rocheuse.
Ces dessins sont plus que des dessins spontanés, il s'agit de représentations préparées, sans aucun doute d'après des gravures présentes dans des livres ou dans des revues.
A première vue, hormis le soin accordé, on pourrait croire qu'il n'y a aucun point communs entre ces différents dessins. Et pourtant après analyse, nous avons remarqué que des relations fortes les unissent entre eux.
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Pour comprendre ces différences, il faut s'attarder sur l'histoire de cette statue.


En
1879, dix ans avant le centenaire de la Révolution, la ville de Paris lance un concours pour réaliser un monument à la gloire des nouvelles institutions républicaines qui sera érigé sur la place de la République. Jules Dalou, fervent défenseur de la République, y participe, il envoie une maquette de sa proposition de monument à taille réduite, en plâtre satiné (aujourd'hui exposée au Petit Palais). Sa proposition n'est pas retenue, mais a un franc succès. Devant ce succès et la pression de certaines personnalités, son projet a été acheté par la ville de Paris en 1880, dans le but de l'ériger sur une grande place de l'Est parisien. Ce sera la place de la Nation (ancienne place du Trône). Dalou étant extrèmement perfectionniste, il aura fallu 20 ans avant que celui-ci réalise la version finale, en bronze, inauguré en 1899. En 1889, pour le centenaire de la Révolution, il en a réalisée une, provisoire, en plâtre.

Les recherches nous ont mené au Petit Palais à Paris, où est exposé l'exemplaire en plâtre rendu au concours de 1879, et en particulier dans les archives du Petit Palais, pour rechercher de la documentation sur cette oeuvre et surtout sur les différentes versions, et en particulier sur la 2e, celle en plâtre de 1889, dont l'icônographie est rare, où nous avons pu retrouver une gravure de sa version.
La République, triomphante, est juchée sur le char de la Nation. Celui-ci est tiré par les lions que guide le Génie de la Liberté. A gauche, est représenté le Travail, symbolisé par le forgeron, et à droite la Justice portant la main de la justice, alors que derrière, la Paix (non visible sur la représentation de face) répand les fruits de l'abondance.
Dalou a pris le parti de donner de l'élan à sa composition, qui entraine l'humanité vers l'avant, vers un âge nouveau.
Les mouvements et les jeux de regards entre les personnages et tournés vers l'extérieur créent un grand dynamisme dans l'oeuvre ainsi que ce réalisme exubérant des personnages ont révolutionnées les conventions de la sculpture de l'époque. C'est donc une oeuvre majeure de la sculpture de cette époque

Le dessin dessiné sur la paroi rocheuse est très réaliste, de nombreux détails sont représentés : plis des vêtements, ornementations, etc.
On peut établir avec certitude que ce dessin a été réalisé d'après un modèle (carte, photo, gravure sur un livre ou une revue) et non pas juste d'après des souvenirs.
La République sur le char de la Nation.
Cependant, la statue représentée sur la paroi présente des différences avec la statue présente actuellement sur la place : le sein dénudé de la République n'est pas du même côté, ses habits sont différents, le forgeron regarde beaucoup plus haut.

Il s'agit de détails, mais ceux-ci sont intrigants.
La République.
Le char de la Nation, le forgeron (à gauche), le Génie de la Liberté (sur le char), la Justice (à droite).
Comparaison entre le dessin et la sculpture actuelle situé Place de la Nation à Paris.
Dans les différentes versions, la statue a évolué.
Ce qui diffère entre l'ébauche et les deux autres versions, c'est que les vêtements de la République sont devenus plus légers, plus courts, le sein dénudé a changé de côté.
Entre la version de 1889 et 1899, le regard du forgeron a changé.

Lorsqu'on compare le monument dessiné sur la paroi de la carrière et l'ébauche de 1879, on retrouve le même sein dénudé, les mêmes vêtements, le regard du forgeron identique.
L'auteur n'a donc pas dessiné la statue actuellement en place sur la place de la Nation, mais son ébauche qui a été réalisée pour le concours de 1879.
Cependant, quelques différences dans les détails persistent comme la longueur du feuillage sur le support du globe ou la tête du lion de gauche.
D'autre part, sur la gravure de 1879, le socle comprend des décorations, qui n'existent pas sur le modèle en plâtre de la même année, et pas dans la représentation réalisée dans la carrière.


D'après le texte mentionnant l'aqcuisition de l'oeuvre par la ville de Paris, celle-ci a été acquise par la ville de Paris en 1880, et au vu l'inscription écrite sous le dessin sur la paroi de la carrière ("Groupe allégorique de Jules Dalou acquis par la ville de Paris"), on peut établir, avec certitude que ce dessin a été réalisé dans la carrière en 1880 ou après 1880.
On peut supposer aussi qu'elle a été réalisée avant 1889, date de la deuxième version, différente et peut-être juste après l'acquisition de l'oeuvre par la ville.
1879 : la réponse de Jules Dalou pour le concours de l'érection d'un monument à la gloire de la République (archives du Petit Palais).
1889 : statue en plâtre édifiée pour le centenaire de la République (archives du Petit Palais).
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Le Monument aux Morts.
Détail.
Le monument représenté est en pierre et semble être de base carré.
Sur chaque face latérale a été représenté un soldat en tenue et en armes.
Sur la face avant, figurent des
noms :
"Quinley sgt
Reed Sgt
Stonebercer Bugler : joueur de clairon
Terrell Bugler : joueur de clairon
Mek***n *** "

Tout cela laisse à croire que c'est un monument aux morts. Les noms sont anglais.
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Le Monument.
Le 3ème dessin est la représentation d'un monument aux morts de la guerre 1870-71.
Comme le précédent, celui-ci a été réalisé à la règle et de manière extrêmement bien détaillée.
Nous pouvons noter le texte : "
Aux vaillants soldats qui se sont dévoués pour leur patrie jusqu'à la mort".
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La cathédrale.
Le 4ème dessin est la représentation d'une cathédrale. Dessous , il est écrit "cathédrale de Cologne", dans une recherche de typographie aussi bien travaillée que celle située sous le dessin de la République de Dalou, même si celle-ci est différente.
Le dessin de la cathédrale semble lui-aussi avoir été réalisé à la règle. Celui-ci est lui aussi extrêmement soigné et très détaillé.
Détail.
Détail.
Comparaison.
En 1794, l'armée française entre à Cologne, ce qui vaut à la cathédrale d'être utilisée comme grenier à grain, et l'archevêché d'être transféré à Aix-la-Chapelle.
En 1821, Cologne accueille à nouveau l'archevêché, et en 1823, les premières restaurations de l'édifice commencent.
Ernst Friedrich Zwirner (1802-1861) est nommé architecte de la cathédrale.
Il avait été appelé dans un premier temps seulement pour faire des réparations urgentes en 1833, mais son génie lui fit tracer les plans pour l'achèvement de l'édifice. En 1841, la société des Amis de la cathédrale est créée par les habitants de la ville et des fonds sont réunis, en 1842, le roi Frédéric Guillaume IV pose la première pierre qui symbolise la reprise des travaux. Tout d'abord, on finit de construire les façades des transepts et la nef. Puis les travaux se poursuivent sur la finition des deux tours de façade, d'après les plans du XIVème siècle.
Illustration tirée de l'ouvrage Cathédrale de Cologne, description archéologico-historique de cette église métropolitaine, par M. J. de Noël, traduite de l'allemand par le Dr. N. B. Sautelet, Cologne, 1835.
^^ La cathédrale en 1824, Max Hasak, 1911.
^ La cathédrale en 1824, Max Hasak, 1911.
Kolner Dom kurz vor der Fertigstellung, autour de 1880.
La cathédrale est achevée en 1880, la dernière pierre est apportée le 15 octobre, en présence de l'empereur Guillaume Ier, qui symbolisera la fin des travaux.
La tour Nord (la plus haute) culmine alors à 157,38m de hauteur, ce qui en fera, de 1880 à 1884, le plus haut bâtiment du monde.
Aujourd'hui encore, il s'agit de la 2ème plus haute église du monde, après la cathédrale d'Ulm, et l'église ayant la façade la plus grande en surface, avec 7000m².

On peut alors se demander si l'auteur de dessin de la façade de la cathédrale ne s'est pas inspiré d'un plan existant proposant une construction différente des plans de Zwirner ou si l'auteur n'a pas inventé la façade de la cathédrale, encore cachée par les échafaudages.
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Le 5ème dessin est un portrait : celui de M. Le Professeur Nordenskiöld.
Le portrait du professeur Nordenskiold.
Son portrait, dessiné sur la paroi, est copié d'une photographie ou d'une gravure que nous avons retrouvée !
Cette gravure apparaît en
1877, dans le tome 33 de la revue "Le tour du Monde" (p184).
Après un échange avec François Collin, passionné et collectionneur de cette revue, et auteur du site http://collin.francois.free.fr/Le_tour_du_monde/TdM-ouverture.htm, voici quelques compléments.
"L'auteur de cette gravure est E. Bonjat (certainement le graveur professionnel du "Tour du Monde" en charge de cet article, à partir d'une photo).
L'article est du docteur Hjalmar Théel, l'un des 2 zoologues de l'expédition de 1875 (départ ~07/06/75), sur le sloop Pröven. L'équipage était de 17 personnes incluant Nordenskiold et 4 savants (Lunstrom,Théel, Sturberg,Kjellmann). Il n'est pas indiqué qui prenait les photos (peut-être même que cette photo a été prise hors expédition).
Mais l'auteur dit avoir lui-même utilisé un appareil photo dans un campement Samoède (date ~ après le 30/07/75)."
The Explorer A. E. Nordenskiold (1832-1901), Georg Rosen, 1886 (huile sur toile, 344x242 cm, Musée national de Stockholm, Suède).
Ce monument n'avait pas encore été identifié lors de ma conférence en 2010. Il vient de l'être (5 janvier 2013), par hasard, en cherchant à identifier le dessin suivant (un autre monument aux morts). Il s'agit du Monument élevé par l’Etat à la mémoire des soldats morts au combat pendant le siège de Paris en 1870-71 et situé dans le cimetière du Père Lachaise à Paris. Il est composé de quatre statues en bronze placées aux angles du monument et représentant : un garde mobile, un fusilier Marin, un artilleur et un soldat de ligne.

Henry Jouin dans son ouvrage La Sculpture dans les cimetières de Paris - Cimetière de l'Est (Le Père-Lachaise.), édité chez Charavay frères, en 1897 (3e série, tome 13) en apporte une description succincte :

"LEFÈVRE (Camille). POWER (J.-B.-C.-E.) et SCHRŒDER (Louis).
Monument élevé par l’État à la mémoire des soldats morts pendant le siège de Paris (1870-1871) sur les dessins de A. Rivière, architecte [162]. — Une statue en fonte est placée à chacun des angles du monument. Les quatre statues (grandeur nature) représentent des soldats de différentes armes en faction. Le « Garde mobile » a été modelé par Lefèvre, « l’Artilleur » par Power, le « Fusilier marin » et le « Soldat de la ligne » par Schrœder. Ces quatre statues ont été fondues par Denonvilliers [163]. (64e div.)
162. Les quatre statues ont été exposées en plâtre au Salon de 1879 sous les n° 5169, 5293 et 5362.
163. Renseignements fournis par M. C. Lefèvre (5 octobre 1897).
"

Une description de ce monument ainsi qu'une gravure, apparaissent également dans le périodique l'Univers Illustré du 1er novembre 1879 (numéro 1284).
Une gravure et un article dans l'Univers Illustré du 1er novembre 1879.
Sur les grilles ont été accrochés au fil du temps, des ex-votos, disparus aujourd'hui.

Ils sont mentionnés dans Paris exposition 1900 : guide pratique du visiteur de Paris et de l'exposition, Hachette, 1900.
"Ici, nous tournons à dr., dans l’Avenue Circulaire, pour nous arrêter devant le Monument des Soldats français tués pendant la guerre de 1870-1871, grande pyramide gardée aux 4 angles par des statues de soldats, œuvres de Schrœder et Lefèvre. A la grille qui protège ce monument commémoratif, les familles ont accroché de petits cadres où sont exposées des photographies de soldats morts récemment dans nos campagnes d’Indo-Chine et d’Afrique. "
Le monument et ses ex-votos.
La vue dessinée sur la paroi de la carrière représente le soldat de ligne (à gauche) et le fusilier marin (à droite). Les attitudes et les uniformes diffèrent (le fusilier marin repose son menton sur son poing sur le monument, ce qui n'est pas le cas sur la représentation dessinée sur la paroi. Par ailleurs, sur la paroi, il est représenté un agencement en pierre de taille, ce qui n'est pas le cas dans la réalité.
Plus étonnant, des
noms de militaires anglais font leur apparition sur la représentation du monument, à la place de la plaque commémorative. J'ai pensé au départ que la plaque a pu être changé, étant donné qu'elle vient s'appliquer sur le monument, mais il en est rien, puisque l'univers illustré mentionne déjà l'inscription de ces plaques, en 1879.
Alors, pourquoi des noms anglais ? Sont-ils contemporains du dessin, ou s'agit-il de signatures apposées par des militaires de passage dans la carrière, après la réalisation de celui-ci ?
Ce monument n'avait pas encore été identifié lors de la conférence de 2010, à l'instar du précédent, il l'a été tout récemment (5 janvier 2013), grâce à ses textes (aux vaillants soldats qui se sont dévoués pour leur patrie jusqu'à la mort" !
Il s'agit d'un
monument aux morts situé dans le cimetière de Montparnasse à Paris.

On en trouve une description dans l'Inventaire général des richesses d'art de la France, Tome troisième, Paris, monuments civils, édité par le Ministère de l'instruction publique et des beaux-arts, aux éditions Plon - Nourrit et Cie en 1902.
Description.
L'inscription n'a pas été écrite dans sa totalité sur la paroi de carrière.
A noter que l'architecte (Rivière) est le même que celui du monument précédent.
Une photographie vient confirmer qu'il s'agit bien du bon monument.
Le monument, photographie tirée du site sur le conflit franco-prussien de 1870-1871 www.loire1870.fr.
Le portrait semble être celui dessiné dans la carrière, mis à part la veste qui est tourné de l'autre côté.

On trouve des photos et des gravures différentes : visiblement il y a eu plusieurs photos de prises dans le même style ou alors, les graveurs ont chacun changé des éléments à leur convenance....

Dans tous les cas, le portrait réalisé sur la paroi rocheuse est lui aussi, comme les autres dessins, très réaliste.
Gravure de Ronjat Etienne.
Photographie (Museiverket, Finlande)
Gravure dans les Lettres De A. E. Nordenskiöld, Racontant La Decouverte Du Passage Nord-Est Du Pole Nord, 1878-1879 (1879).
Gravure et article dans la revue allemande Die Gartenlaube,1880 p. 93.
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Comme nous l'avons écrit, ces dessins ont été réalisés de manière très soignée, à la règle, après grattage et lissage de la paroi rocheuse. La qualité des dessins est relativement rare pour des dessins que l'on trouve habituellement dans les carrières : pour le soin accordé, le souci du détail, la maîtrise du tracé.

Ces dessins sont plus que des dessins spontanés, il s'agit de représentations préparées, sans aucun doute d'après des gravures présentes dans des livres, dans des revues ou sur des cartes.
Le
même outil a été utilisé, les cinq dessins font l'objet du même soucis du détail, ont à peu près la même hauteur. Ils sont sans doute l'oeuvre d'un même auteur et réalisés à la même époque.

De plus, nous pouvons remarquer deux choses : tous ces dessins ont une relation plus ou moins proche avec l'art : Architecture, sculpture, photographie.

Nous pouvons aussi remarquer que ces dessins sont liés à des évènements ayant eu lieu dans les années 1879 - 1880 : le triomphe de la République de Dalou, achetée par la ville de Paris en 1880, les monuments aux morts de la guerre 1870 1871 mentionnés dans des périodiques en 1879-1880, la cathédrale de Cologne achevée en...1880, les expéditions du professeur Nordenskiöld.
Cela permet aussi de
dater ces dessins de l'année 1880 (date de l'achat du Triomphe de la République par la ville de Paris) ou de quelques années après.
Par ailleurs, en plus de ces dessins ont été inscrites dates et signatures, sur la fresque.
On observe près des dessins voir sur les dessins des grattages de graffitis dans le but de les effacer.

Les dates présentes sont : 8 janvier 1912, 1894, 1885, 1887.
Signatures.
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Dans les années 1880, tout le monde n'avait pas cette aisance dans le dessin.
Les sujets et cette maîtrise du dessin font penser que l'auteur est probablement un
compagnon ou un amateur d'art et peut-être d'exploration (portrait du professeur).

Le fait que ces dessins ont été réalisés à une cinquantaine de mètres d'une entrée donnant dans la cour d'un manoir vient renforcer cette hypothèse.

Nous pouvons alors penser qu'il s'agit de l'oeuvre de compagnons ou d'amateur d'art qui ont sans doute un
lien avec le château.

Est-ce que ce sont les seuls dessins réalisés sur cette paroi, ou d'autres ont été réalisés avant, avant d'être grattés, pour re-dessiner sur la même surface, à la manière d'un tableau à la craie qu'on efface avant de ré-écrire dessus ?

Notons qu'à cette époque, la culture se vulgarise, avec des ouvrages ou des périodiques qui proposent des gravures (le Monde Illustré, l'Illustration, l'Univers Illustré). Ces sujets ont été traités abondamment pendant cette période. Nous avons eu connaissance des sommaires du monde illustré (sans avoir eu, pour le moment, accès aux revues, malheureusement), des numéros parlent de Nordenskiold à Paris (n°1202), de la République de Dalou (n°1268), de la cathédrale de Cologne (n°1231 du 31 octobre 1880).

Ainsi s'achève (pour l'instant), cette passionnante recherche.

La suite des investigations consistera à s'attarder sur l'
histoire du manoir situé à côté, ses occupants, s'il y a eu des restaurations qui auraient nécessité des compagnons vers 1880, ou des tailleurs pierre au sein de la carrière, et dans la mesure du possible, retrouver les gravures et livres ou périodiques qui ont servi de modèle à ces dessins.
Les dessins côte à côte.